RP / Un pas apres l'autre

Découvrez Sopor Aeternus & The Ensemble of Shadows!

Un pas après l’autre, je marche, déambule sans joie dans ce jardin ; j’avoue, je ne fais ni attention au paysage, ni au sol que je foule, je n’ai pas l’envie de m’attendrir sur les fleurs, mais je pourrais les écraser sans la moindre gêne, détruire ce qui a était construit par le temps et la patience que je n’ai pas.
La colère partage la peine, la haine mal dissimulée, et j’attrape l’indécence entre mes mains, je perds mon sang froid quand mon épée découpe la chair des rosiers, décapite leurs pétales qui m’énervent d’être la, parce que les roses..

Tant pis pour le jardinier, demain il devra bosser en heure sup.

J’ai cette musique dans la tête, les mots qui s’écrabouillent au sentier lumineux et qui s’étranglent refusant d’emprunter la sortie et de dire, parler, hurler, supplier !
Ces mots qui sont si faciles, ces mots que je manie à l’ordinaire avec tant de facilité et qui restent là, figés, ramassés comme un vieux chêne qui a mal grandi, comme moi, moi celui d’ailleurs et qui va sans savoir où trouver la sortie des mots qui m’étouffent.
Je voudrais les cracher sur le pavé comme d’une indigestion, comme d’un vin tourné, comme d’un lendemain d’avoir trop bu, vinaigre et puasse, je voudrais vomir et hurler enfin.
Cracher sur le sol
Vider la peine d’avoir perdu ce quelque chose que je n’ai pas su trouver

Ça bat un rythme démesuré, mes tempes répondent en cymbales, mon cœur devient l’écho de notes mal jouées, fausses et sans gloire.
C’est sur le musicien ne sera pas payé pour sa démonstration pitoyable.
Il embrouille ma cervelle et ça claque sur le pavé quand au faux-pas, je manque de me rompre le cou.

J’imagine un banc sur lequel je m’affale, je me ramasse à la petite cueillere sur sa pierre froide et dure.
Mon épée inutile glisse de ma main et tombe sur le sol.
Un bruit sourd que je n’entendrais pas.

Les mots enfoncés dans la gorge, c’est pas ce soir que j’arriverais à crier.
Et toujours cette musique dans la tête, celle d’un pantin de bric et de broc, fait de rien et pourtant si beau du haut de sa scène, il serre des talons, il salue avec son brio et se courbe en courbettes pour remercier son public.
Petit pantin de bois à la peinture écaillée, maître des cérémonies au vernis de larme, aux joues empourprées, au regard des milles et une nuit.

Mon poing se resserre, mes doigts entrelacés s’étreignent, fort si fort que mes ongles déchirent la chair.
Et le sang suinte quand je l’entrouvre.

Je regarde ma main comme un membre inutile, sa paume blessée, ses lignes à lire et ses courbes étranges, mes doigts longs et fins maculés de rouge.

La colère reste là, inassouvie, éperdue, pendue à mes lèvres et comme le sang sur mes doigts qui coule et rougie ma peau, ma paume, ma main, je pleure et enferme ces pleures dans ma main, contre mon visage, mêlant le sel et le sang.

Ferme les yeux sur l’histoire du soldat mort pour rien pour un rien, un peu de ça, si peu d’un peu, il est peu de chose et je joue du peu, du rien, de peu de chose, des mots idiots pour en semer d’autres, aussi pauvres, aussi minces et sans finesse, la mort est idiote par essence !
J’ai perdu les miens, les uns après les autres, tous sont tombés et le glas de leur fin sans aucune gloire résonne encore et assourdit mes tympans, taraude mes oreilles et ça fait mal, ça fait mal..

Je revois leurs visages, mais la pluie d’autre fois a lavé leur trait, le temps, lui, aurait du les adoucir et j’y aurais vu des traits de joie, de paix. Au lieu de ça, je n’y vois que des visages que je peine à reconnaître.
Le temps a chassé les mauvais souvenirs, ceux qui font mal d’y penser, mais les bons souvenirs sont encore pires, et ça fait mal, si douloureux, si mal, mal dans les os, les os qui craquent comme leurs os dans le fond d’un trou ou les vers dansent dans un défilé macabre et sordide.

Nous étions venus de si loin, d’un autre monde, d’un autre temps et nous devions rester ensemble jusqu’au bout !
Jusqu’au bout..
Mais tous sont morts
Tous.

Le bleu, le rouge, le vert..

Ces couleurs paraissent bien fades ce soir, pourtant l’une d’entre elle m’a pris par la main pour guider mes pas jusqu’ici, et je devrais remercier cette main que j’ai aimé prendre, il y a longtemps..
Comme j’ai pris son corps..
Sa peau si douce, son visage d’ange sans aile, son regard émeraude, ses yeux dans la nuit qui brillaient sur le lac à en effacer les reflets d’étoiles.

Où es-tu maintenant !
Oui, toi.. toi qui m’a dit qu’ici c’est mieux ! Et que je ne serais plus jamais seul, plus jamais seul.. et que les couleurs ne comptent pas, et qu’elles n’ont que le sens qu’on leur donne !

Où es-tu..

Pas à pas, j'avance, aussi discrète que je le peux, tous mes sens en alerte... Derrière chaque fourrée je cherche une proie, non pas un gibier pour diner, mais une offrande à Añav'Drun...
Mon cœur bat à tout rompre... Je ne sais plus qui est la proie, qui est le chasseur. Verts, rouges ou bleus, ils sont tous mes ennemis et ce sera à qui tombera sur l'autre le premier... Peut-être est-ce moi qui suis traquée en ce moment même, peut-être que d'un instant à l'autre, un soldat surgira de nul part et mettra un terme à ma longue vie. Je suis seule, avec bien plus d'ennemis que d'amis...

Cette nuit j'avance sur les terres de Zelandra où il devrait être facile de trouver une proie, tous ces chemins je les connais, je les ai déjà emprunté dans une toute autre situation et malgré moi je me dirige vers des terres trop connues, sans même m'en rendre compte.
Est-ce mon inconscient nostalgique, les quelques restes de mes souvenirs refoulés qui me guident ou alors mon instinct ?
Quelle importance...

Cela ne change rien, je suis là, dans ces jardins si paisibles, mes jardins ! J'ai quitté la forêt et avance à découvert, redécouvre la beauté des lieux, plongent mes yeux dans chaque fleur... Je pense pouvoir rester encore un moment à flâner ici, comme je le faisais quand mon ventre était bien rond... Ils dorment tous, du moins je le croyais...

Au détour d'un sentier, je tombe sur lui... Ce visage, je le connais mais je ne peux y mettre un nom. Interdite, je l'observe, glanant des informations... Un lac... Un guerrier... Lui. Il m'aura fallut une longue minute.
Il a changé. Je n'ose y croire tant j'eus désirée le revoir, mais maintenant... J'ai changé aussi, tout à changé, sauf peut-être mon indifférence pour les couleurs. Le voilà vert, et moi rouge, qu'importe.
Debout, devant lui, je l'observe toujours, décortiquant chaque détail... et enfin je chuchote :

"Vous... ici ?
Dîtes moi, il n'y a personne d'autre que vous dans ces lieux ?"

En prononçant la dernière phrase, je scrute les jardins... Personne ne doit savoir que je suis ici.

« Tu me dis « tu » aujourd’hui, alors qu’hier tes mots étaient de feutres et si caressants.. »

Je n’ai pas eu à relever le visage, j’ai reconnu son pas, le même qui semblait flotter sur la surface du lac, il y a si longtemps maintenant.

