Promesses sous la lune

Par une nuit fraîche de printemps, Tifni se réveilla soudain, seule dans son grand lit froid... Qu'est-ce qu'il l'avait réveillé ? Le manoir était plongé dans l'obscurité, tous semblaient dormir... pas un bruit ne troublait la quiétude de la nuit... Soupirant, elle se tourne sur le côté et referma les yeux.

Au bout d'un court instant, elle sut qu'elle n'arriverait jamais à se rendormir, alors que la nuit était à peine avancée. Elle soupira, renonçant à se rendormir. Elle avait connu bien des nuits d'insomnie, et celle-ci ne serait qu'une de plus ! Elle quitta la chaleur relative de ses couvertures, passa une tunique et nu-pieds, se dirigea vers la taverne où elle comptait bien trouver un compagnon d'infortune avec qui discuter...

Quand elle poussa la porte, elle eu la surprise de trouver les lieux déserts. Pour une fois, tout le monde devait dormir... Sauf elle ! Elle hésita à entrer, mais n'ayant rien de mieux à faire, se dirigea vers le fond pour préparer un thé de chamalla rouge...

Pendant qu'elle s'affairait, elle entendit la porte s'ouvrir. Elle s'attendait à tout le monde, sauf à la personne qui entrait en ces lieux désertés... Un jeune loup blanc venait d'apparaître sur le seuil. Quelqu'un qu'elle avait déjà vu par ici, sans jamais vraiment eu l'occasion de lui parler. Le louveteau prit la parole :

- Bonjour belle dame !
Ma môman me dit que vous etes zentille et que je peux vous parler, est-ce que ça vous dirange? Je suis zentil moi aussi, et ça me rend triste de savoir que vous êtes toute seule...

- Vi tu peux me parler gentil louveteau ! Mais seulement si tu arrêtes de m'appeler madame, je ne suis pas si vieille que ça !, répondit Tifni en se penchant pour lui faire une caresse.

- D'accord m'dame, je vous appelle plus m'dame... Mais comment puis-je vous appeler ? Moi c'est Dob !! Je suis un petit héros, niveau 135, et je grandis très vite !! Ma mamou me dit que vous êtes capable de vous transformer en ours !!! Pour vrai !? Waou !!
Mais les ours, ils sont pas toujours zentil avec moi... Vous me ferez pas de mal si une fois vous êtes ours – dame et plus grande que moi dites? Suis encore petit, mais vous savez je me défend bien!! Voui-voui!! Je lance des glaçons!! C'est pour cela que ma fourrure est blanche ze crois.Mais ça fait pas de moi que je suis froid No-onn! Dites, si vous êtes zentil avec moi, ze vous montrerai comment moi aussi je me transforme en nu-main! Je suis magique moi m'da...Heu...

*piteux*

- Vous m'avez pas dit comment j'avais le droit de vous appeler....et je tenais à m,excusez, je vous ai collé un tit peu, mais ce n'était pas michant...Je voulais seulement un peu de compagnie c'tout, v'savez, moi j,ai ma môman adoptive, mais j'ai pas de louve avec moi, ni de dameu-qui-maime, ou je ne sais plus trop comment elle dit ma môman...Enfin bon, un jour, qu,elle dit, mais c'est long le un jour!! Il viens pas vite!! Et je m'ennuis moi un ti peu...Mais peut-être connaissez-vous une zentille dame qui as assez de place ici

*montre son coeur*

pour me faire une tite place!! Et vous? Qui vous garde au chaud le soir? Il doit être zentil celui qui a des zétoiles dans les zyeux-pour-vous!

Tifni écoutait le loup avec un grand sourire... ça faisait bien longtemps que personne ne l'avait fait sourire ainsi... Décidément, elle le trouvait trop choupinou... Un peu bavard, mais de toutes façons, elle aussi, elle l'était ! Il était monté sur ses genoux avec un naturel désarmant et elle n'avait pas cessé de caresser son pelage soyeux, blanc comme la neige qu'elle affectionnait.

- Pour essayer de répondre à toutes tes questions, tu peux m'appeler Tifni, ou Tif, toi tu as le droit, tu es trop mignon. Je répondrai aussi si tu m'appelles Nifti, mais ça, il faut demander l'autorisation à ta maman, c'est elle qui m'appelle comme ça !

Et je suis capable de me transformer en vilain nounours, oui, mais c'est surtout pour les méchants, tu sais. N'ai pas peur, à toi, je ne te ferai pas de mal ! Je te montrerai un jour, je sais aussi être une gentille nourse toute douce... Et je sais aussi être un chaton tout mignon, mais là, je risque d'avoir peur des loups !
Tu es magique ? Raconte-moi...

Et je ne peux que confirmer ce que dit Sylya, une fille ou une louve qui fera battre ton coeur, ça peut être long à trouver ! Mais ne désespère pas, petit loup... Tu trouveras !
Quant à moi, j'ai un lourd passé qui m'empêche de trouver l'amour... Un jour peut-être je te raconterai... Mais c'est une triste histoire, tu sais ! Et ce n'est pas pour ça que je suis malheureuse, je m'amuse et je ris... Et je rencontre des hommes, des femmes et des loups tout à fait charmants qui me donnent envie de continuer et d'avancer !

-votre passé vous empêche de trouver l'amour!?
La mine du petit loup devint basse, presque sombre...Une si jolie dame, et l'amour ne l'atteignait pas... Un profond sentiment de tristesse vint troubler le petit loup, et il se roula en boule sur elle, le nez dans son pelage
-Je comprends qu'un passé soit lourd et chargé de je ne sais quoi...Le miens fut fait d'échec et de tristesse, de peine et de solitude. Je fut blessé bien souvent moi aussi, et laisser pour compte bien trop souvent aussi...Ma môman dit que je suis presqu'un ange...Mais personne ne veut d'un ange on dirait, sont peut-être trop zentil...Quand je suis revenu pour ma troisième vie, j,ai perdu ma mémoire, enfin une grosses partie...Je sais que j'ai déjà eu une femme, mais avoir une femme pour se sentir encore plus seul, ce n'est pas mieux...
Je suis triste pour vous Tifni...Mais ne laissez pas votre passé vous habiter, et saisissez ce qui se présente à vous dans la vie, elle est trop courte, ma môman me dit..

Tifni regarda le loup se rouler en boule sur ses genoux d'un air tout triste.
- Hey !!! Ne t'inquiète pas, c'pas grave ! Je m'en suis remise... Et puis peut-être qu'un jour, je perdrai la mémoire, moi aussi...
Je suis d'accord avec toi, avoir une femme pour souffrir plus encore, ça ne sert à rien, il vaut mieux être seul. Mon histoire est différente. Mais elle ne m'empêche pas de profiter de la vie !

Tifni se demandait pourquoi elle lui disait tout ça... Elle n'avait pas l'habitude de s'épancher ainsi, sur elle-même et sur sa vie et cela la troublait...

-voilà pourquoi moi je cherche...Mais je cherche une dame qui veux bien de moi, pas seulement pour avoir un trophé, comme celle précédemment, pour dire qu'elles ont un héros à eux...Dites-moi, m'da...Tifni, un jour, votre coeur vas-t'il s'ouvrir à nouveau? Moi je me suis promis une chose: Si jamais je redonne le mien, ce seras pour jusqu'à la fin...

*lui fait une petit liché sur la main*

-Je suis capable d'être un homme aussi, et c'est parce que je veux plaire à ma future que j,ai développé cette aspect !

Tifni le regarda tristement...

- Je ne sais pas encore ce que l'avenir me réservera... Un homme rien qu'à moi ? Je ne sais même pas si je le désire, dans cette contrée en guerre, où la seule paix que j'ai trouvée résidait dans la chaleur de bras masculins... Mais l'amour ?

Tifni secoua la tête, faisant jouer ses mèches brunes sur son dos, pour chasser ses sombres pensées.

- Mais ne t'inquiète pas, je ne recherche pas non plus de trophée ! Je suis la discrétion incarnée. As-tu déjà entendu parler de mes frasques sur les terres d'Alidhan ? Je suppose que non... Tu vois, je n'aime pas qu'on parle de moi...
Au fait, tu ne m'as pas dit comment t'appeler, non plus !

