Dans la nuit adolescente

Il était arrivé alors que le soleil prenait de l'assurance, déployant ses rayons sur le paysage printanier.

La garde de l'entrée, visage chiffonné et yeux cernés, l'avait laissé passer avec un bâillement et un geste désinvolte.
Vu son désintérêt à filtrer les entrées et la taille imposante de son décolleté, il devina que sa fonction était plus ornementale que sécuritaire.

Dans le patio ombragé où murmurait une fontaine, un eunuque à la silhouette grassouillette et à la mine chafouine l'accueillit avec une multitude de courbettes et de phrases fleuries.
Il lui indiqua, avec un petit sourire qui se voulait complice, qu'à cette heure, tous les habitants dormaient mais qu'il se ferait un plaisir de lui offrir une chambre et un encas pour qu'il puisse attendre dans les meilleures conditions le réveil de ses hôtes.

Las d'une nuit trop longue, il accepta d'un petit geste de la main.
Le domestique le guida à l'intérieur du domaine, enfilant en trottinant un nombre impressionnant de couloirs avant d'arriver, après avoir grimpé deux étages, devant une porte de bois blond.
Le semi homme sortit de son imposante besace un trousseau, farfouilla parmi les clés en marmonnant avant d'en isoler une dont il se servit pour ouvrir la porte.
Il la détacha ensuite de l'anneau et la tendit au nouvel arrivant.
-"Installez vous... Je vous apporte de quoi vous restaurez."

Silex posa son sac sur le sol et parcourut la pièce des yeux.
La chambre était de belles dimensions. Une porte-fenêtre au bois ouvragé donnait sur un balcon qui s'ouvrait sur le patio.
Dans un coin, trônait un baquet de grande dimension dans lequel pouvait tenir sans problème deux baigneurs.
Une table toute simple sur laquelle étaient posés un broc et une cuvette d'étain faisait face à un immense lit recouvert d'une multitude de coussins.
Quelques tentures, évidemment roses, égayaient la blancheur des murs de pierre blanche.
Près de la porte, une fauteuil aux larges accoudoirs semblait appeler l'invité à se délasser.

L'homme ota sa cape, posa son arbalète mais prit soin de garder ses dagues dans les multiples fourreaux lacés sur ses bras et ses cuisses. Il prit place dans le fauteuil, attendant le retour de l'eunuque.
Celui-ci revint rapidement, déposant avec des simagrés une miche de pain, une carafe au liquide sombre, des fruits et des tranches de viande avant de quitter la pièce avec des formules de politesse alambiquées.

L'archer referma la porte, tourna la clé et se servit un verre, grappilla quelques grains de raisins avant de retourner dans le fauteuil.
Il dégusta le vin, le regard dans le vague, fixant sans la voir la course erratique des nuages dans le ciel bleu.
Il attendit.
Et s'endormit.

Lorsqu'il se réveilla, la pièce était plongée dans l'obscurité. La fenêtre éclairée par la lune, formait un rectangle gris laiteux, adoucissant les courbes des objets.
Il faisait frais et Silex se redressa, s'étira, avant de se diriger vers la fenêtre pour la fermer.
Il s'étonnait que personne ne soit venu l'accueillir. Le domestique, pourtant, avait bien indiqué que les membres de la guilde étaient présentes et non pas parties en expédition.

Il se décida à attendre encore un peu. Il attrapa le briquet et l'amadou sur la table et entreprit d'allumer les quelques chandelles de la pièce.

C'est alors que les bruits lui parvinrent.

Le château, tel un animal nocturne, semblait revenir à la vie.
Une vie faites de rires, de gloussements, de petits cris excités auxquels succédaient des hurlements orgasmiques.
Des cavalcades dans les couloirs étaient ponctuées de râles de plaisir et de souffrance mêlés. des claques sur des chairs fermes, des bruits de succion et de chuintements humides venaient rythmer cette symphonie du plaisir.
Le château était en vie.

Il était même en pleine copulation.

Avec un sourire amusé, il prêta l'oreille, essayant de distinguer les différentes voix dans ce concert sensuel. Il écouta les cris d'encouragement, les indications fort précises, devinant les positions et les actions. Il apprécia à sa juste valeur le vocabulaire très imagé utilisée par l'une, s'amusa de la puissance sonore d'une autre, sentit une pointe de déception frustrée dans les paroles d'une troisième.

Les occupants du domaine avaient de toute manière l'air fort occupé et il comprit que personne ne viendrait à sa rencontre.
Il se dirigea donc vers la table, versa le contenu du pichet dans la cuvette, trempa ses mains dans l'eau froide pour se rafraichir le visage avant de se diriger vers la porte.
Il l'ouvrit, jeta un regard alentours avant de s'engager dans le couloir.
Personne.
L'étage semblait inoccupé.
Au dessous, il entendit une voix féminine encourager quelqu'un à accélérer le rythme.
Avec un haussement d'épaule, il referma la porte et se dirigea vers l'escalier.

[HRP : j'ai pris de grandes libertés avec la description du domaine des Vindicatrices, tant pour les lieux que pour les personnages garde ou domestique. Si ça ne convient pas, s'il y a des incohérences, signalez le moi et je modifierai]

Je me frayais un chemin vers ma chambre, mais légèrement éméché, j'avais du mal à me situé, moi qui avait déjà un sens de l'orientation plutôt limité. Je me concentrais sur mes pieds dans l'espoir de pas me les prendre dans un tapis. Je ne fais guère acte des actions de mes amies et compagnons, pour moi c'était un soir comme un autre. Je montais les marches très concentré ...