« Tu as changé, ton regard a changé, tes couleurs aussi.. »

Ma main essuie mon visage, ma joue tracée de sang, mes yeux que la nuit ne peut cacher.
Je la regarde, comme je l’ai vu la première fois, perché sur une falaise.
Elle a changé.
Cette fois, je ne tomberais pas, l’eau n’engluera pas mon armure et mes gestes n’auront plus la maladresse de l’age.

« Je suis seul.
Pourquoi es-tu craintive, que viens-tu faire ici, si c’est pour trembler au moindre bruissement et que ta voix frissonne quand tu me parles ? »

"Tu ?..."

Ce mot reste en suspend sur mes lèvres pendant un court instant. Je comprends souvent mieux les pensées que les mots, elles sont si faciles à lire sur les visages. Maintenant c'est à mon tour de parler, de répondre et surtout de poser des questions... J'ai tant de chose à lui dire.

"Je ne suis pas craintive, je suis méfiante. Je me suis égarée, malgré moi en ces terres que je connais bien, comme quelques habitants de ce manoir. Pour eux, je suis morte ou disparue... Je crois. Je ne veux pas qu'ils me voient, ni qu'ils sachent, encore moins qu'ils me cherchent... surtout s'ils me trouvent.
Je préfère savoir que tu te promène seul dans mes jardins.

Est-ce la nostalgie qui te porte... ou peut-être la mélancolie ?
Tu n'arrive point à dormir ?
Crois moi, ce n'est pas ce que je vais te dire qui t'aidera à trouver le sommeil... au contraire."

Les mots dégoulinent sans accrocs, ils sortent simplement et facilement, ma voix est calme et posée... Mais sur la fin le ton est mauvais, pourtant il se voudrait sincère... Mon regard s'enflamme... La rancœur émerge peu à peu... J'ai peur de prononcer ces mots que je n'ai jamais dit, peur de les entendre aussi, de ma propre bouche. Il va falloir que je les crache pourtant, et je sais déjà que je vais m'emporter... Ils sont trop durs à supporter... Cette vérité, je la déteste.. Et lui, le père, il sera le premier à les écouter.
Et dans son visage je le revois, immobile, si petit, si fragile... dénuée de vie.

Il y a toujours cette dualité... Cet évènement qui alimente ma haine, nourrit mon envie de tuer et de servir Anav'Drun... Oh oui, la déesse sait le faire ressurgir de ma mémoire aux moments opportuns. Et en parallèle, je l'enfouis en moi-même, avec son aide, parce qu'il me rend folle, y penser me rend malade... Une souffrance toujours insupportable... Et que je ne peux que faire partager...

Je le regarde toujours fixement, perdant peu à peu le contrôle de moi-même.

"Oui, j'ai changé, et tu n'y es pas pour rien. Non, non... Tu m'as cherché ? Moi je t'ai cherché... et alors, dis moi...
Où étais-tu quand je me suis réveillée sur l'herbe humide ?
Où étais-tu quand je songeais à toi, à cette nuit ?
Où étais-tu quand je me posais milles questions et qu'elle restaient toujours sans réponse ?
Où étais-tu quand l'amour devenait souffrance ?
Où étais-tu pendant que mon ventre s'arrondissait ?
Où étais-tu quand, portant ton fils, je tenais à peine debout ?
Où étais-tu quand il est né ???
Où étais-tu quand son corps inanimé jonchait sous mes yeux ???

Où es-tu quand d'obscures forces m'envoient des visions de lui, si beau et souriant ???"

Le ton monte, les larmes coulent, toute en sueur, les tempes palpitantes... J'ai crié, tant crié que mes tripes sont sorties avec ma voix. Sur chaque fin de phrase, ma voix déraille un peu plus, se transformant en cri d'effroi où en râle désespéré. La dernière, je la prononce à peine... Et puis je quitte son regard effrayé...
Les bougies se sont allumées une à une dans le manoir, laissant s'illuminer nombre de fenêtres. D'ici peu, quelques uns des habitants seront là.
Je dois partir.

Découvrez Epica!

« Non, ne pars pas, ne te retournes pas.
Je suis venu pour toi..

Je me souviens de cette nuit, le souvenir de ta peau, la lune qui brillait dans tes yeux et ces perles qui caressaient ton ventre.
Comment aurais-je pu oublier ?
Comment oublier ce que nous avons fait..
Et puis les doutes, ces couleurs, maudites couleurs qui nous ont séparées.
J’ai fui au matin, laissant ton corps endormi et ton sommeil heureux aux premières lueurs.
Oui, j’ai fui et tu sais la raison.
Nos camps se haïssaient et rien n’aurait pu faire changer ça, rien n’a changer, rien ne changera jamais.

Ce matin la, j’ai couru loin de toi, j’étais fou de rage, fou de colère, j’ai brisé les os de ce soldat qui nous épiait..
J’ai refermé ses yeux remplis de larmes et j’ai compris que rien ne changerait et j’ai fui plus loin encore pour ne jamais te revoir, et oublier, oublier ton odeur, l’odeur de ta peau, de ta chevelure, l’odeur du lac et de ses boues, l’odeur de la nuit, l’odeur de cette étoile que j’aurais pu baptiser de ton nom, cette odeur qui ne m’a jamais quitté, comme un fardeau, elle a empoisonné mes nuits et mes jours en scellant le remord à l’encre des tatouages. Tu étais là, en moi, gravé pour l’éternité, au-delà des soupçons je t’ai enfoui en moi pour ne rien oublier et te garder près de moi.

J’ai rejoint les miens et j’ai continué à me battre auprès d’eux comme si jamais rien n’était arrivé, comme si tu n’avais jamais existé, comme si cette nuit n’avait été qu’un rêve, et jour après jour, j’ai fait semblant, j’ai vécu comme je le devais, à faire semblant que tu n’existes pas !

Mais.. Lorsque la nuit était là et que tous dormaient, alors enfin je pouvais rêver auprès de toi..

Combien de nuits j’ai refait ce rêve où les couleurs n’avaient plus d’importance, que les rois étaient enterrés avec leurs blasons assassins et que la paix régnait, que nous étions réunis et.. J’ai vu ton ventre s’arrondir, j’ai vu ses premiers pas..
Je l’ai vu tomber et se relever, têtue comme toi, sa mère. J’ai vu son sourire, le même que le tien, et son regard d’enfant qui rit, son regard qui brillait, ses yeux malins, sa petite main dans la mienne, son doigt qui serrait mon pouce, et ta main qui joignait les nôtres.

Dans mon rêve, il avait la couleur de tes yeux et même cette petite fossette que tu as au menton, là. Je peux la souligner du bout du doigt, je l’ai vu tant de fois que j’en connais le moindre de ses contours.
Et tu riais, tu prenais ma main pour en ôter une écharde, et tes lèvres essuyaient cette minuscule goutte de sang qui perlait de ma blessure.
Je t’ai porté sur l’herbe fraîche, nos corps se sont épousés dans une étreinte folle, tu riais, tu criais, nous roulions dans l’herbe fraîche et nous étions heureux, nos éclats brisaient les chaînes de ceux qui voulaient nous emprisonner, nous avons croquer mille fois le fruit défendu, affamés, gourmands, l’un de l’autre, jusqu’à l’épuisement et j’ai regardé rouler cette gouttelette de sueur sur ta nuque, suivre son parcours entre tes épaules et puis couler et s’enfoncer dans la chute de tes reins.

Oui, je t’ai rêvé.. Chaque soir, je t’ai rêvé et chaque matin je t’ai quitté, impatient que la journée se termine pour enfin, te retrouver.
Et vivre.