-heu, bien...Dob ça suffira!

Le petit loup regarda longuement la jolie dame...Il voyait en elle une belle personne, malgré le fait qu'elle ai surement passé par des épreuves qui avaient laissés des traces...Mais lui aussi, et il continuait à croire en la vie, et surtout que chaque personnes méritaient bien plus que simplement des bras et un peu de chaleur...

-Vous savez Dame Tifni, la guerre qui sévit sur les terres d'Alidhan meurtri beaucoup de gens, y compris moi, mais tout cela ne donnera jamais rien...Pour ma part, voilà ce pourquoi je combat...Je crois qu'un jour, je pourrai m'étendre dans un grand champs, dans l'herbe verte, et que je pourrai regarder le ciel sans crainte ni peurs, et je crois aussi que je prendrai soin d'une personne, que je chérirai bien au delà d'un simple embrassade et d'une rose de lendemain...La paix, ce n'est pas que de fermer les yeux et s'abandonner l'espace d'un moment, mais bien de fermer les yeux, et de d'abandonner tout son être en sachant qu'une personne près de vous veille sur votre sommeil, et caresse vos cheveux lorsqu'un mauvais rêve vous tourmente, ou encore vous réchauffe par une froide nuit d'hivers, jusqu'à ce que vous soyez tellement bien que le sommeil vous gagne en même temps que la paix...

Pour moi c'est bien des petites choses qui font que je combat, et celle que vous appelez l'amour, je crois qu'elle est une des plus importante...Sinon, tout ne serais que noirceur et peine, alors qu'un sourire illumine tant de visage...

Le votre est magnifique Dame Tifni...Je crois sincèrement qu'une belle personne comme vous mérite bien plus qu'un homme de passage, ou encore une folle virée...Mais cela n,est que mon avis...Je vais vous montrer quelque choses...Mais je ne le fait qu'avec une personne que j'apprécie, et que je juge digne...

Le petit loup sauta sur le sol, et recula un peu. Il entonna un chant, un doux hurlement à la lune, en une douce mélodie qui charmait l'oreille curieuse. Il se leva debout lentement, puis ses membre commencèrent à se déplier, entouré d'une brume argentée, comme la magnifique lune d'automne. Un homme prenait forme devant elle, et Dob espérait qu'elle n'ai pas peur de lui, car il n'avait jamais su si sa forme humaine plaisait, ou bien était totalement manqué...








-Voilà...Vous savez maintenant de quoi j'ai l'air lorsque je suis humain...Je ne vous fait pas peur j'espère...Puis-je me permettre une chose à dire?
Vous êtes magnifique Dame Tifni, et je ne sais pas pourquoi je suis venu vers vous de la sorte, mais j'ai toujours cru que quelque chose guidait mes pas...

Tifni observa la transformation du loup : la brume argentée envahit l'espace entre elle et lui et quand elle s'évapora, elle découvrit...

Un homme magnifique, brun et musclé comme elle les aimait... Son trouble augmenta en rencontrant son regard et l'incertitude qui l'habitait. Peur ? Non elle n'avait pas peur. Elle était emplie d'admiration envers cette magie qu'elle ne maîtrisait pas...

- Je... euh...

Elle avait perdu sa voix et du tousser un peu pour l'éclaircir...
Voulant masquer son trouble, elle se leva, s'approcha, et posa sa main sur son torse. Elle sentait la chaleur et le rythme cardiaque du loup à travers ce sublime corps d'homme tout près d'elle...

- N'aie aucune inquiétude... Ton corps humain est à la hauteur de ce que j'entrevois de ton âme. Je suis honorée de la confiance que tu m'accordes en me montrant ton autre forme. Je ne sais pas trop ce que j'ai pu faire pour la mériter, mais j'espère en être digne.
Toutefois, je n'en suis pas sûre. Je suis sous le joug d'une malédiction un peu spéciale... et tu ne sais pas le risque que tu encourres en te montrant ainsi à moi...

Un voile de tristesse passa sur le visage de Tifni. Elle regarde sa main, toujours posée sur le torse de Dob... Elle rougit, et retira précipitamment sa main, reculant d'un pas pour mettre un peu de distance entre eux...

- Je commence à t'apprécier et je ne voudrais pas que tu sois l'une des victimes de ce qui me ronge...

Secouant la tête pour chasser ses sombres pensées, elle retourna s'asseoir...

- Pour un petit loup tout mignon et tout bébé, je te trouve bien mûr... Tu remues des choses en moi, que je ne remettais plus en question depuis bien longtemps... et ta présence humaine remue beaucoup de choses en moi aussi... Tu es bien trop séduisant...

l'homme sourit, puis il disparu subitement, pour ne laisser sur place que le petit loup, assis sur son popotin devant la dame.

-Ce n'est qu'apparence pour moi m'dame, une forme magique, je reste tout de même un loup! Mais je ne voulais pas vous troubler de la sorte, vous demande pardon....Trop souvent les humains oublient qui je suis quand j'adopte cette forme, et il m'arrive toujours plein de malheurs...Promis, je resterai moi-même, pour éviter de vous remuer le dedans.....Ça doit faire mal! Mais pourquoi vous me feriez mal? Pourquoi vous seriez michante avec moi?

C'est les oreilles rabattues et la mine triste qu'il posa cette dernière question.

-Après cela, je devrai retourner vers ma môman, sinon elle va être inquiète, et je devrai rentrer a la forteresse aussi, sinon la princesse va être inquiète!

Tifni leva les yeux au ciel :

- Si tu n'arrêtes pas de m'appeler madame et de me vouvoyer, je vais me fâcher toute rouge, Dob ! Je me fais l'effet d'une vieille dame quand tu fais ça et je ne suis pas si décrépie que ça quand même !
Concernant mon trouble, ce n'est pas si désagréable que ça tu sais. C'est juste que... je ne sais pas... j'essaie de contrôler certaines pulsions... Je ne te ferais pas de mal, mais je ne serais pas non plus moi-même et toi non plus. Tu n'aurais plus le choix de tes actes et tu risquerais de subir des choses... Mais tu es encore un jeune loup et je ne suis pas sûre que la suite soit pour tes chastes oreilles... Saches seulement que je ne voudrais pas te faire du mal, pour rien au monde !

Dis-moi, il y a bien des gens qui s'inquiètent pour toi ! File vite les voir, mais reviens me voir, quand même, pour ne pas que je m'inquiète à mon tour !
Et sinon, qui sait ? Je pourrais peut-être venir te rendre une petite visite, moi aussi !

-ho mais ne vous inquiété pas Tifni...Je dois faire actes de présence oui, mais malheureusement, je ne crois pas manquer à bien du monde là bas, il sont très occupé...Même que je vais rester un peu ici, si cela ne vous dérange pas...Mais la malédiction que vous parlez, elle me ferais du mal à moi aussi? Vous seriez capable de me faire des gros bobs, simplement parce que vous ne vous contrôlez plus?

Le petit loup se recula un peu, il avait la mine basse, et un voile de tristesse passa devant ses yeux.

-Vous savez, je ne suis pas un homme...Alors peut-être que votre malédiction ne marche pas sur moi...Qu'en dites vous? Et puis, ze vous aime bien, alors je ne crois pas que vous soyez capable de me faire bobo...On ne fait pas de mal à ceux qu'on aime...Moi je pense cela, et je vous ferai pas de mal moi...Même que si vous voulez, je peux vous aider à combattre votre fléau! Je suis petit, mais j'en suis tout de même à ma troisième vie, et comme qui dirait, je suis une vieille âme...

- Ne pas manquer à grand monde !!! Un louveteau si mignon, ça m'étonnerait ! euh... et justement, la malédiction qui me touche, je ne peux pas raconter ça comme ça à un petit loup de rien du tout...

Tifni le taquinait pour masquer son trouble et son envie de tout raconter, pour une fois...

- Elle ne te ferait pas de mal dans le sens du combat... Mais elle risquerait de t'entraîner hors du chemin de la droiture...
Combattre mon fléau, pour cela, il faudrait combattre les dieux eux-mêmes !