Escaliers en colimaçon ... mais quel malheur pour les alcoolisés, je pense que le wiwishoot était de trop !! dis-je à voix haut

Arrivais en haut, je ne pris pas garde au jeune homme qui arrivait vers moi, il avait l'air tout aussi hagard que moi mais lui car il ne connaissait surement pas les lieux. Je ne pu éviter de lui rentrer dedans mais je perdis l'équilibre rapidement et me retrouvais sur le derrière.
La jupe allégrement relevé sur le haut des cuisses, les cheveux devant les yeux et le décolleté bien plongeant.

oups ... je suis désolée ... je ...

Je relevais la tête, et restais assez désarçonnée par la beauté de cet homme

Bonsoir lançais je un peux interloquer, mais j'affichais rapidement un sourire ravageur

Je suis Sylya ....

Il entendit des bruits en provenance de l'escalier : fragments de rires, hoquets, balbutiement alcoolisé.
Quelqu'un venait à son étage, un femme d'après la voix.
Pour éviter de la croiser dans l'escalier étroit, il décida de l'attendre sur le palier.

La femme, jeune, jolie, soliloquait en regardant ses pieds.
Il s'apprêtait à se présenter mais, le regard obstinément rivé sur ses pieds et sur sa démarche sinusoïdale, elle ne le vit pas et fonça sur lui.

Il tenta bien de la retenir mais son sens de l'équilibre déficient la fit vaciller puis basculer.

Tandis qu'elle marmonnait une excuse, le regard vague derrière une mèche de cheveux, il l'observa, faisant glisser son regard de ses cuisses fuselées impudiquement découvertes à sa poitrine généreuse qui tentait de s'échapper de ses entraves de tissu pour finir sur son visage.

Jambes écartées, poitrine affolée, regard éméché. Sa première rencontre avec les Vindicatrices...

Il la vit accommoder, se rendre compte qu'il n'était pas du château. Elle sembla retrouver ses esprits, lui sourit et se présenta.

Galamment, il se pencha vers elle et tendit une main , en profitant au passage et sans aucune vergogne pour déguster du regard son décolleté.
Il l'aida à se redresser, la retenant contre lui par le coude alors qu'elle oscillait, telle une frégate sur une mer de rhum.
Lorsqu'elle fut à peu près stable, il se présenta à son tour.

Bonsoir demoiselle. Je me nomme Silex, de passage en votre domaine.

Je me collais contre ce bel homme, et lui déposais une bise sur la joue.

-Bonjour ... bonsoir ... enfin bienvenu Silex

Lui lançais mon plus beau sourire.

- Accompagne moi donc, à la taverne, je me dois de te présenter mes amis. Je suis attachée au bien être des personnes se présentant en ces lieux. si tu as besoin de quoi que ce soit, un renseignement, un peux de compagnie, n'hésite pas à me demander...
Je lui saisis une main et fit demi tour. Je le trainais dans les couloirs, lui donnant quelques détails des lieux. Devant la porte de l'auberge, je le regardais une dernière moi, d'un geste, lui arrangeais les cheveux. Il était vraiment beau. Je pousse la porte lentement, et me décalais, pour lui offrir un beau spectacle.

-Les amis !! je vous présente Silex le beau

Il capta son parfum tandis qu'elle se hissait sur la pointe des pieds pour effleurer sa joue de ses lèvres pleines : mélange de fleurs, de sexe, d'alcool et d'onguent...
Il eut à peine le temps de répondre : "Je n'hésiterai pas...." que déjà elle le prenait par la main et d'une démarche incertaine, mais rapide, l'entrainait dans l'escalier et les couloirs.

Tout en marchant d'un rythme rapide et sinueux, en se cognant parfois contre les murs, elle lui décrivait, lorsqu'ils passaient devant certaines portes, les salles qui se trouvaient derrière.

Ici... c'est le jacuzzi... parfait pour des jeux aquatiques....
Là, la salle de torture... Si tu aimes le fouet.... Ou les menottes...
Derrière cette porte, c'est la chambre de jeune fille.... Avec baldaquins et tout... Des fois, on s'amuse à jouer les pucelles inexpérimentées.... Tiens, là, la salle aux coussins.... je te montrerais, à l'occasion.... On vient de passer devant la chambre obscure... on n'y voit rien du tout, mais rien de rien... Assez amusant.... Et.... Ah, nous voilà à l'auberge !

Elle s'arrêta brusquement, se colla à lui pour tenter de le coiffer.
Il allait enfin rencontrer les Vindicatrices !
Il prit une grande inspiration alors qu'elle ouvrait la porte et se décalais pour lui laisser le champ libre.

Certes, l'auberge était pleine.
Mais son arrivée passa complètement inaperçue, malgré l'annonce tonitruante et exagérée de la jeune femme.

Sur le comptoir, une jeune femme dont il ne distinguait que les cuisses blanches dressées vers le plafond se faisait besogner par un homme assez poilu uniquement vêtu d'un chapeau à plumes du plus bon gout.
Au milieu de la salle, un barbu avec le caleçon sur les chevilles esquissait quelques pas hésitants de french cancan en compagnie de deux plantureuses créatures échevelées.
Une jolie brune aux dessous en lambeaux slalomait entre les tables en poussant de petis couinements, poursuivie par un barbare bavant au regard lubrique.

Seul un vieil ivrogne chauve eut la force de soulever sa face de la table pour lui lancer un regard brouillé et lui sourire de sa bouche édenté avant de bafouiller un "Bienevue... Bevienue.. Biennevenue... Salut à toi Spontex ! Viens donc payer ta chopine !