J’ai échafaudé le plan de changer, de devenir quelqu’un d’autre pour te retrouver.
Je n’ai pas trahi les miens, non je n’aurais pas pu.
Maintenant, ils sont tous morts et moi aussi..
Et je suis revenu d’entre les morts pour toi...
C’était mon plan, devenir un des plus puissants guerriers.
J’ai atteint ce somment et j’ai pu renaître, différent, et libre ! Libre..

Regardes-moi..
Que vois-tu ?
Regardes mes mains.. elles tremblent devant toi.

Regardes-moi !

J’ai pris tes couleurs
Je n’obéis plus à aucun trône, je suis libre !

Mais que dis-tu..
Où est-il !
Où est mon fils..
Parles ! Réponds ! Réponds-moi..

Qu’as-tu fais.. Niniel ! »

Découvrez Tykwer/Klimek/Heil!

Je suis là. Je n'ai pas bougé.
Une larme coule doucement, émergeant de mon œil, contournant ma joue.

« J'ai fait ces rêves, ou plutôt je les ai espéré.
Cachant la vérité tant que je pouvais, cachant ma peine et ma mélancolie.
Chaque nuit, je jouais de ma harpe, la musique entourait mes épaules et j'arriverais à te voir dans ces douces mélodies. La nuit souriait parce que je te croyais à mes côtés, je l'attendais avec impatience et désespérais qu'elle laisse place au jour.
Je gardais tout pour moi et ne me confiais qu'à un morceau de papier et un peu d'encre.
Tu occupais chacune de mes pensées, je t'aimais tant.

Mais il y avait mes espoirs et il y avait mes rêves.
Dans ceux-ci je nous voyais tous les trois aux bords du lac, je le voyais avec ses grands yeux verts et sa bouille d'ange courir jusqu'à tes bras. Il me regardait et je me détournais, vous laissant tous les deux. Je n'avais pas ma place dans tes bras.
Jamais je nous ai vu ensemble, quelque chose nous séparait, bien plus qu'une couleur...

Mon ventre s'arrondissait peu à peu, je ne pensais qu'à te retrouver, pour que tu sache. J'ai été sotte, bien sûr que tu savais, comme tu connais mon nom... Comment ? Je n'arrive pas à saisir le tiens que j'ai pourtant sur le bout de la langue depuis le premier instant.
Puis vint le temps où je fus obligée d'avouer, quelque part j'avais trahis ma famille, mais ils furent compréhensifs et mon quotidien s'améliora quelque peu... A ceci près...

D'autres rêves apparurent, des souvenirs... Je crois. Ils étaient perturbants, gênants, terrifiants. Eux aussi, je les ai gardé pour moi, même l'encre et la feuille n'en eurent pas vent. Perdu entre le rêve et la réalité, je faisais tout pour les oublier, mais ils furent de plus en plus nombreux et ils m'obsédaient.
Qu'est ce qui était vrai ? Qu'est ce qui ne l'était pas ?
Il fallait que je sache, quel qu'en soit le prix.
Ils me rendaient la vie impossible, je n'aurais pas vécu plus longtemps ainsi...
Tout était si horrible, les instants de bonheurs paraissaient si rares... Etait-ce vraiment moi ? Non, non, comment aurais-je pu...
Horrible mais si réel.

J'ai essayé de te revoir une dernière fois, retournant à ce lac... J'ai effacé tous mes écrits, et toi, tu n'es pas venue.
Alors je suis repartie pour partir définitivement.

A la recherche de réponses, j'ai invoqué un esprit mort et une déesse que la solitude a rendu folle et perverse.

Ensuite... je... non... Je ne peux pas te dire ce qu'il s'est passé...

Je... Je...

Je sais juste que j'ai accouché, et qu'il était mort... Je n'ai même pas pu le tenir dans mes bras... Aranel, mon fils.»

L'émotion était palpable, ma voix tremblante dés que je parlais de mon fils, tout mon être tremblait d'ailleurs...

« Alors je suis partie, détruisant tout sur mon passage, y compris mon invocation. Mais la déesse ne me lâchait pas, et seule sa volonté de me détruire égalait ma fureur, ma folie et ma haine...
Jusqu'à ce que je trouve ce refuge, un magnifique temple en ruine, protégé par les pouvoirs d'une autre déesse.

Je ne dirais rien de plus sur cette nuit là, j'en ai déjà trop dit. C'est si étrange de raconter tout ça. Pour une fois que je peux en parler sans que des souffrances insoutenables me parcourent le corps entier telles des milliers de petites lames mal affutées.

Regarde moi, je n'ai jamais été aussi pâle, je n'ai jamais été aussi mince, presque maigre. Je ne dors plus, je mange à peine.
Mais je suis bien, assumant chacun de mes actes, je ne tue plus pour survivre, ni pour un Roy, ni pour une couleur, je tue pour moi, pour Añav'Drun, et j'aime ça, la soif de sang qui me parcoure, la recherche de l'originalité à chaque nouveau meurtre. J'offre de la souffrance pour calmer la mienne.
C'est devenu un art, un plaisir... Une vengeance...
Je tue pour elle, sacrifie des vies, et elle, elle m'aide à combattre cette autre déesse que je ferais déchoir.
Et quand je rentre dans ce lieu bénit il est là, à m'attendre... Juste pour moi.

C'est chez moi maintenant.
Ne me retiens pas. Ici je serais jugée.
Pour eux je suis morte et ils font bien de le croire.
Ils souffriront plus à me savoir devenu ainsi... et moi aussi à lire le dégout dans leurs regards...
Le tiens est déjà bien assez dur à soutenir... Toi aussi, tu me juge. »

Je regarde mon fin bracelet d'argent, il étincelle sous la lumière de la lune, le saphir s'illumine avec une étonnante puissance.
Il est vraiment temps que je rentre chez moi.

« Tu es sombre.. tu es maigre, bien trop maigre ! A quelle magie as-tu fait appel ! Pour que tu te perdes..
Tes yeux ont perdu leur éclat, tu respires la faim de sang et ton haleine pue l’assassinat !
Tu n’es plus celle que j’ai connu, tu n’es plus celle qui flottait dans la nuit au rythme d’un vent tiède, celle que la lune éclairait d’étincelles dansantes, celle qui ne voyait le mal que dans les yeux de l’autre. »

« Qu’as-tu fait de mon fils !

Traitresse.. »

Il devient fou, il la bouscule, serre ses poignets et la secoue comme un mannequin de paille, et puis la repousse, et se détourne d’elle.

« Va t-en ! »

Je deviens fou.. elle souffre, je le sens, je le vois dans son regard.
Pourquoi lui faire plus de mal qu’elle n’en a eu.
Elle est si belle..
Elle a tué mon fils.

Je rugis de peine, et de rage, je sors mon épée que je colle sur sa gorge, prêt à la trancher et en faire jaillir le sang..

« Comme ton habit !
Rouge et épais
C’est ça que tu veux ! »

J’ai mal et je veux te faire mal, mon épée pourrait.. oui, elle pourrait ouvrir ta gorge, elle pourrait t’ôter la vie. Je pourrais te saigner comme un porc !
Tout ça.. Tant de sacrifice pour ça !

Colère, rage, haine, peine, et le meurtre au bout de la lame, entre mes doigts la garde serrée, je retiens cet instrument de mort..
Je fixe ton regard avec la froideur des assassins, le même que celui du chasseur quand il brise le cou d’un cerf.

Je ne peux pas !

Je lâche l’épée
Devant tes yeux, je regarde mes mains, leurs paumes tournées vers moi, vers mon regard effrayé soudain. Je contemple ses mains assassines que je retourne vers toi.
Délicatement, je touche la peau de ton visage, du bout des doigts comme si tu étais une porcelaine qu’on ne veut pas abimer. Je l’entoure, j’enveloppe la peau fine et suave, tes joues, elles rosissent un peu ou bien c’est moi qui le souhaite..?
Elles tremblent maintenant.