Tifni repris le loup sur ses genoux et blottit son visage dans sa fourrure toute douce pour qu'il ne voit pas les larmes qui menaçaient de couler...

-Vous n'avez pas besoin de vous cachez dans ma fourrure pour que je ressente votre peine Tifni...Et oui mon corps est petit, mais mon esprit ne l'est pas, M'enfin sauf quand je bois un peu trop...Je sens votre désarroi, et c'est déjà un bon pas vers une vie meilleur je crois...

Il tourna sa truffe vers elle, et lui donna un petit coup de langue sur le nez. C'était sa manière à lui de lui signifier qu'il comprenait un peu, et qu'il n'aimait pas la voir triste de la sorte. Son instinct décelait beaucoup de peine en elle, et sa magie décelait beaucoup de violence, de rage et de haine...Tout ce qu'il pouvait opposer à cela était lui même, et même s'il ne le disait pas, il commençait à tenir à la belle dame...

-Je me suis égaré plus d'une fois en dehors du chemin de la droiture Dame Tifni, et j'ai toujours réussi à revenir, car j'y croyais, et mes amis m'aidaient aussi, ainsi que Tamara. Votre coeur est bon, ça j'en suis sur, et j'ai plutôt tendance à croire qu'il vaut la peine que l'ont se battent pour lui, et ne pas le laisser là tout seul, à la merci des dieux capricieux et malhonnête qui ne pensent qu'à leur profit!

Il vint collé sa tête dans son coup, et poussa un peu pour lui signifier qu'il était là près d'elle.

-Tamara m'a toujours dit que bien des choses étaient plus fort que les dieux, et qu'ils n'avaient aucun pouvoir la dessus...Il en vas surement de même pour vous dame Tifni...Mais si vous voulez que je sois près de vous et que je vous aide, il va falloir m'expliquer pourquoi votre peine est si grande, et que vous refusez la plus belle chose que vous ayez à donner...

il lui donna un second coup de langue sur le bout du nez, et happa au passage une larme...Salée, triste et un peu colérique, mais surtout désemparée...Il eu un élan d'affection pour elle, se leva sur ses deux pattes arrière et passa ses pattes avant autours de son cou, puis la serra tendrement contre lui....

Décidément, elle aimait bien ce petit loup... Il arrivait sans peine à voir plus loin que ce qu'elle voulait laisser paraître. Elle sentait son museau enfoui dans le creux de son cou et ses coups de langue et cela l'apaisait. Elle avait plein de souffrance en elle, elle le savait, mais n'avait jamais été chercher plus loin. Le jour où elle avait cherché vengeance, elle avait été jusqu'au bout, en sachant qu'il y aurait des conséquences. Mais elle avait décidé de ses actes, et voulait les assumer.
Sa transformation lunaire, elle la vivait comme une malédiction, mais elle avait aussi accepté cet aspect de sa personne... Elle en jouait beaucoup d'ailleurs, se réfugiant dans une personnalité un peu inconsistance, séduisant les hommes, ce qu'elle aimait beaucoup, s'amusant pour couvrir sa souffrance...
En quelques heures, par la simple force de sa gentillesse, de sa compréhension, et de ses paroles, Dob avait réussi à fissurer son armure d'insignifiance... ça faisait mal, mais ça lui faisait prendre conscience de beaucoup de choses...
Elle serra le loup contre elle, se réfugiant dans sa fourrure une nouvelle fois. Elle dit doucement :

- Laisse-moi un peu de temps, pour accepter que quelqu'un se préoccupe de moi, pour te connaître aussi...
Je ne peux pas me dévoiler comme ça... Il faut que je me calme, que je me reprenne... que je réfléchisse aussi...
Ne veux-tu pas me parler un peu de toi ? de ta dragonne par exemple ? Comment vous êtes-vous connus ?

En voyant son désarroi, le petit loup recula un peu.

-Milles pardons Dame Tifni...Je ne voulais pas vous mettre dans de tels états...Je heu...

Il baissa la tête vers le sol quelques instants. Le loup blanc avait assez d'instinct pour savoir qu'elle était remuée à l'intérieur, mais ne voulait pas lui faire de mal. Il se leva, alla jusqu'à la fenêtre, ou un magnifique ciel de nuit faisait pâlir la beauté du lac non loin, ne sachant pas lequel des deux étaient le plus profond...Il s'assit devant la fenêtre, et observa pendant quelques instants la lune, sa mère bien aimée, ce grand disque d'argent pur si parfait. Malgré lui, il leva la tête vers elle, et un doux chant s'éleva dans la pièce, un chant ancestral qui vécu et survécu avec les générations de son clan, autrefois puissant et dominant, mais à ce jours presque éteint...Il ne restait que sa soeur, Mayelle, qui était à la NG et qui l'avait rejoint récemment.

Les douces mélodies mélangés à une mélancolie millénaire emplirent la pièce alors que Dob chantait à sa mère son désarroi à lui, cherchant conseil au sein de ce disque d'argent, cherchant une réponse à l'une de ses questions...Quelques échos tristes, une parcelle de rage, un éclat souligné de fierté et de courage, puis doucement la voix du loup s'éteignit pour ne laisser place qu'au silence...

Puis il prit la parole....

-Voila bien des années, des centaines qu'elle m'a dit, je fut guerrier, et par une journée sombre, autant à l'intérieur de moi comme à l'extérieur, je sortie, ou plutôt pris la fuite de mon ancienne guilde, car la peine me ravageait. Je mis mon cheval au triple galop...je fit beaucoup de chemin, beaucoup...Je fini par cesser ce course folle, car mon cheval, même s'il était très vaillant, était presque a bout de force. J'ai donc mit pied à terre, et en cherchant du bois, je trouvai une grotte, ou plutôt une entrée de ce qui fut probablement jadis un temple...

Donc, j'entrepris d'entrer et de jeter un coup d'oeil à l'intérieur. Tamara me dis qu'elle fut réveillée par mon âme, ou plutôt la chaleur que je dégageais...Je n'ai jamais trop compris ce qu'elle voulait dire, mais par la pensé elle me fit trouver une pierre d'un bleue métallique, qu'elle me demanda de lui rapporter, mais je tombai dans une embuscade, et de surcroît dans le noir...Gobelins, orc, ou créature du fond des grottes, ils m'attaquèrent et me poussèrent plus en avant, jusqu'à ce que je débouche dans une grande salle, à en juger par le échos qui me revenaient....Mais la bataille ne faisait que commencer, et je fut blesser par une flèche. Elle avait manqué mon coeur, mais cela faisait mal...Très mal... Mais ma douleur avait réveillé une créature qui dormait depuis des milliers d'années...Un grondement commandant le respect me fit plier un genou au sol, et dans la noirceur totale surgit la tête immense de Tamara...

Elle me posa une question, sonda mon esprit et mon âme, attiré par moi sans le comprendre. Je l'avait réveillé, et elle me dit que je l'avait appeler...Je ne pu que lui témoigner mon admiration, car mon père m'avait raconté les légendes des dragons quand j'étais petit, et je fut toujours attiré par eux, le croyant plus fort que n'importe qui que cette race existait....

Mais la volée de flèche qui vint s'abattre sur la dragonne me mit totalement hors de moi...J'arrachai cette flèche, et je fonçai droit dans les effectifs de ces vils créatures. Ils lancèrent des câbles pour essayer d'immobiliser la dragonne, et réussirent presque...Mais cette force en moi, que je savais sauvage et bestiale, me poussa plus loin encore, et je me battit jusqu'à mon dernier souffle, réussissant à couper ces maudits câble pour libérer l'une des créature que je voulais voir vivre, au delà même de ma pauvre vie...

