Une vie bien trop monotone...

Chapitre I : Une vie toujours aussi monotone...

Les mois passèrent. Et la druidesse s'assombrissait encore. Se ruant vers cette vallée si sombre, lui tenant la main, partant avec elle vers un chemin sans fin. Sans fin... Qui savait si celui-ci avait une fin? Après tout, nul ne connait la suite de la vie. Nul n'étant revenu nous dire comment était la suite... Cela est bien dommage, et si la vie était plus belle après?

- Où m'emmènes-tu Solitude? As-tu entendu mon appel? Partons loin, je t'en supplie...

Nul ne voyait la détresse de la jeune femme qui s'avançait chaque seconde un peu plus dans un enfer auquel elle ne trouverait qu'une fin. Après tout, en marchant vers cette allée, elle oubliait. Oublier quoi? La vie tout simplement. Cette souffrance, ce froid, ces douleurs, ce mal-être, ce silence et la solitude qui en suit... Tout ce qui la perturbe, cette angoisse, cette insomnie, ce désespoir, cette fatigue...

Et elle continua alors pendant des mois vers cette route. Cette allée imaginaire où, seule, elle vivait avec son Amie. Bien sûr, ce chemin n'était pas réel, son inconscient l'imaginait pourtant si bien.. Son Âme avait tant besoin de s'éloigner de ce monde. Mais son corps restait bel et bien sur Terre à servir la guilde dans laquelle elle s'était logée.

Pendant des mois alors, elle resta à les servir, à se battre pour leurs couleurs, à tuer des hommes jugés comme ennemis, à vivre... Vivre... Toute cette Lassitude qui l'accompagnait. Quand allait-elle mettre fin à tout cela? Pourtant, elle était si jeune encore. La fin ne serait pas une solution. Mais malgré sa jeunesse, elle regardait la vie comme si celle-ci était prête à s'achever d'ici quelques temps...

La vie au sein du Royaume était bien trop calme à son goût. Des batailles se préparaient, une guerre n'allait pas tarder à éclater. Cette fois, tout serait différent. Pourquoi? Si elle savait... La nature humaine la dégoutait tant, elle pouvait sentir leur ignorance, voir leur incompétence à aimer. Ces Hommes qui ne pensaient qu'à exister et non à vivre. Connaissaient-ils tout au moins la nuance? Pensaient-ils avec leur coeur? Ou agissaient-ils plutôt comme de vulgaires bêtes...

Ces Hommes qu'elle servait depuis son plus jeune âge... Mais désormais elle avait grandi. Les ennemis que les anciens jugés par le blason n'était plus vu comme tel à ses yeux mais tout simplement comme des Hommes similaires à ceux qui l'entourent. Tous des êtres impurs, victimes de leur propre ignorance, de leur propre misère... Au fur et à mesure que les jours passaient, l'Homme devenait pour elle un être écoeurant. Elle était elle-même humaine. Se haïssait-elle? Cela était fort possible...

Parcourant sans cesse les Terres d'Alidhan, la jeune femme décida de se poser quelques minutes près de son étang. Lieu où elle avait l'habitude d'aller pour s'apaiser. Elle arrivait toujours par ce chemin de pierre, puis continua sa route, laissant ses solerets et sa cape pour marcher pieds-nus sur un gazon si vert, un endroit encore pur selon elle où l'Homme n'avait pas encore aménagé. Elle s'installa près de l'eau, observant son reflet. Elle y passa délicatement sa main dessus. Puis ses yeux virèrent au rouge sang, la bête en elle montrait sa présence. Sous le coup de l'énervement, elle brouilla le reflet d'un geste brutale de la main et se releva.

- Et cette bête en moi qui ne veut pas partir !

Elle attrapa ses affaires et reparti en direction du domaine des Vindicatrices. Malgré tout, il fallait bien rentrer...

Chapitre II : Entre retrouvailles et séparations...

Et la vie continuait. Celle-ci devenait de plus en plus pénible. Se lever le matin était une vraie torture. Elle ne supportait plus la douleur intérieur à chacun de ses réveils. Cette sensation d'étouffement, cette absence de liberté, cette air oppressant, ces murs la bloquant... Ces murs, elle eut soudainement envie de les quitter, vivant seule, sans se justifier.