Je ne voulais pas bouger
Mes jambes m’ont trahi
Mes mains glissent sur ton visage, elles voudraient se retenir, agripper ton cou, une épaule ! une mèche de ta chevelure..
Je tombe à genoux, le visage enfoui sur ton ventre, les mains sans réponse, vides de sens et qui cherchent les tiennes toujours du bout des doigts, dans un ultime frémissement.

Le bracelet gît sue le sol, sans le vouloir je lui ai arraché.

Je reste impassible, subissant sa rage et sa colère. Je subis ses assauts, sans aucune réaction, pas même un battement de cil.
Imperturbable.
Ses mots ne m'atteignent pas, qu'il crache son venin.
Sa lame ne me fait pas peur...

... Crois-tu pouvoir faire maintenant ce que tu n'as jamais réussi à faire auparavant ?...

Son regard, je le transperce. Je ne vacille pas devant sa froideur.

Ses doigts qui glissent sur ma peau, s'emmêlent avec mes cheveux puis tombent avec lui m'inspirent un brin de nostalgie...
Mais ce temps est révolu, et le bonheur n'est plus possible quand le lien qui nous unit est mort.

... Tu ne trouveras plus de vie dans ce ventre...

Je me laisse glisser au sol à mon tour, agenouiller devant lui. Je crois vouloir qu'il me prenne dans ses bras... Mais ce ne sont pas ces bras là que je désire... D'autres... Ailleurs...

Je remet ma carapace, laisse ma mémoire filer, mes souvenirs se brouiller... Peu à peu...
Mon bracelet est à terre toujours aussi étincelant.
Je n'ai plus besoin de lui maintenant...

Sans réfléchir je le ramasse délicatement et lui glisse dans la paume en prenant sa main. De mes deux mains, je referme son poing sur le bijoux, un sourire serein sur les lèvres et avec un regard doux.

« Garde-le. Il est à toi désormais... Ce n'est pas un simple bijoux. »

J'embrasse une dernière fois sa main avant de me relever et de quitter les lieux, tel un spectre dans la nuit.
Je repars vers le temple, le sang n'aura pas couler cette nuit.
Je rêve de ces bras qui m'attendent...

Et j'oublie... Lui... Eux... Un enfant ?... Quel enfant ?

Un reflet un scintillement, qui me tire de ma léthargie, une scène entrevue, entraperçue, des cris, des mots, laissez moi en paix, mais non rien c'est mon attache qui cède, que l'on romps dans un élan de colère. Ainsi c'est lui, le voilà le fameux ... père. Je tombe en cliquetant pauvre petite breloque, la perte de son contact me réveille tout à fait, je laisse filtrer un scintillement de frustration, de colère. J'ai beau être morte, on ne m'a jamais aussi mal traitée ! Quel rustre ! Que croit-il ? Que c'est ainsi que la magicienne entendra raison ? Pauvre fou.

Ah mais voilà que l'on me ramasse, parfait petite elfe, allons nous en retournons à ce temple délabré qui nous sers d'abri. Voilà ramasse moi et partons, de toute manière qu'elle importance je ne suis qu'un esprit, une gardienne, je laisse une légère chaleur irradier de mon réceptacle pour marquer ma satisfaction, tout les deux ... vous mériteriez des baffes, pauvre petit bracelet que je suis, de voir supporter pareil scène, ah dire que nous fûmes amies ! Peuh ! Mièvrerie oui ! Mais que fais tu ? Rattache moi ! Allons repasse moi à ton poignet sotte que tu es ! Tu vas nous perdre toutes deux petite péronnelle ! Je scintille par à coup pour marquer ma désapprobation et mon inquiétude mêlées, ma maîtresse ne laissera pas passer ça et je refuse de retourner dans le néant ! Hé non pas à lui ! Tu vas me conserver, c'est un ordre ! Obéis moi sotte d'elfe ! Tu nous condamne !
Non ! Je ne suis pas à lui, hors de question ! Ce rustre me vendra au premier imbécile venu ou pire ! Me fera fondre ! Reviens ! ne me laisse pas tu entends ? Elfe ! Niniel ! Trop tard ... et toi grand dadais stupide ? Qu'attends tu pour me rapporter ? S'il lui arrive la moindre chose, c'est sûr moi que cela va encore retomber ! En avant stupide tas de muscle ! Je te l'ordonne, foi de bracelet tu vas bouger ! ...

Très bien tu l'aura voulu ! Je me met à irradier une chaleur de plus en plus intense, jusqu'à lui brûler la paume de la paume pour attirer son attention. Ah voilà qui est mieux on me remet ? Je scintille une nouvelle fois, non tu ne rêves pas imbécile, j'ai une volonté propre et un but à accomplir alors en avant ! Ah oui mais tu ne m'entends toujours pas ... faut-il que je me manifeste devant toi ? Grumpf, tu serais bien foutu de me prendre pour la sainte vierge et me vouer un culte ... Je me contente de laisser mon pouvoir t'envahir de manière à ce que tu m'entende.

"Tu peux me croire si j'avais su que je signais pour ça je te l'aurais envoyer bouler l'autre pimbêche ... Debout là dedans ! Maudite casserole rouillée ! Oui, toi là, avec l'air bête et ton couteau à beurre ! Tu m'entends ? Bien alors tu baisse les yeux quand je te parle ! Oui là le truc qui chauffe et scintille. Je t'ordonne de me ramener à ma magicienne ! Allez hop exécution ! Qu'attends tu ? Un dessin ? Une apparition ? T'as vu la vierge ?"

Je scintille dans sa main sous l'agitation, je le sens pas ce coup, il va se passer une chose terrible, je le sens gros comme une galère, je vais me retrouver une nouvelle fois dans les limbes. Bon il se décide à bouger, qu'est ce qu'il a à me fixer d'un air veau comme ça ?

"Ohé du tas de ferraille ! T'as jamais vu un bracelet comme moi pas vrai ? Je sais je suis sexy avec ma pierre bleue et je serais ravie de te faire toutes les danses que tu veux mais ramène moi de suite à MA magicienne ! Qu'est ce que tu comprends pas ?"

Ma pierre qui justement vire au bleu violacé sous l'énervement ...

Elle se sauve, elle s’en va…
Elle emporte ce dernier souffle que je voulais partager, l’ultime souffle des silences et des nuits occitanes, des verbes qu’on a pas encore inventés, ces souffles de mots qui s’envolent et qui auraient pu se lover près de son oreille pour lui raconter des histoires qui finissent bien.
Mais celle-ci semble vouée à se finir mal, si mal que mes mains tremblent encore de ne plus sentir sa peau sur la mienne, sa fièvre que j’ai basculée un jour sur les sables tièdes d’un lac en effervescence et nous avons aimé la nuit, et nous avons hais ce jour qui nous a arraché des torpeurs d’un rêve impossible.

Maintenant, je la regarde disparaître dans les lueurs du jardin, ces faibles louanges d’une paix apparente, ce tombeau d’un lac mort d’avoir cru pouvoir espérer ou d’avoir trop attendu.
Je devrais me lever, relever le menton, jeter ma fierté aux orties et te suivre, te poursuivre, courir après toi et t’attraper, attraper tes mains que j’ai tant désiré et te chanter des mots drôles pour ton sourire, des mots heureux pour la fin de l’histoire, mais je ne suis pas chanteur, j’ai déjà trop couru et si tu t’en vas, alors ne reviens jamais.
Je suis bien ici, j’ai trouvé une famille, peut-être.