La dragonne fut libérer, et la rage de me voir mourant devant elle la fit sortir de ses gonds...Elle écrasa, massacra et déchaina des souffles de foudres qui répandirent des nuages de cendre et de membres...Quand un semblant de calme revint, elle me prit dans sa gueule et défonça le tunnel qui menait dehors...Mais il ne me restait presque plus de vie, et seul la force de l'admiration retenait mon âme à ce corps. elle prit la pierre bleue que je lui avait ramener, la sectionna en deux, et en déposa une sur mon coeur. Cette pierre fait maintenant partie de moi, ici, et chaque fois que je faiblis, elle brille de milles feux sous ma peau, me rappelant que je ne suis pas seul, et qu'elle veille sur moi, même si je ne la vois pas. Je suis lié à elle par l'esprit, par le coeur aussi, et dans le temps...Elle est ma dragonne, et le restera malgré tout ce qui pourra m'arriver...Je sais qu'elle me défendra jusqu'à la mort et au delà, et moi aussi...C'est ainsi, et ce malgré la volonté des dieux....Les dieux...Tamara a confronter Mana pour moi...Personne n'avait été aussi loin pour moi...Elle aurait pu y laisser la vie plusieurs fois, mais jamais dans ses pensées je n'ai vu quelconque regrets, ou faiblesse vis à vis son courage...Que de la détermination, e la croyance en ce qu'elle faisait...Ce ce qui d'ailleurs à eu raison du dieu, qui n'eu autre choix que d'accepter ses requêtes, et me laisser vivre...

Voilà, raconter sommairement, comment Tamara devint une partie de moi même...Elle n'est pas ma compagne, je suis capable d'aimer une personne, mais cette personne devra accepter qu'elle est là, et pour y rester...Mais point de peur, Tamara est une dragonne gentille, et très sage..Une chance, car pour me garder sur le droit chemin, il en faut, de la sagesse, mais j'ai appris, et je réussi fort bien maintenant, sinon elle me le rappelle, ou bien me protège comme moi je la protège aussi...


Le petit loup regarda dame Tifni.

-Rien n'est impossible dame Tifni, si le coeur y est, même à travers la mort, le courage et la force trouvent leur chemin pour atteindre ce qui n'est à portée....Comme un coeur par exemple...

Tifni observait le petit loup à la fenêtre... Elle avait compris qu'il voulait en savoir plus, mais attendrait qu'elle accepte de se dévoiler d'elle-même. Soudain, un chant s'éleva dans la pièce, qui pétrifia la druidesse. Elle n'osait plus bouger, à peine respirer et elle sentit des frissons l'envahir. Le loup semblait chanter sa peine à la lune, cette même lune qui scellait son propre destin chaque mois. Sa respiration se fit saccadée et elle tenta de respirer plus profondément, mais le chant la troublait, semblant appeler quelque chose à l'intérieur d'elle. Elle ferma les yeux alors que Dob lui tournait le dos, criant sa douleur à la fenêtre. Elle avait l'impression de ne plus pouvoir bouger, comme si le chant avait un pouvoir hypnotisant sur son corps.

Et aussi vite qu'il l'avait commencé, Dob cessa son chant et commença à raconter. La tension s'atténua mais ne disparut pas totalement. Tifni eut la sensation qu'une étrange magie était à l'oeuvre. Elle regarda le loup blanc, sans vraiment comprendre, car il s'agissait de quelque chose qu'elle ne comprenait pas. Elle ne connaissait que la magie des druides, liée à la nature, aux arbres, aux vents et aux animaux. Cette forme-là lui était totalement inconnue, mais elle savait qu'elle avait senti quelque chose.

Elle remua la tête, balançant ses cheveux pour tenter de se réveiller. Elle écouta Dob lui raconter sa rencontre avec sa dragonne, Tamara. D'une voix profonde, il expliquait une partie de sa vie d'avant, sa douleur un beau jour, il y a longtemps, alors qu'il était juste un guerrier. Tifni frissonna en imaginant les scènes qui se succédaient, les combats qu'il avait du affronter, sa mort imminente, l'intervention de celle qui allait devenir son amie, et pour finir son intervention auprès d'un dieu, au mépris de sa propre vie...

Elle n'osait plus rien dire, l'écoutant se confier, troublée par ses paroles. Que s'était-il passé ? Pourquoi une confiance s'était-elle installée ainsi entre eux, si vite ? Tifni sentait une sorte de picotement dans l'air, qui semblait la démanger, sans que cette manifestation ne soit vraiment physique. Elle prenait grand plaisir à l'écouter, un peu bercée par sa voix. Une sorte de voile était tombée sur eux, semblant les isoler du reste du monde.

- « Rien n'est impossible dame Tifni, si le coeur y est, même à travers la mort, le courage et la force trouvent leur chemin pour atteindre ce qui n'est à portée....Comme un coeur par exemple... »

Le silence s'installa dans la pièce et Tifni réalisa qu'aucune lumière n'avait été allumée dans la pièce, éclairée seulement par la lune. Elle était émue par son histoire. Elle croisa son regard, sentant ses dernières défenses s'effriter. Comment allait-elle pouvoir se raconter après ça ? Elle se sentait bien moins vieille, bien moins sage que le loup et sa dragonne... Bien plus seule aussi, malgré les vindicatrices qui veillaient sur elle. Mais que lui arrivait-il ? Jamais elle ne s'était autant apitoyée sur son sort comme cette nuit ! Etait-ce l'effet loup ?

Elle ne voyait pas grand chose dans la pièce, la nuit était entièrement tombée. Les yeux de Dob brillaient et elle ne pouvait pas en détacher son regard.

Il y a longtemps, très longtemps, alors que je venais de devenir druidesse, j'ai quitté le manoir pour rendre visite à mon meilleur ami. Un ami d'enfance, le seul lien qui me restait avec ma famille. Il avait décidé de fuir les combats, par lassitude. Mais il avait eu le temps de se faire des ennemis prêts à tout pour se débarrasser de lui... Quand je suis arrivée dans le coin paumée de forêt où il s'était installé, je l'ai trouvé... mort. Eventré, lapidé, sanguignolant, ses entrailles débordant...

Tifni ne cherchait plus à retenir ses larmes, persuadée que le loup ne les verrait pas dans l'obscurité, oubliant sa vision nocturne.

- J'ai vite trouvé de qui il s'agissait, mais j'étais trop faible pour avoir raison d'eux. Pour la première fois de ma vie, j'ai prié les dieux... pour qu'ils me donnent la force de les vaincre. Et ils m'ont entendu... Hélas ! En échange de leur aide, ils ont mis une condition... que j'appelle ma malédiction. Sur le moment, je n'ai pensé qu'à me venger. Je suis bien souvent impulsive, et j'aurai du réfléchir à deux fois ce jour-là car la vengeance a un goût amer. Je les ai tous tué, sauvagement, sans en garder aucun souvenir. Je les ai massacré, Dob, sans qu'ils aient aucune chance de s'en sortir face à ma fureur. Et je n'en tire aucune fierté, aucun soulagement. Et depuis...

Tifni se leva à son tour, s'approcha de la fenêtre, regardant la lune.

Depuis... à chaque lune rousse, je perd conscience de mon être. Mon esprit se blottit dans un coin de mon cerveau et un nouvel être prend possession de moi... Un être dominé par ses pulsions... Mon corps ne m'obéit plus et se sert de tous les êtres masculins qui passent à sa portée... même contre leur gré... Comme tu vois, ce n'est pas vraiment te faire du mal que je crains... Mais ce ne serait pas agir selon ma volonté et la tienne...

Elle se sentait presque soulagée d'avoir avoué ce qui la torturait depuis tant de temps... et en même temps, elle avait l'étrange sentiment que le loup allait faire demi-tour, sortir de la pièce et partir loin de cette malédiction qui la touchait...

Dob voyait ses larmes...La nuit pour lui ne faisait pas beaucoup de différence, et même si elle essayait tant bien que mal de le cacher, cela n'échappa pas à son regard. Il se tourna vers elle, puis lui pris la main.

Elle était douce et tiède, et il pouvait sentir les sanglots couler sur sa joue par les soubresauts dans sa main, et sa respiration un peu saccadé.

-Tifni...Jouer avec les dieux n'est pas chose facile...Mais la Lune n'y est pour rien dans tout cela, elle est, mais ne commande pas à personne, sauf à ceux de ma race.Lorsque tu n'es plus toi même, elle n'est que le signe avant-coureur de ce qui vas se produire, mais ce n'est pas de sa faute...Vois-tu, je ne crois pas que ce sois par hasard qu'elle m'ai indiqué la route vers chez toi, et qu'en entrant ici tout de suite je me suis dirigé vers toi...Ne crois-tu pas? N'y a t-il point de volonté plus haute que la mienne derrière cela? Moi je le crois, et j'en suis profondément convaincu. Approche ici.