Il fallait qu'elle aille respirer, un air nouveau, permettant peut-être de la laisser vivre encore un peu, juste un peu... Elle quitta de nouveau le domaine des Vindicatrices et se décida d'aller vers sa ville natale, Cyrosh. Marchant dans les allées, passant près des marchands, elle tourna dans une ruelle et poussa les portes d'une taverne. D'un coup, l'air était lourd, l'ambiance agitée. La porte se referma doucement derrière elle mais celle-ci ne bougea pas, observant les lieux. Ces hommes qui chantaient, buvaient, se battaient sous l'emprise de cette boisson... Elle parla à voix basse.

- Pauvres innocents, tous victimes de leur propre misère...

Elle ressortit de cette pièce, étouffant. Comment pouvaient-ils vivre ainsi? Vivre... Ce n'est pas ça qu'elle appelait vivre. Pourquoi était-elle si différente? Pourquoi ne vivait-elle pas comme tout les autres? Et si elle était vraiment différente... Si son destin n'était pas de vivre dans ce monde, que faisait-elle encore là? Par cette différence, le monde ne l'épargnait pas...

Durant toute cette journée, elle marcha dans les contrées de Cyrosh, essayant de s'aérer, de penser à autre chose, d'oublier... Mais rien ni faisait, une chose la réjouissait, sa mortalité. Sa souffrance ne sera donc pas infinie. Sa ballade commençait à être longue à son regard. Il fallait rentrer, s'allonger, dormir et oublier...

Arrivée au domaine, elle passa les gardes sans soucis, un sourire éclatant voyant la jeune femme de retour. L'ambiance ici était telle que ces derniers jours. La plupart des jeunes femmes membres de cette famille avait accueilli des hommes en ces lieux, leur faisant goûter au plaisir de la nature. Plaisir de la nature? Ou envie de vulgaire bêtes sauvages non contrôlées... Tout cela heurtait son âme sensible pourtant pas si innocente...

Elle s'installa dans un coin sombre de la taverne et observait ce comportement qui avait don de la répugner. Sans prêter garde à qui était tout proche. Elle sentit ce regard se poser sur elle, elle en tourna la tête de curiosité. Un jeune homme plein d'élégance l'observait. Ce jeune homme familier n'était autre que Fullmetalnabot, un compagnon Vindicatrices. Comprenait-il ce qu'elle ressentait? Il lui sourit, la saluant d'un signe de la tête et disparut dans l'ombre.

Le lendemain, une envie soudaine la prit. Tout quitter, tout laisser tomber, tout oublier...

Le jour se levait peu à peu et de légères cernes ornées le visage de la druidesse. Celle-ci n'avait pas dormi de la nuit, ayant réfléchi à son départ, écrit une lettre, préparé ses affaires... Elle se leva de son lit, prête à partir. Elle se dirigea vers la porte lorsqu'une présence arriva derrière elle, posant une main sur son épaule. Un visage s'approcha de son oreille.

- Chère Jenny, je viens avec toi, où que tu ailles. Fais moi quitter cet enfer.

Le jeune vampire était derrière elle, prêt à la suivre. Elle n'eut pas besoin de s'expliquer, il avait compris que celle-ci allait rejoindre sa jeune soeur Abby. Ils descendirent tout deux vers la taverne. La jeune femme annonça son départ et parti aussi vite que possible. Cet air oppressant ne l'aidait pas. Elle fit alors le chemin pour retrouver sa soeur en compagnie de Fullmetalnabot. Aucun mots ne furent prononcés, leurs regards suffisaient pour se comprendre, deux âmes torturées. A trois, ils allèrent rester en solitaire... Solae Noctes.

Chapitre III : Le début d'une folie.

Elle était enfin partie, libre de ses actes et de ses paroles. Sortant de jours comme de nuits, n'ayant aucun repaire et habitant partout à la fois. Aussi bien Abby que Fullmetalnabot ne voyait la druidesse rester au même endroit plus de quelques heures. Elle avait ce besoin de bouger, s'aérer. Qu'avait-elle? Pourquoi avoir tant envie de bouger, d'oublier?