Ne reviens jamais…

« Qu’est-ce que..

Qui es-tu toi ?

Comment une aussi petite chose, peut-elle faire autant de bruit ?

Et.. et tu es mal polie ! Tu me déranges petite chose, tu vois pas que j’essuie mon malheur sur les joues d’une nuit qui était calme ! »

Je regarde le bracelet suspendu entre pouce et index.. je le secoue pour voir si la petite chose sait râler.
Apres tout, elle sait crier à m’en fendre le tympan, elle sait faire de la lumière, elle est grossière aussi, et elle se prend pour une reine qui donne des ordres à son petit personnel…
Et « JE NE SUIS PAS DU PETIT PERSONNEL ! »

« Et si je te laissais la, posée sur l’herbe, tu saurais ramper ? »

Découvrez Evgeny Svetlanov!

Devrais-je faire un choix ? Je n'aime pas ça, je ne veux pas choisir.
Je ne veux pas qu'on me chante l'amour, qu'on chante pour mon sourire, et que ce soit à qui chante le mieux, tels deux oiseaux faisant leur parade.
Je ne veux pas qu'on se batte pour le contact de ma peau, pour mordre mon cou, attraper mon regard, embrasser mes lèvres...
Pour l'instant, encore, je n'ai pas à faire ce choix, la route est toute tracée, j'aime Nicko et le désire même dans mes plus sombres cauchemars. Je veux être avec lui, ma main effleurant la sienne et s'assurant de sa présence, et son apaisante sérénité. Et ensemble faire couler le sang. Et jamais plus le quitter...

Et pourtant quand je te vois, je veux revivre cette nuit, prendre tes mains et ne plus les lâcher... Plonger mes yeux et lire tes pensées les plus profondes... M'enivrer de ton odeur et de la chaleur de ton corps... Partager tes rêves... T'embrasser et te chérir, malgré moi. Et si je n'avais pas tant ce sentiment d'abandon, je t'aimerais sans doute encore... Je t'en veux, je ne t'ai pas encore pardonné... Tu es autant responsable que moi de ce qui est arrivé...

Ainsi en partant j'ai l'impression d'avoir laisser une partie de moi-même, un bout de mon cœur et quelques désirs.
Mais il y a autre chose, quelque chose... quelqu'un... Je me sens si faible depuis que tu as ôté ce bracelet de mon bras, Eliyane...
Je cours le plus vite possible, l'entendant vociférer... Tant que c'est encore elle...
Oui, je sais, je devrais revenir te chercher. Je sais, je n'irais pas loin sans toi. Je sais que je suis vulnérable... Oui, je sais... Je sais tout ça.
Je n'avais pas mesuré ta puissance, ni ta protection... Je n'avais même pas encore remarqué ta présence... Joli petit bracelet... Comment et pourquoi t'es tu retrouvée là-dedans ? Qui sers-tu ? Je suis perdue...
Et je l'entend qui se rapproche, Elle... Priëm... De plus en plus près... Elle est là... Je sens son souffle... Et je cours toujours... Je suis à mi-chemin... Mais elle arrive, je le sais... Eliyane... ELIYANE !!!

J'ai arrêté ma course, profitant de l'instant de calme qu'il me reste pour réfléchir... A mi-chemin entre le temple et le manoir.
Que faire ? Aller chercher protection au temple ou alors revenir te chercher... ?

Je ne sais pas.

Qu'est ce que c'est que c'est questions stupides encore ? Serait-il sourd ? Non, il à sûrement dû trop prendre de coups sur le crâne moui ça doit être ça ... à ce demander ce qu'elle à bien pu lui trouver ... Pourquoi dois-je toujours tomber sur les fous et les idiots ? Rah je vous jure des fois je me pendrais, si j'étais pas déjà morte !

"Stop ! Suffit les questions !! Je ne suis pas une petite chose, nom de Dieu ! Je n'ai pas le temps de ménager ta susceptible fierté de mâle blessé, espèce de grande perche écervelée ! ..."

Qu'est ce qu'il fait ? Héé ! Stop ! J'ai la tête qui tourne maintenant, espèce de grande bécasse ! Comment ça me laisser là ? M'abandonner ? Il est fou ! Je me mets à scintiller follement passant par toutes les nuances de bleus possibles et inimaginables.

"Qu'est ce qui tourne pas rond chez vous autres vivants ? Le temps presse ! Je suppose que tu ne bougeras pas sans avoir eu quelques infos hein ? Bon alors ouvre grande tes oreilles parce que je n'ai pas le temps de me répéter, il nous faut la rejoindre dès à présent !"

Je prends une pause minime le temps de lancer une sonde mentale vers la stupide elfe, rien. Je suis dans la brume et ça m'inquiète je ne devrais pas avoir de difficulté à l'atteindre pourtant ... Si je n'arrive pas à convaincre cet espèce de grande courge, elle sera perdue.

"Je suis Eliyane, l'esprit d'une femme morte il y à quelques temps, comme toi j'ai connue l'elfe de mon vivant, il y à peu encore j'étais en train de revivre en boucle mes tout derniers instants ... je suppose que c'est lié à mon voeu de ne pas connaître de repos sans tous les avoirs eu, enfin bref toujours est-il que notre "gracieuse" magicienne m'a tirer de là par un rituel elfe qu'elle n'as pas respectée totalement du coup j'étais censée payer les pots cassés à sa place. Va savoir comment, je suis maintenant liée par une nouvelle promesse à une sombre entité, celle qui t'as arracher ta femme et ton fils, qui fais de moi l'esprit gardien de l'elfe ...

Alors quand je te dis de bouger et de me ramener près d'elle, tu ferais mieux, bougre d'imbécile d'amoureux transi, de m'écouter ! A moins bien sûr que tout tes sentiments ne soient au final que poussières au vent ..."

Abasourdie j'émet une stridulation suraigüe en sentant une vague de ténèbres repousser furieusement mon tâtonnement fébrile. Priëm ... Affolée je scintille dans tout les sens passant d'une froideur glaciale à une chaleur infernale. Il n'y à plus la moindre seconde à perdre !

"Elle est ici ... Il n'y à plus un instant à perdre, choisis maintenant ! Rapporte moi à elle ou laisse la crever, mais choisis vite Speaker, le temps nous est compté ..."

« Très jolie couleur, petite chose !
Tu peux faire de la musique aussi ?

Et oui, petite chose, je ne bougerais pas… sauf si… De dieu c’que tu peux être bavarde ! »

Maintenant assis, j’observe le bracelet qui scintille et qui parle, et qui parle…

C’est donc cela…

« Quelle est cette entité ? Où puis-je la trouver que je lui ouvre la poitrine et lui arrache le cœur !
Je veux la voir crever et je crèverais tous ceux qui sont complices…

Es-tu complice petite chose ?

Et ne parles pas de sentiment, tu n’es qu’un bracelet stupide et tu cries trop ! Tu fais du vent ! Tu brasse l’air et tu déranges ma peine !
Laisses-moi tranquille, petite chose, je suis las.
Elle est partie, elle ne veut plus de moi et toi… toi tu m’ennuies ! »

Il referme sa main sur le bracelet, refusant d’écouter et d’entendre les paroles d’un maléfice.
Pourtant…

Je me souviens de ton regard, de cette nuit, de ces rêves que j’ai inventés pour nous, pour toi, pour tes yeux dans mon regard. Pour cette nuit là, j’ai refait mille fois le chemin à l’envers et retourné les sentiers, tous les sentiers battus et les chemins de traverses, j’ai rêver si fort te revoir et t’enlacer, j’aurais voulu être près de toi, si proche, et épouser ton corps une fois encore, une toute petite fois, une dernière fois.. non, la dernière sera avant ma mort.
J’ai fait ce serment de te trouver et ne plus te quitter, et personne ne me fera mentir, je les tuerais tous..