Il se leva sur ses pattes arrière, et tendit celle d'en avant vers elle. Alors qu'elle se penchait pour le prendre, le loup adopta sa forme humaine, celle qu'il lui avait montré plus tôt. Il la pris dans ses bras, et l'attira vers lui. Elle eu un moment de recul, mais à force de douceur, Tifni se détendit et il la colla contre lui, en jouant doucement dans ses cheveux.

-Tifni, personne ne devrait être seul sur ces terres...Surtout ceux à qui les dieux ont joué un mauvais tour, et qui en souffre à tout les jours...Je..J'aimerais bien être votre ami, si vous voulez...Ne me demandez pas pourquoi, ni ne me dites pas que vous me ferez du mal, à moins que ce ne soit pour me briser le coeur. Les risque que votre amitié comporte, je les assumerai, j'en ai envie, voilà tout. Vous avez le droit de ne pas être d'accord, vous avez le droit de me rejeter aussi, mais pas pour les raisons que je vous ai mentionner...Je vous donne le droit de me dire de partir seulement si vous jugez que je suis de mauvaise compagnie, ou bien si votre regard est tourné vers quelqu'un d'autre, auquel cas je ne voudrais interférer dans une relation...Venez avec moi...


Il tira doucement sur sa main et elle vint tranquillement, des sanglot encore sur ses joues. Il la conduisit dehors, dans la cour de la place. Ils étaient seul bien sur, à cette heure, tout le monde dormaient. Il chercha une place pour s'assoir, détecta un arbre pas trop loin et se dirigea vers celui-ci. Il prit place, et l'invita à s'assoir avec lui.

-Ne soyez pas timide Dame Tifni...

Il passa un bras autour d'elle, pour la réchauffer. Le soir était cru, et un peu frisquet.

-Regardez la Lune, et dites moi qu'elle veux que vous soyez triste...Je ne crois pas, pour qu'elle envoie vers vous un de ses enfants, alors il doit y avoir une bonne raison, et ce n'est surement pas pour qu'il se fasse massacrer.

-Il n'y aura pas de massacre Dob...

Une voix grave, mais douce en même temps parvint du fond des bois. Dob ne fut pas surpris du tout, mais il sentit Tifni se raidir. Il la rapprocha sur lui en lui souriant gentiment.

-Ho mais qui voilà!

Derrière les arbres, bien camouflée dans la nuit, une tête immense de dragonne surgit au dessus de la cime des arbres. Tamara était là, veillant sur son loup, et observant la scène. Elle étira ses ailes, puis se leva sur ses pattes pour s'approcher. Dob la regarda arriver, accoutumé au spectacle imposant de sa grandeur, mais malgré le fait qu'elle était presqu'aussi grosse que le bâtiment d'à côté, aucun bruits, ni craquement de branches ne trahissait son déplacement. Elle vint directement devant eux, et se coucha sur le sol, pour être capable de bien voir.

Dob lui sourit.

-Tam! Je suis content que tu sois là!! Je te présente Tifni, celle pour qui je...

-Je sais petit loup, point besoin d'éclaircissements vis à vis tes sentiments. Bonsoir dame Tifni, comment vous portez vous en ce magnifique soir de presque pleine lune?

Quand elle vit s'approcher cette tête gigantesque, suivie d'un corps encore plus grand, le premier réflexe de Tifni fut un réflexe de survie. Elle voulut se lever et reculer derrière l'arbre mais Dob la tenait toujours par les épaules et il s'attendait sûrement à sa réaction car il la maintint fermement contre lui. Voyant que son nouvel ami ne bougeait pas, mais attendait l'arrivée de la dragonne avec un sourire, elle cessa de lutter et du dire la phrase la plus intelligente de toute son existence :

- Hein... euh... Humph... oui, euh, non... je veux dire... euh... Bonsoir ?

A ces mots, Dob ne put s'empêcher de pouffer de rire, apparemment très content de sa surprise... Elle le regarda, détachant son regard de la créature en face d'elle à grand peine. Instantanément, elle se troubla, regardant sa forme humaine avec intensité.

Par deux fois ce soir, il lui avait dévoilé sa forme magique, ainsi qu'il la nommait, la surprenant au plus au point, les deux fois. Et malgré toutes ses peurs, elle ne pouvait s'empêcher de le trouver beau. Son corps était musclé, sa peau hâlée par le soleil et une vie au grand air... Des tatouages dessinaient des formes sur ses bras, semblant souligner les muscles jouant sous sa peau. Une épée à son côté, son visage semblait déterminé et empli d'assurance. Son aspect humain n'avait plus rien à voir avec le petit loup qui était là à ses côtés quelques instants auparavant : il semblait aussi sombre et calme que le loup était blanc et malicieux. Elle sentait la chaleur de son corps à travers sa tunique et son bras, posé sur ses épaules, ramenait sa cape sur elle, la protégeant de la fraîcheur de la nuit. Elle prit conscience à cet instant qu'elle n'avait absolument pas froid...

Elle avait entendu Dob essayer de la réconforter à travers les larmes qu'elle tentait de lui dissimuler. Elle se rendait compte que la lune était un élément important de son existence, alors qu'elle était un synonyme de son malheur à elle. Leur rencontre était-elle le fruit du hasard ? Pour lui, il ne semblait y avoir aucun doute quant à l'inéluctabilité de leur rencontre. Selon elle, la cartésienne qui refusait de croire à l'existence des dieux avant sa mésaventure, elle aurait volontiers introduit une part d'incertitude, mais acceptait de laisser le doute subsister. Quand il lui avait dit ces mots avant de l'entraîner dehors, elle avait eu du mal à accepter qu'il s'adresse à elle. Elle avait tellement l'habitude qu'on en voit en elle, au mieux, que la druidesse, la combattante capable de faire des ravages dans les rangs ennemis ou, au pire, la femme tentatrice capable de séduire à son profit n'importe quel homme sur ces terres, ami ou ennemi. Les mots que Dob prononça alors sur l'amitié qu'il pourrait lui porter lui semblèrent être du baume sur ses plaies ouvertes.
Elle regrettait de n'avoir pas eu la force de lui répondre à ce moment-là, ses larmes continuant de couler sans qu'elle ne puisse les arrêter. Elle ne se doutait pas d'en avoir autant en réserve !

Elle l'avait suivi dans la cour du manoir, sans résister, respirant l'air frais de la nuit et tentant de calmer sa douleur. Elle sourit, enfin, quand il lui dit de ne pas être timide, car elle ne l'avait jamais été avant ce soir, face à lui et à sa gentillesse désarmante. Il avait recommencé à parler, et elle était tentée de se laisser bercer par ses paroles, un peu apaisée.

- Il n'y aura pas de massacre Dob...

La voix l'avait fait sursauter et quand elle avait vu la dragonne approcher...
Elle réalisa soudain qu'elle fixait Dob depuis un moment, perdu dans ses pensées et qu'il la regardait en souriant, attendant patiemment qu'elle se reprenne. Elle tourna son regard vers Tamara et se sentit rougir. Décidément, elle n'était qu'une sauvageonne manquant d'éducation ! Elle n'aurait jamais du laisser paraître sa surprise devant cet être magnifique. D'un bleu profond, veiné d'autres nuances de bleu qui semblaient chatoyer sur elle, la dragonne était plus qu'imposante. Elle avait l'air ancienne, et sévère aussi, mais Tifni sentait confusément qu'elle était bonne et ne voulait pas lui faire de mal. Elle réalisa, bouche bée, que l'étrange voile qui semblait les envelopper tout à l'heure et les picotements qu'elle avait ressentis venaient probablement de l'être mythique. Elle était bel et bien confrontée à une magie qu'elle ne connaissait pas, dont elle ne mesurait même pas l'importance...

- Je...

Elle toussa pour s'éclaircir la gorge.

- Je suis honorée de vous rencontrer, Tamara. Dob m'avait parlé de vous, mais j'avoue avoir un peu douté de votre existence... J'espère que vous me pardonnerez cette impolitesse. Comment je vais ? Je ne sais pas, je ne sais plus... Par ses paroles et sa tendresse, votre compagnon a remué des choses énormes en moi. Vous avez de la chance qu'il vous accompagne depuis tout ce temps... Il est...