Un matin, comme tous les autres, elle eut envie de tout plaquer cependant, elle n'avait plus rien. A part ses deux compagnons de route et une belle aquamancienne sur qui elle veillait. Elle ne put s'empêcher de partir avant que le soleil se lève, ne laissant aucun message derrière elle. Après tout, elle n'avait désormais plus besoin d'en laisser. La douleur dans sa poitrine était si intense, elle devait aller respirer.

Elle prit alors la direction de son étang, non loin de l'auberge où elle logeait. En milieu de route, elle se mit à courir. Son coeur battait de plus en plus vite, sa peau était en sueur, son corps l'a brûlé, l'a piqué. Elle tremblait, étouffait, pleurait... Posant sa main contre sa poitrine et serrant son vêtement comme pour étouffer la douleur.

Mais que se passe-t-il !?

Arrivée près de l'étang, elle s'effondra. Rien n'avait changé, elle étouffait encore dans ce corps qui lui faisait si mal. Elle semblait perdue, son regard naviguait partout autour d'elle. Elle semblait devenir folle. Son Âme devenait défaillante? Sombrait-elle pour de bon? Elle s'approcha de l'eau, regardant son reflet.

Je... Je vais... Mourir? Dormir, je veux dormir...

Elle s'allongea doucement sur le dos, posant ses mains sur sa poitrine. Elle regardait le ciel encore légèrement noir par la nuit. Les feuilles tremblaient au dessus d'elle. Un léger vent se leva. De l'air frais, air qu'elle respirait profondément. Elle vivait. Elle oui mais la bête? Et si l'envie de la voir partir lui faisait du mal? Si son destin était de rester fusionnée avec cette créature? Lentement elle ferma les yeux et s'endormit.

Quelques minutes plus tard, le soleil se levait et les rayons caressaient les joues de la jeune demoiselle endormie. Ceux-ci la réchauffaient et ses yeux s'ouvrirent aussi lentement qu'ils s'étaient fermés. Toutes les douleurs étaient passées, elle se releva alors et s'assit. Son regard était fixé au loin devant elle, il n'était plus troublée. Son visage avait un air froid et elle semblait sûre d'elle.

Elle se leva fermement, sans aucun tremblement. Regardant l'arbre en face d'elle, elle s'en approcha et y grimpa. Elle s'installa sur une des branches et commença à se balancer doucement, le regard vide, toujours fixé droit devant elle. On pouvait lui parler, la toucher, la bousculer, elle était plongée dans quelque chose de bien profond. Elle se balançait toujours lorsqu'un sourire apparut sur le coin de sa bouche. De petits gémissements au rythme de sa respiration sortaient de son corps, elle semblait habitée. Lorsqu'elle lâcha ce rire, celui-ci effraya les animaux, elle se retrouva seule. Un rire si diabolique... Elle était bel et bien habitée. La Folie la gagnait...

Quelques jours plus tard, après cet incident, la jeune femme restait bouleversée de ce moment. Malheureusement, cela s'était reproduit nombre de fois depuis. Mais depuis ce choc, plus rien ne l'empêchait de faire ce qu'elle voulait. Elle jouait de la vie, de la mort, des hommes et de tout ce qu'elle voulait. Plus rien ne lui était égal, elle était libre. Libre d'agir, libre de pensée, libre de tout. Elle changeait, ce n'était plus elle. La Folie prenait emprise sur elle, qu'allait-elle devenir si elle ne se rend plus compte de ce qu'elle fait...

Il lui restait cependant encore une chance de retrouver la réalité. Un seul lien qui lui permettait de rester elle-même. Cette personne, cette femme, cette aquamancienne. Sa belle Chouchoutte. Seule en étant près d'elle, elle était sûre de ne pas sombrer dans sa folie encore et encore. Mais la guerre approchait à grand pas et elle la perdit peu à peu de vue... Etait-ce la fin? Enfin sa fin...

Chapitre IV : Et d'un destin perdu...

Et elle avait raison, une grande bataille se préparait dans l'ombre de ces plaines infestées d'Hommes. Les armuriers finissaient les dernières commandes en masse d'armes, les alchimistes préparaient leurs dernières potions et les prêtres préparaient déjà les lits pour les futurs blessés qui n'arriveront pas que un par un... Une guerre de plus, cela ne changeait pas à ses habitudes. Elle était toujours aussi apte au combat, quoi qu'il arrive. Mais le doute se faisait, pour qui se battait-elle?