Je me fous des couleurs, des blasons, de la magie, des sorcelleries !
Je me fous des esprits et de leurs sortilèges !
Je n’ai peur de rien, de personne, je suis mort déjà
Deux fois, je suis mort
La première fois, en te quittant
La deuxième pour te rejoindre

Je les crèverais tous.

La colère gagne son esprit, elle est sa carte maîtresse, cette fois.
Il sort le bracelet de sa poche.

« Allons-y petite chose, et racontes-moi encore, je veux tout savoir.
Guides mes pas.
Je veux connaitre le nom de celui que je tuerais »

Ma voix se fait soudain glaciale et sans timbre. Une voix d'outre-tombe ferme et résolue et monte ce ricanement mauvais qui avait tant effrayé l'elfe.

"Te crois tu de taille petit homme à défier une déesse sur son propre terrain ? Tu parle sans savoir de quoi il en retourne, mais je n'ai pas encore le temps de t'instruire..."

Ma voix se brise à l'écoute de ses propos, dénuée de sentiments ? Comment ose-t-il ? Que sait-il de moi, de ce qu'il m'en à coûté pour échapper à cette damnation ? Non je ne me tairais pas, je tente en vain de me calmer, blessée par ces paroles injustes et ce jugement sans équivoque. Comment pourrait-il me comprendre ? La seule chose qui retiens ma réplique cinglante est le peu de temps qu'il reste à l'elfe, je ne peux me permettre une dispute supplémentaire avec cette tête de lard d'encuirassé, alors je me tais en grinçant des dents ... si tant est qu'un bracelet le puisse.

Ma pierre devient bleue translucide alors qu'il me plonge dans sa poche, nous sommes perdues ... Priëm recouvrera son emprise sur Niniel et Elle, Elle ne me pardonnera pas mon échec et me jetteras en pâture à l'autre. Mon âme est tout ce qu'il me reste, je ne veux pas la perdre ! Alors je tente en vain d'attirer son attention, mais il est hors d'atteinte, trop de peine et de chagrin barricadé qu'il est dans sa sphère de sentiments contrariés. Alors viens la colère.

Celle qui monte en moi, qui monte en lui. Je ne veux pas me résigner, j'ai tant perdu et lui aussi. Deux échos qui enflent et se répercutent, alimentant les sentiments de chacun. Je retrouve subitement la douceur du ciel nocturne. Bien, peut être comprendras-tu ... un jour ou l'autre ...

"Je ne peux pas t'indiquer de direction, nous allons devoir nous en remettre à tes "talents"de pisteur. Je ne parviens plus à la situer, ce qui signifie que le temps nous est compter ... sache le, il y à plus en jeu que la vie de l'elfe."

"Mets toi en route, je t'en dirais davantage en chemin. Remonte sa piste et trouve la avant que Priëm ne la trouve."

Je suis inquiète les ténébres s'épaississent autour de nous ...

"Que désire tu savoir de plus ?

« Ta voix change petite chose, elle est caverneuse et sombre, tu sens le trépas, l’outre-tombe, tu empestes la mort !
Et tu ne me fais pas peur
Comme ta déesse ne me fait pas peur.

Pourquoi aurai-je peur de la mort ? Elle est ma compagne, je l’ai couché sur mon lit de paille comme une maîtresse de chair et de sang, je me suis vautré sur son corps comme un chien affamé, et j’ai transpiré son odeur tant la peine m’a rongé.
Non, je ne crains pas la mort si c’est le prix à payer.

Tu ne vois en moi que le guerrier, l’armure lourde, la cuirasse qui reflète sur le cœur et le protége, cette épée qui frappe le long de la cuisse. Et l’homme, qu’en est-il ? Tu ne sais rien de moi, tu ne peux même pas imaginer le monde d’où je viens et tes démons ne sont rien d’autres que des chimères, là d’où je viens.
Mais, tu ne peux pas comprendre.

C’est étrange, tu es si petite que je pourrais t’écraser sous ma botte et pourtant quelque chose m’apaise et retient cette envie de broyer ce bracelet stupide.

Racontes-moi Priëm…
Dis-moi ce que je dois faire.

Et je retrouverais Niniel. »

"Alors tu es stupide ... Ne me juge pas non plus à mon apparence, je reconnais l'emblème qui décore ton tabard, moi aussi je l'ai porté de mon vivant, cela t'étonne ? Ce n'est pas ta mort qui t'attends si tu emprunte ce chemin de vengeance oh que non ... Je te l'ai dis, ce n'est pas ta vie ou celle de l'elfe qui est seulement en jeu dans cette histoire.

Tu juge ma vision limitée ? N'est ce pas le cas de la tienne ? Tu ignore qui je suis, tu ne me connais pas ! Tu ne sais pas ce que j'ai du endurer par le passé ! Alors épargne moi tes couplets grandiloquents sur l'héroïsme suranné propre à vous autres les mâles. Tu dis ne pas craindre la mort, que mes démons sont chimères ? Mais moi j'ai vu l'autre côté du miroir ... J'ai traversé cette frontière, crois moi, il y à tout à craindre de la mort, les démons ne sont que trop réels en ce monde.

Allez hâte toi te dis-je !

Je ne sais rien de Prïem ... ou si peu ... C'est une déesse moribonde, oubliée et pervertie par la perte de ses fidèles. L'elfe lui a demandé de ramener un esprit pour répondre à ses questions ...Mais elle a refusé de payer le prix demandé par ce rituel en sacrifiant un animal plutôt qu'un être cher à son coeur, ce qui a permis à Prïem d'échapper à son contrôle et lui a laissé une marge de manoeuvre suffisante pour tenter de la posséder. Par mon entremise ... J'ignore pourquoi moi, pourquoi ce fut moi qui fut appeler, mais j'étais la marionnette de cette déesse, incapable de la moindre initiative et totalement soumise à son contrôle. Du moins jusqu'à ce que ta magicienne ne parvienne sans trop savoir comment à repousser Prïem et à me laisser à moi aussi une marge de manoeuvre ... C'est à ce moment là que j'ai aidé l'elfe à mettre au monde votre enfant. Niniel a dû flancher et a tenté de me renvoyer dans les limbes ... sauf que Prïem s'étant mis en tête de posséder l'elfe repris son emprise sur moi, me régénéra et me lança sur sa piste ... mais l'elfe avait atteint un sanctuaire, une autre déesse ... qui s'opposa à Prïem, je me suis retrouvée livrée à moi même, à nouveau mourante et cette Añav Drun me laissa le choix ... une éternité de servitude et d'esclavage sous cette forme ... ou retourner d'où je venais ... La suite tu l'as connais ...

Rapporte moi à elle et passe moi à son poignet, je saurais la cacher à Prïem, mais ils nous faut la retrouver les premiers ... plus un instant à perdre ! Cours !"

Priëm ou Añav'Drun... As-tu fait le bon choix Eliyane ?

Elles ne sont puissantes que par l'importance qu'on leur donne, je me souviens d'un vieil homme qui criait ce genre de choses à la nuit tombée, il avait l'air d'un fou. Les dieux ne sont que des inventions de nos esprits servant à nous rassurer, à répondre aux questions sans réponses, disait-il.
Pourtant quand je vois leurs manifestations, je ne doute pas, ce n'était qu'un pauvre fou, la solitude et la misère lui avait fait perdre la tête. Et il nous traitait de fous de croire en des entités pareils... Qu'elles allaient nous mener à notre perte... Sans doute n'avait-il pas complètement tort.