La druidesse se sentit rougir en réalisant qu'elle parlait de Dob devant lui et s'arrêta, lui jetant un coup d'oeil en coin...

-Il est?

La dragonne approcha sa tête de Tifni, mi-amusée.

-Il est adorable? Gentil? Beau?

-Tamara!!! Cesse cela tout de suite, tu vois bien que tu intimides dame Tifni! Ce n'est pas drôle!! Et bon, elle n'est pas habitué de voir une grosse affaire comme toi surgir de la nuit!! Donne lui le temps ma belle!

-Oui pardon, j'ai tendance à oublier que je suis un peu plus grande que la normale....Enfin, excusez moi Dame Tifni. Je vous observait depuis dehors, et ce depuis un petit bout de temps. Pardonnez mon effronterie, mais je tiens beaucoup à ce petit loup, et je ne voudrais pas qu'il lui arrive un malheur, ni que n'importe qui s'amuse à lui tourner autour pour en tirer profit, bien que je ne crois pas du tout que ce sois votre cas car je peu lire en vous, et vos
pensées ne sont point malveillantes...Je dirais plutôt le contraire, malgré une certaine contrainte que vous ne voulez dévoiler...Mais ne vous en faites pas dame Tifni...Je protège toujours ce loup, au prix de ma vie...Et comme la sienne
ne peux prendre fin sans que la mienne ai prit fin, cela fait de lui un être un peu, comment dire....Coriace?

-Assez Tam...

Dob ramena la cape un peu plus sur les épaules de Tifni, en profitant un peu pour se rapprocher sans trop que cela paraisse. Il ne voulait pas qu'elle prenne froid par sa faute, c'était lui après tout qui l'avait mener dehors, mais le but de cette petite sortie était surtout qu'elle voit Tamara, et que Tamara la voit elle aussi. La dragonne n'était pas jalouse du tout, mais Dob avait sentit qu'elle était nerveuse lorsqu'il était à proximité de Tifni, et comme il n'avait pas eu le temps de discuter avec la dragonne, il savait qu'elle veillait pas bien loin, au aguets. Mais le loup s'était fait rassurant, et lui avait signifier qu'il se sentait bien au côté de dame Tifni, même étrangement bien...Enfin...Il ne pouvait pas se baser sur une simple impression, mais un petit quelque chose en lui lui interdisait de douter de cette impression...

Il se tourna vers elle, son regard fuit un peu le sien, mais il lui releva doucement son visage, et essuya les larmes qui coulaient sur ses joues. Un grand sourire envahie son visage, semant le questionnement dans le regard de Tifni, et il
lui fit signe de regarder sa main. Il la tourna lentement, puis l'ouvrit pour laisser apparaitre une petite pierre transparentes, d'une beauté éclatante.

- Vous voyez, vos larmes trahissent qui vous êtes vraiment Dame Tifni...Un diamant brute, qui ne demande qu'à être exposé à la lumière pour révéler tout sa beauté et sa perfection...Mais il faut creuser pour l'atteindre, il faut de la
force, de la sueur et même parfois des blessures et du sang...Mais lorsqu'il se révèle, que ce soit à la lumière du jour ou de la lune, sa beauté ne fait plus aucun doute...

Il posa la petit pierre dans le creux de la main de Tifni, la referma et la pris pour la montrer à Tamara. La dragonne avança vers sa main, regardant avec une intensité inconnue pour elle, mais connu de Dob. Elle sondait cette larme, elle lisait ce qu'il y avait en elle...Quelques instants prirent probablement une éternité pour Tifni, mais Dob lui fit sentir qu'il était à côté d'elle, et qu'elle n'avait rien a craindre. Tamara avait fermé les yeux, tout ce qu'on entendait était la pulsation régulière de son puissant coeur, parfaitement synchronisé avec celui de Dob. Elle réouvrit les yeux lentement, et une larmes perla au coin de son oeil. Dob la regarda, incertain.

Elle s'approcha un peu plus de la main de Tifni, puis les picotements s'accentuèrent et la magie s'amplifia autour d'eux, brouillant un peu la vision de Dob et de Tifni. La dragonne souffla sur la main de la druidesse, et un petit vent magique vint la caresser sans lui faire de mal. La pierre que tenait Tifni dans sa main s'alourdit aussitôt, et pris un peu d'expansion. Tamara se recula un peu, puis se recoucha a sol, la tête posée entre ses pattes avant.

-Voilà...Ouvrez votre main druidesse...

Tifni ouvrit sa main pour y découvrir la petite pierre de larme, mais maintenant sertie sur une chaînette d'argent.

-Ceci vous représente Dame Tifni...Elle est sertie sur de l'argent, car c'est le métal qui représente le plus celui qui se tient à vos côtés. Cette pierre est votre reflet, et aussi vos humeurs, ou bien encore...Elle vous avertira lorsque le temps viendra, et qu'il faille que je sois là pour vous protéger l'un de l'autre, ou tout les deux ensemble...Mais je connais un peu plus votre secret, et je n'ai rien révélé à Dob, car il est de votre devoir de le faire. Sachez ceci Dame Tifni: rien n'est irréversible, ni éternel...

Tifni avait l'impression que ses larmes n'arrêteraient jamais de couler... Elle avait fait le deuil de son passé, de la perte de certains de ses amis, de sa famille et pensait ne plus jamais avoir à verser des larmes ainsi. Elle sentait qu'elle ramenait tout une souffrance dont elle ne soupçonnait pas l'existence vers l'extérieur d'elle-même. Elle était incapable de parler, regardant alternativement la dragonne et son compagnon...

Quand Tamara s'était inclinée vers sa larme devenue pierre entre les mains de Dob, elle avait eu la sensation d'être jugée, non pas par des hommes inflexibles qui l'auraient condamnés d'avance, mais par une âme ancestrale, puissante et sage. Puis la dragonne avait réouvert les yeux, la figeant sous son regard et elle avait senti une détresse profonde émanant d'elle. Dob avait tressailli légèrement, comme surpris par la réaction de sa compagne mais n'était pas intervenu.

Soudain, le souffle de la dragonne avait surpris sa main fermée sur la pierre. Tifni avait senti un étrange vertige et le poids de l'objet avait augmenté. Quand elle avait ouvert les doigts sur la suggestion de l'immense être allongé en face d'elle, elle avait vu sa larme, enchâssée dans l'argent, comme un rappel de sa douleur certes, mais aussi comme une promesse... La seconde moitié d'âme de Dobermann lui offrait son soutien et l'acceptait telle qu'elle était, en sachant la terrible réalité.

Alors la druidesse s'avança légèrement vers elle, quittant à regret la chaleur des bras de son ami. Elle tendit la main vers le visage de la dragonne, tandis que son autre main serrait le cadeau qu'elle venait de lui faire contre son coeur. Elle posa le bout de ses doigts contre les écailles bleues, légèrement, comme une caresse.

- De tout mon coeur, de tout mon être, je vous remercie Dame Dragonne... Je viens de recevoir une leçon d'humanité et d'amour comme je n'en ai jamais connu auparavant. Je ne cesse de pleurer, mais la douleur qui sort de moi en même temps que mes larmes est salvatrice. Je commence à comprendre ma propre souffrance et je regagne confiance, grâce à vous. J'ai peur, je suis glacée d'effroi, mais j'entrevois un infime espoir de devenir quelqu'un de différent de ce que je suis aujourd'hui et que j'exècre... Le parcours restera long et difficile, j'en suis persuadée. Mais j'ai l'impression d'apercevoir, au loin, une lueur d'espoir. Et plus que tout, je sens que j'ai de nouveau envie de me battre... Pour cela, Dame Tamara, je vous serai éternellement reconnaissante.

Les pleurs de Tifni avaient enfin cessé de couler pendant qu'elle s'adressait à la dragonne. Elle sentait que Dob s'était figé derrière elle, écoutant ses paroles mais n'osant pas bouger. Elle ne l'avait pas exclu de la conversation intentionnellement, mais avait eu besoin de ce contact physique avec l'être ailé. Elle se tourna vers l'homme-loup et lui tendit la pierre de larme au bout de la chaînette pour que ce soit lui qui la lui referme autour du cou.