Elle ne pouvait rester seule ainsi, il fallait qu'elle rejoigne un clan. Sa soeur resta dans leur manoir, aux cotés de leurs parents. Tandis que la jeune druidesse cherchait un héros particulier, un certain Itashiestu. Celui-ci était le baron d'une guilde simple mais ayant de très bon combattants. Certes, certains membres, voire même tous, étaient assez spéciaux vu leur humour particulier. Une bande d'excentriques qu'elle appréciait pour leur bon savoir vivre.

Tous se pressèrent à se préparer pour le combat qui n'allait pas tarder, cependant elle prit le temps de partir en direction du manoir des Shai-Hulud. Une dernière fois, juste une dernière fois. Revoir cette femme qui lui avait redonné goût en la vie grâce à la pureté de son âme, ressentir une dernière fois cette douceur que nul être ne pourrait lui procurer, revivre encore un instant près d'elle, juste un instant. Un baiser ma chère, juste un dernier baiser...

Arrivée dans les dunes, l'aquamancienne reconnut sa tendre amie au loin et arriva en courant en sa direction. Les bras grands ouverts, la jeune femme étant prête à l'accueillir. Durant ces quelques minutes où elle était dans ses bras, aucune parole ne sortit de leur bouche. Seulement des gestes, ses mains effleurant le dos de chacune, se serrant l'une contre l'autre. Mais cet instant devait avoir une fin. Une des rares fois où la druidesse versait une larme, c'était en quittant l'aquamancienne. Juste un mot, un dernier mot glissé à l'oreille de la jeune magicienne.

-Je vous aime tant...

Il était l'heure. Qui allait tirer en premier? Elle ! Sans attendre, la bête en elle fit surface et saccagea tout ce qu'elle pouvait chez les ennemis. Aucune pitié, aucun état d'âme. Elle hurlait, lacérait, tuait ! Tout lui était égal, la folie gagnait. Même la bête ne pourrait pas la contrôler cette fois. Nul ne peut contrôler lorsque l'âme d'une personne est touchée.

Puis un soldat au couleur du Cartel stoppa la druidesse en plein combat et lui fit signe de revenir à l'abri. Elle obéit, on ne sait jamais. Et si cela ne valait pas le coup, elle repartirait à l'assaut. Mais elle ne repartit pas. Le soldat lui annonça une nouvelle. Triste nouvelle... Ses parents venaient de périr devant la cours de Zelandra. Un complot d'ennemis avait réussi à passer et tuer certaines familles avant de périr à leur tour.

Tout s'effondra autour d'elle. Les bruits, les hurlements, les massacres, rien ne la perturbait. Une seule chose... Et sa soeur? Où était-elle? Des traces de sang avaient été retrouvé dans sa chambre mais nul corps n'y reposait. Avait-elle encore un espoir de la voir en vie? Le soldat lui dicta les ordres et lui ordonna de partir en repos suite à la nouvelle.

Elle prit alors la direction des abris où se réfugiaient les blessés et se posa dans un coin. Assisse contre un appui, elle commença à se balancer de nouveau. Cette fois, elle était bel et bien faible et sa Folie ne l'épargnerait pas. Elle se leva d'un coup et se précipita vers l'étang où elle avait habitude de s'abriter. S'écroulant devant l'étang, elle regardait des larmes qui coulèrent le long de son visage.

- Maintenant, je suis vraiment seule...

De sombres pensées hantaient son esprit, les larmes ne cessèrent pas de couler, sa vie devenait insupportable. Toute la colère en elle remonta et ses griffes meurtrières firent apparition. Elle se detestait, elle se détestait au point de se lacérer elle-même. Le sang coulait sur son corps mais ses plaies refermaient vite, bien trop vite. Elle resta là pendant des heures, à se balancer, cherchant une solution à sa Folie mais rien ne lui venait.

Lorsque la nuit passa et les rayons du soleil effleurèrent la jeune femme, celle-ci comprit. Elle avait trouvé la solution, elle savait comment mettre fin à toute cette Haine et cette Souffrance. Il ne restait qu'à trouver comment masquer cette fin...