Et toi ?
Tu pourrais être là, à m'achever pour elle et enfin reprendre ta liberté.
Mais tu as choisis d'orner mon poignet, de me protéger d'elle... jusqu'au jour où, peut-être, nous arriverons à la renvoyer dans son monde et sa solitude. Je n'ai pas la moindre idée de comment m'y prendre... Et comme toi je me suis emprisonnée, un refuge contre mon âme... Mais comme on y prend goût... Je n'ai même plus envie de me battre pour sa perte, mais juste vivre pour la grande Déesse, cela me va.

J'ai repris ma course, vers le temple... Je n'étais pas sûre d'arriver à te retrouver. Qui sait où il aurait pu t'emmener.
Les ténèbres m'entourent, la tête entre mes mains, j'essaye d'ignorer ses cris stridents, son râle insupportable...
Je trébuche et m'étale au sol, son visage est à côté du miens... Comme son corps. Elle caresse ma joue de ses longs ongles sales, noirs... Son sourire est malsain, son regard pervers, perdu... Tout est empreint de folie chez elle. J'ai l'impression de voir mon reflet, et pourtant elle ne me ressemble en rien, sa peau est foncée, la mienne si pâle, et tant d'autres choses nous éloignent.
Et d'un coup elle disparait, totalement... Une décharge parcours tout mon corps, suivie de convulsions, j'ai le sentiment d'avaler quelque chose, d'avaler de travers, quelque chose qui ne passe pas. Et puis plus rien.

Je ferme les yeux un instant...

Je suis toujours là, allongée dans l'herbe, bien vivante, toujours la même. Je reste couchée... je suis si fatiguée...

Nombre de messages : 2 Age : 94 Date d'inscription : 07/09/2008 Points : 0

Speaker… entends ma voix…

Je suis revenu du Baart Äl pour te mettre en garde.
J’ai entendu ta souffrance
J’ai entendu l’essence du mal roder autour de toi

Cette âme emprisonnée dans le bracelet ignore tout de toi
Laisse la dans l’ignorance
Ne te révèle pas
Ton arme ne réside pas dans ton épée
Souviens-toi de mon enseignement, souviens-toi !

SAEPE PREMENTE DEO, FERT DEUS ALTER OPEM

J’entends sa voix
Je n’ai pas oublié
Je ne t’ai pas oublié

J’obéis, je suis ta voix, tes sens sont les miens, ils me conduisent auprès d’elle.

Je serre le bracelet dans ma main. J’ai écouté son récit, entendu son histoire, j’aurais pu frémir et tressauter à la virgule, mais je ne suis plus seul..

Je parcours ce chemin que je ne connais pas, je suis perdu, complètement égaré, mais il me guide, je peux fermer les yeux et avancer au travers des arbres sans qu’une branche brise sa volonté sur mon visage, mais je ne le ferais pas, je ne suis pas stupide.
Au fond, je ne suis plus très sur de moi, je cherche ma destinée et je ne suis pas certain qu’elle se trouve au bout de ce chemin.

Elle a changé, je ne la reconnais pas, je n’ai pas reconnu son visage et ses mots n’ont pas résonnés comme je les ai rêvé.

Alors pourquoi ? Pourquoi continuer et ne pas rejoindre ceux qui eux, m’attendent encore, je le sais, les miens, deux d’entres eux sont encore en vie.
Où est ma place..
Ici, ou bien auprès des miens ? Apres tout, il n’est pas trop tard, et elle.. elle m’a rejeté déjà, elle ne m’a pas attendu et tout, jusqu’ici, tout ce que j’aurais fait pour la rejoindre n’aura servi qu’à m’éloigner des miens, les derniers survivants d’un monde qui paraît si loin maintenant, pourtant ils me manquent et pour la première fois, je regrette ces bourreaux qui étaient les nôtres.

Assailli de doute, je la rejoins.
Elle est allongée sur le sol, le souffle fatigué.
Je saisis son poigné pour y glisser le bracelet.

Bargar'Aute Itäl… où est ma place… je ne sais plus.
Pourquoi ne réponds-tu pas !
Où est ma place…

Nombre de messages : 2 Age : 94 Date d'inscription : 07/09/2008 Points : 0

Ta place…
Ta place est autour de moi, le reste importe peu.
Ta place est non loin d’elle, assez près pour ne pas souffrir, assez loin pour rester vigilant.
Les forces qui s’agitent autour d’elle et en elle sont puissantes. Peut-être trop puissantes. Elles ne doivent pas s’emparer de toi.

Les tiens… Ils sont dispersés, ceux qui te cherchent sauront où te trouver, j’y veillerai si tu le veux, je peux les guider eux aussi, si leurs sens sont encore ouverts et tendus vers toi.
Et si ce n’est pas le cas, ils ne comptent plus.
Je suis là.
Eux, ce sont juste des autres.
Et elle aussi, du reste.
Garde les yeux ouverts et l’esprit acéré.

Laisse ce bracelet à son bras, éloigne-t-en, il ne faut pas qu’il te connaisse.
Il ne faut pas qu’il me sente…
Il vaut mieux qu’il croie que tu es cette brute dont il se moque.
Ses railleries ne sont rien.
Moi je te connais.
Moi je connais ton nom…
Il ne doit pas savoir, cet objet à la vue courte…
Mais garde ses avertissements à l’esprit.
Cette elfe n’est plus celle que tu as aimée une nuit. Elle n’est pas autre pour autant. Prends garde.
Ton cœur peut te tromper, ta colère et ta souffrance aussi.

Reste auprès d’elle et attends.
Les yeux bien ouverts, attends…
Et sois prêt.
Souviens-toi de ton enseignement, ne me repousse pas s’il faut que j’agisse à travers toi, de grâce, souviens-toi que je suis une part de toi, à présent… La voix du Bargar, entends-la. Le temps est venu…

Tu as tant lutté, refusé, tu nous as fait tant de mal à tous deux, souviens-toi quand tu m’as acceptée enfin, tes larmes… Le vide en toi, enfin comblé, l’absence enfin dissipée, tu t’es senti complet, entier, tu m’as reconnue pour ce que je suis, mais tu es si fier, si dur, il t’a fallu du temps, des efforts… A présent je connais les voies intérieures de ton être secret… Je pourrais, tu sais, je pourrais te prendre les rênes de toi-même. Mais qui serais-tu alors… Je veux que tu restes celui qui m’appelait… Cet éternel révolté, furieux d’amour et de haine, cet océan de passions qui a submergé mon inertie de ses lames de désespoir. Tu as brisé les digues de mon monde, tu m’as envahie d’une vague brûlante, et quand la vague s’est retirée, elle m’a attirée avec elle au creux de l’océan… Tu m’as roulée en toi, je m’y suis noyée avec reconnaissance. Concentrée et déployée à la fois, j’ai sondé tes profondeurs et vu les cieux à la surface de tes sens. Je sais ta richesse…
Je dors en toi depuis tout ce temps, caressée par tes songes et bercée par ton pas… Le temps est venu de te servir comme je le dois, de te servir à travers toi-même, tu es les yeux et le bras… Souviens-toi que je suis tienne, la part de toi qui gisait dans l’autre monde…
Itäle…

Sois vigilant, sois attentif…
Laisse les voies ouvertes en toi…
S’il faut se battre avec ces armes-là, il le faut, je veux que ta vie persiste.
Notre vie.

Depuis combien de temps suis-je allongée ici ? Plusieurs minutes sans doute... mais j'ai l'impression que cela fait des années...
J'explorais au plus profond de moi-même, ou plutôt j'errais sans but, sans savoir ce que je recherche.