Dob s'avança, saisissant le bijou ; il fit passer le chaîne autour de cou. Etait-ce une illusion ou ses mains s'étaient-elles attardées un peu plus longtemps que nécessaire sur ses épaules et son cou ? Elle se rendit compte qu'elle avait fermé les yeux un instant et les rouvrit pour croiser son regard... Elle lui saisit la main et reprit la parole :

- Je ne te connais que depuis très peu de temps et je ne comprend pas tout ce qui se joue ici ce soir. Mais je sens qu'une confiance s'instaure entre nous. Je vais donc te révéler ce que Tamara a lu dans mes larmes et mon esprit... ce que les dieux ont fait de moi...

Elle avait décidé de tout dire, advienne que pourra ! Elle plongea son regard dans le sien et continua, débitant son discours sans reprendre son souffle, comme pour s'en débarrasser :

- Quand la lune devient rousse, mon esprit se réfugie tout au fond de ma tête, pendant que mon corps se transforme... Mes yeux deviennent rouges, des griffes poussent au bout de mes doigts... Ma peau exhale un parfum auquel nul être de sexe masculin ne peut résister... Je deviens une succube et pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, j'abuse des hommes que je rencontre, de leur plein gré ou contre leur gré... Ma force se décuple et nul n'est en mesure de me contrer. Quand je reviens à moi, j'en garde un souvenir assez flou, comme un cauchemar qu'on oublie peu à peu en se réveillant... Mais mes victimes, elles, se souviennent !
Au final, ceux que j'ai obligés me craignent et me fuient, me considèrent comme une démone ; et ceux qui étaient consentants jugent l'expérience intéressante et agréable mais ne voient en moi qu'un objet sexuel capable d'assouvir tous leurs fantasmes... Et le résultat est le même : ils se servent de moi, en ne se préoccupant guère de ce que je peux ressentir alors, puis partent vers d'autres horizons.
Pour rajouter un peu plus de douleur à la situation, pendant cette transformation que je subis, l'être qui m'habite semble chercher les hommes auxquels je pourrais m'attacher, brisant ainsi tout espoir de rencontrer... quelqu'un qui pourrait m'apprécier ou même m'aimer. J'ai mis un peu de temps à m'en rendre compte, mais depuis que j'ai compris cela, j'ai pris mes distances avec la gente masculine... Quand le moment survient, j'essaie d'être loin de tout, au fond d'une forêt ou réfugiée dans une grotte... Mais rien n'y fait, la démone retrouve toujours la trace de la civilisation...
Tu dois comprendre ma réticence et ma crainte... Je me suis pliée à ce jeu, si on peut appeler ça comme cela, car je pensais ne pas avoir le choix et je n'ai plus cherché à réellement comprendre, puisque je semblais ne pas avoir le choix. Et aujourd'hui, c'est l'espoir qui renaît en moi, mais aussi la crainte de te faire du mal... Non pas physiquement, bien au contraire...

Elle réussit à esquisser un léger sourire, un peu timide...

- Mais tu serais face à moi, sans avoir le droit de refuser, contraint par cette indécente magie qui m'habite... Et ce n'est pas ce dont je rêve...

-Un rêve...Voilà tout ce que tu as besoin pour vivre...

Dob avait écouté jusqu'au bout, et a demi-vécu ce que Tam venait de faire. L'histoire de Tifni était triste, mais combien sous ses griffes à lui étaient tombé, simplement au nom de la vengeance? Probablement autant qu'elle avait pu en tuer, sinon plus, et cela ne faisait pas de lui un monstre pour autant...Par contre, avec le temps, il avait apprit à se contrôler, à modérer ses pulsions et sa rage, et au final, à s'en servir dans son intérêt. Mais Tifni, elle..Tout cela n'était pas volontaire, et une bête l'habitait, malgré qu'elle n'y consente...Et cela enragea Dob, car il savait plutôt deux fois qu'une ce qu'était la possession par un démon...Mais il avait survécu...

Dob adressa un regard à Tamara, cherchant une réponse dans sa mémoire ancestrale. Tamara lui montra quelque chose, quelque chose par lequel il était passé, il avait vécue et périt, et en était ressortit vainqueur. Cela fit froid dans le dos de Dob, mais si cela se pouvait, et que c'était la seule option envisagé par Tam, Dob le ferait. Il savait bien qu'il risquerait d'être hanté par ce cauchemar pour bien des lunes à venir, il savait bien qu'au moment précis, il allait devoir lutter avec tout ce qu'il avait, et ne pas fléchir les genoux, sinon ils seraient perdu, tout les deux....Mais il le ferait, pour elle bien sur, car en secret, Tamara savait bien qu'il s'était attaché à cette femme, et pour lui aussi, parce qu'il avait espoir de quelque chose de grand...

Mais par où il fallait passé...Il eu un frisson...




- Mais tu serais face à moi, sans avoir le droit de refuser, contraint par cette indécente magie qui m'habite... Et ce n'est pas ce dont je rêve...


Je rêve....

Ces deux petits mots...

C'était les seuls qu'il voulait entendre, les deux seul qui avaient déclenché la guerre en lui, déclenché aussi un flot d'images qu'il tentait tant bien que mal de graver une à une dans sa mémoire, mais elle passaient si vite...Enfin il savait...Et ne laisserait pas tomber, sachant maintenant à qui il avait affaire, et surtout réconforter par l'issue du combat, et la promesse de quelques choses...

Il approcha sont visage du sien, à quelques parcelles de poussières de sentir ses lèvres sur les siennes. Il la regardait farouchement, avec une intensité qui laissait présager une bataille furieuse et perdu d'avance, mais dont l'issue se retournerait au dernier moment et redonnerait courage au hommes pour s'envoler avec la victoire, et plongeant son regard dans le sien, il murmura tout bas:

-Je prends le risque Tifni...Je prends ce risque parce que je juge que vous êtes comme ce diamant qui est à votre cou...Brute, mais d'une beauté rare et insaisissable, et que je crois en vous. Tamara m'a donné la réponse exacte à ma question, bien que difficile à concevoir et exigeant un sacrifice énorme, je prends ce risque Tifni, par contre, si je vole votre coeur, ce ne sera pas pour quelques jours et quelques nuits par lune...Mais bien pour toujours...

Il ramena la cape un peu sur ses épaules, toujours aussi proche de ses lèvres, le regard bien fixé dans le sien.

-Je ne puis vous embrasser Tifni, pas avant d'avoir eu votre consentement, mais je peux vous confier une chose qui est sur...J'en ai envie, et c'est bien la Tifni qui est devant moi qui me plait, non celle que vous m'avez décrite précédemment. cette Tifni là, celle qui vous fait peur, disparaitra...Je vous le jure. Par contre....


Une douleur passa dans ses yeux à ce moment...

-Je ne ferai pas cela si vous juger que votre coeur restera vagabond, et attiré par des hommes de passages...Ma peine fut trop grande, mon coeur blesser bien trop souvent pour encore une fois le faire piétiner dans la boue...L'amour est aussi beau que cruel parfois, et il s'est chargé de me le rappeler bien souvent. Alors voilà...Moi aussi j'ai un rêve...Et je suis prêt à me battre pour lui, mais pas si celle qui en fait partie ne le partage pas...En contre-partie, si jamais...

Il baissa les yeux...Il avait trop parlé...Il avait dévoilé ses sentiments à Tifni, et probablement qu'elle ne voudrait pas prendre le risque de perdre sa vie à lui pour que cesse cette malédiction...Mais lui le voulait...

Il passa sa main sur la petite pierre, frôla sa peau mais ne s'y autorisa pas...

Un diamant...

Tifni n'avait pas bougé d'un millimètre, à l'écoute du corps puissant qui la frôlait. Elle avait plongé son regard dans ses yeux et sentait la sincérité de l'homme-loup, sa fureur aussi à l'annonce de sa malédiction, sa résolution... Et autre chose qu'elle avait du mal à identifier. Elle leva sa main doucement, laissant s'installer le silence...

Elle ne toucha pas Dob, elle ne l'effleura même pas... Comme lui, elle approcha ses doigts à un millimètre de sa peau et laissa glisser la pointe de ses ongles sur son torse. Elle sentait la chaleur de son corps se dégager, sans se l'approprier... Quand elle reprit la parole, sa voix était teintée d'incertitude...

- L'amour ? Qu'est-ce que c'est ? Je ne l'ai jamais connu. C'est un sentiment étranger pour moi. Comment puis-je te le promettre ? Mes sentiments se mêlent, je ne sais plus, je ne sais pas.

La druidesse baissa la tête, ne pouvant plus supporter ce regard... Elle ne désirait pas le faire souffrir, mais elle ne voulait pas mentir non plus. Elle essayait d'analyser ce qu'elle vivait depuis quelques heures, mais c'était tellement fort et inattendu ! Sa main levée tremblait un peu, sans appui, dans le vide...

- Mais mon coeur s'emballe... la seule chose que je sais assurément, c'est que si tu pars, là, maintenant, sur le dos de ta dragonne pour ne jamais revenir et que tu t'envoles dans la nuit, je m'effondre à cet endroit exact, sans possibilité de redonner vie à mon corps, je me roule en boule sur le sol et j'attends la mort... est-ce cela, l'amour ? Est-ce d'avoir confiance en toi à un tel point que je t'ai révélé mon plus noir secret en croyant que tu allais me fuir ? Est-ce de ne plus voir que toi, là, maintenant et d'avoir oublié que la terre continue de tourner ? Est-ce d'avoir oublié jusqu'au souvenir de mes amants passés ? Est-ce de te désirer si fort que mon corps tremble et que résister à cet appel me fait mal ?

Tifni posa soudainement sa main sur le torse de dob et se rendit compte quelle était presque fraîche par rapport à la température de son corps à lui.

- Si c'est un peu de tout cela, alors... je ne pense pas que tu ais besoin de poser la moindre question... ni de me parler d'heures ou de journées... Tu m'as donné un espoir que je ne pensais pas pouvoir envisager un jour ; même si la situation est finalement inextricable, ce que tu as fait cette nuit, me montrer une lueur dans le lointain alors que je vivais dans la nuit noire, a fait fondre la glace dans laquelle mon coeur était enfermé...
Et maintenant j'ai peur... J'avais banni ce sentiment pour ne pas sombrer... Je n'ai pas peur pour moi, j'ai de nouveau envie de me battre... Mais j'ai peur de ce que tu manigances avec Tamara. Je ne sais pas ce qu'elle t'a dit en secret mais n'oubliez jamais tous les deux, dit-elle en incluant la dragonne dans son regard, qu'il s'agit de moi et que je refuserai votre aide si vous n'êtes pas tout à fait honnêtes avec moi, si vous ne révélez pas tout ce que vous savez. Je refuse que l'un de vous risque sa vie ou son âme pour me sauver. Et si le prix pour être débarrassée de cette malédiction était celui-là, le sujet est clos.

-tu as une belle vision de l'amour...Oui probablement, ça ressemble à cela, je crois...Mais tout reste à découvrir, non? Si ton coeur s'emballe, c'est déjà bon signe, car il a recommencer a battre!

Dob s'assit par terre, assombrit par la vision que la dragonne lui avait montré. Il connaissait bien Tamara, et elle lui aurait montré autre chose, si cela avait été possible, mais pour maintenant, et vu la situation...

-Tu sais Tifni, lorsque j'ai combattu mon démon à moi, j'ai perdu au départ...Pas que je ne me sois battu, mais il était vraiment fort, et il avait propulsé mon esprit dans une zone morte, ou la détresse est aussi commune que l'herbe dans un champ...Je fut prostré là une éternité, ou ce ui me semblait une éternité, à écouter ses ricanements, ses mauvaises paroles et à subir ses assauts mentale...Alors je me suis relever, et j'ai décider de combattre. Il fut tellement surpris que je retournai dans mon corps, et repris le contrôle momentanément. Il fut choqué, et fit de moi une bête qui se retourna contre tout mes amis, une bête immonde et grotesque, et je du livrer combat à nouveau...Mais je n'était pas de taille cette fois...Et je fut tuer.

Tamara elle aussi livrait combat, mais le démon n'était pas capable de l,atteindre, car elle est un être de lumière. Lorsqu'elle me vit mourir, elle fit quelque chose que personne ne s'attendaient...Elle saisi mon âme et se l'appropria, la gardant en elle le temps qu'elle tue l'abomination que mon corps était devenue...Et elle le tua. La rage qu'elle dégagea et sa force hors du commun finirent par éventrer la bête, et ce qui était mon corps mourru sous ses griffes...J'étais à l'intérieur d'elle, je lui faisait mal et je ne savait pas, car elle luttait pour me garder dans ce monde, et mes amis, lorsqu'ils eurent fermer les plaies de mon corps et l'ayant soigné par magie, Tamara tenta de me retransferer à l'intérieur...Je ne sais pas si les dieux me sont venu en aide ce jours là, mais mon coeur s'est remis à battre, et je suis ici devant toi, à te raconter mon histoire...Tamara m'a montré ce que je viens de te dire Tifni, et le seul moyen que nous ayons pour contrer cette malédiction, est que tu meurs alors que Tamara garde ton âme, celle qui me plait, en son sein alors que je tue l'autre toi...

Il baissa la tête vers le sol.

-Mais je suis prêt à le faire, si jamais tout ce que tu m'as dit est vrai...Ou si ton désir de rester avec moi est assez fort pour en prendre le risque.

Tifni, choquée, regarda alternativement l'homme-loup assis par terre et Tamara, qui lui fit un clin d'oeil un peu triste.

- Je te dis à l'instant que je refusais que vous risquiez votre vie l'un ou l'autre pour me sauver... et tu me proposes de me tuer, passe encore ! S'il le fallait, j'en passerai peut-être par là ! Mais tu me demandes de faire souffrir Tamara (et ne viens pas me dire que tu es consentante, toi là-bas !), puis de risquer ta vie, toi tout seul, pendant que j'attendrai tranquillement au chaud ? C'est une blague ?

Tout à l'heure, la druidesse avait chaud à cause de Dob... Elle avait toujours chaud, toujours à cause de lui, mais plus pour les mêmes raisons... Elle sentait une tension inconnue jusqu'alors monter en elle, ses oreilles s'échauffer, les battements de son coeur s'accélérer et la colère fuser dans toutes les directions, par tous les pores de sa peau !

- C'est une blague, dis-moi que c'est une blague ?

Voyant qu'aucun des deux ne répondaient, un peu embarrassés par sa fureur, elle continua sur le même ton, criant dans la nuit, rouge de fureur :

- Je me fiche totalement de tous les arguments que tu vas m'opposer maintenant ! Il est hors de question que vous preniez le moindre risque pendant que je serai tranquille en sécurité... Je ne suis pas une marionnette dont on fait ce qu'on veut et qu'on manipule avec des ficelles ! J'ai mon libre arbitre et je dis non !
Et dans ce sublime plan bien élaboré, vous avez pensés à tout bien sûr ? Les dieux t'ont peut-être aidé, mais là, ce n'est pas la même chose ! Ce sont les dieux qui ont fait de moi ce que je suis devenue ! Tu crois qu'ils vont rester tranquillement les bras croisés ? Je ne ressens la présence d'aucun démon en moi ! Rien qui m'habite... J'ai l'impression que c'est mon moi qui subit une transformation. C'est moi qu'il faudrait tuer pour s'en débarrasser...
Et encore un détail que tu sembles oublier : quand je suis sous cette forme, ma force est bien plus grande ! Je ne pense pas que tu serais à même de me résister... avec ou sans arme...
Non, je refuse... Merci pour l'espoir que tu as fait renaître... Mais cette solution est impossible à appliquer ! Je vais préparer quelques affaires, car la lune rousse approche... Je ne veux pas être près de toi quand ça va arriver...

Tifni tourna les talons, et marcha d'un pas pressé vers le manoir, dans lequel elle rentra, claquant la porte au passage. Elle se dirigea vers sa chambre, bien décidée à partir sur le champ.