Mon bracelet est revenu à mon poignet, je le regarde changer de teinte en tournant ma main, hypnotisée. J'ai cru y voir un reflet rouge avant de fermer les yeux, une illusion sans doute.
J'entends parler Eliyane... Elle lui parle à lui, pas à moi. Je ne comprends pas ce qu'elle dit, je ne cherche pas non plus.

Je regarde la scène avec recul, spectatrice attentive et non plus actrice, mon esprit flotte ailleurs, divague. Je suis totalement détachée des évènements, déconnectée de mon corps... Que je ne sens même plus.
Je me force à en reprendre le contrôle, à leur donner un signe de vie autre que le battement régulier de mes paupières.

Eliyane, il y a quelque chose qui cloche... Mais tu ne m'écoute pas toi non plus, comme mon corps.

Lentement, je bouge un doigt de pied, une jambe, m'assoie puis me lève et sans dire mot, sans le regarder, je pars, continue sur mon chemin.
Imperturbable et toujours aussi détachée de ce qui se passe autour de moi, je ne sens rien, ne prête attention à rien et n'écoute personne. Mon corps n'est qu'un pantin, obéissant et insensible.
Je pense, réfléchis et cherche.

Elle parle toujours, et je ne comprends pas. Je voudrais qu'elle se taise.
Elle se tait.

Je rentre, j'ai besoin de repos, pour le reste, nous verrons plus tard.

Inconsciente...
Je viens de lui montrer la route du temple...

Les souvenirs affluent avec le son de cette voix d’un autre monde, autre temps, autre espace.
Je te bois, j’aspire chacun des sons qui émane de toi, en moi, par delà la compréhension et l’imagination.

Enfin tu es là.
Avec toi, je respire, je vole, je parcours les chemins invisibles pour rejoindre ce monde, là où j’étais, là où tu m’as appelé, là où j’ai trouvé ce refuge pour renaître, là où tu m’as tant appris, là où je t’ai trouvé.

Plus haut, la haut, loin d’ici, au-delà des cieux, par delà l’imaginaire, un monde s’illumine, un monde oublié, un monde d’un autre temps, d’une autre ère, un monde de lumières qui ne réside plus que dans les souvenirs de certains, déformé par les récits et les esprits perfides.

Les jets de lumières explosent de toute part, traversant l’espace et le temps en un seul instant unique et merveilleux, rejoignent la surface du monde oublié et le ballet étincelant reprend, plus intense, plus éclatant.
Peu à peu, d’autres lumières viennent se joindre à ce ballet aux couleurs de l’arc-en-ciel, puis d’autres encore, jusqu’à ce que le centre de ce monde se couvre entièrement de mille feux de joie, tout en éclats dansant.

Au cœur de cet océan de lumière, je vois ton visage, le mien.
Tu fermes les yeux, je te regarde, comme les deux faces d’une pièce, opposés et unis, nous sommes l’un et l’autre.

Tu guides la main qui referme le bracelet sur son bras
Tu relèves le genou qui écrasait le sol
Tu entraînes mes pas, juste un pas, un pas un arrière
Tu me protéges.
Maintenant, je ne suis plus seul.

Pour elles, je resterais ce guerrier brutal et maladroit, cet être qui est mort pourtant, mais qu’elles ne voient pas, trop aveuglées par leurs propres personnes, leurs propres aspirations, machinations, maléfices et chimères, sorcières et fumée de Satan, cupidité n’est pas une amie, tout juste un poison mortel qui s’infiltre peu à peu, instant après instant, à la fin écrite, au sort inexorable, et d’instant en instant s’écoule le flot discret du venin. Le venin ronge la raison, la pensé qui s’embrume, et ses spores vicieuses s’enfoncent jusque dans les fonds obscurs de la raison jusqu’à en détruite l’essence même.

Je suis ta marche démente Niniel.
Tu vois, je suis toujours ce guerrier maladroit qui enfonce ses bottes trop lourdes dans la poussière de tes pas.
Crois-le, et que ton bracelet moque mon allure et mon armure, que cet être qu’il emprisonne rit de moi, de mes mains, qu’il s’est imaginé calleuses et épaisses.
Ecoute ! Ecoute mon épée qui bat mon flan à chacun de mes pas, sens-tu comme elle est arrogante et combien de sang a t-elle versé ?

Itäle…
Ne lâche pas mon bras, mon épée pourrait s’amuser à jouer les libertaires, pour leurs donner raisons, juste pour cette raison..

C'est si facile pour eux. Eux respirent, vivent, marchent ressentent, éprouvent des sentiments ... et meurrent. Un bracelet comme moi, ça ne comprends rien, je ne suis qu'un quolifichet stupide bien entendu. Bien entendu ... Son esprit à lui m'est maintenant fermé, comment a-t-il fait, mystère. A vrai dire je m'en moque totalement. Je ne suis pas faite pour me soucier de ça, n'est ce pas ? Laissons les vivants avec leurs problèmes de vivants. Je suis parfaite n'est-ce pas ? Hein, dis moi paladin, le suis-je ? Ce soir, je devrais me morigéner de ses états d'âme qui me serre le coeur. Si toutefois l'on peut encore dire de moi que j'ai un coeur ou même une âme. Alors suis-je parfaite ? Ma condition m'asservie, gardienne fidèle de ta précieuse magicienne. Jour et nuit je veille, dans l'ombre. Seule avec moi même. Et ses choses que je ne suis pas censée avoir. Ses sentiments. As tu les réponses à mes questions paladin ? Un objet tel que moi, inanimé, fragile et inutile, peut-il avoir des sentiments ? Mais tu m'ignore toi aussi, amoureux transi et refroidi. Amène moi à elle qu'on en finisse, je suis si lasse. Aide moi dans ma tâche. Peut être consentirais-je à quelques confidences en retour. De ces choses que je ne suis pas censés réveler.

Et voilà celle pour qui nous avons beaucoup sacrifiés. Ne trouve tu pas cela ... ironique ? Toi tes idéaux ... Moi mon humanité, jusqu'à mon libre arbitre. Mais allons finissons en. Te voilà qui t'abaisse obligeament pour mieux me passer à son poignet. Etrangement à mes oreilles que je n'ai pas, le cliquètement de mon fermoir, me fait l'effet d'une porte de prison que l'on claque. Mais cela tu t'en moque, tu ne le vois, ni ne le comprends. Stupide bracelet, que je suis. Bien sûr que tu ne peux pas comprendre. Et toi elfe ? Toi aussi tu t'en moque, qui suis-je pour toi en vérité ? Une amie disparue ? Un esprit dérangé, reflet de la folie de Priëm ? Ou une simple voix dans la nuit, comme un écho à ta propre folie ? Toi aussi tu ne m'écoute pas. Je scintille, ironique.

Tu te lève ? Ah, nous rentrons chez nous ... Fort bien. Après tout je n'ai pas le choix ... à part parler, scintiller, que puis-je faire par moi même ? Même mes menaces restent creuses tant que l'on n'y ajoute pas foi, cela ne sert à rien, pas vrai ? Mais tu ne m'écoute pas. Et toi paladin, pourquoi diable la suis tu encore ? Mais tant pis, laisse moi donc te récompenser à ma manière pour ton aide. Puisqu'après tout c'est ton souhait n'est ce pas ? Oui tu as perdu celle que tu aime, elle est hors d'atteinte pour toi, peut être pour toujours ... Mais et ton fils ? Oh oui je te sens perplexe à entendre mon murmure. Ne sais tu pas que c'est moi qui l'est mis au monde ? Ah non ... Je vois tu ignore cette partie de l'histoire ! Comment l'elfe à moitié folle, à voulu me poignarder après son accouchement, me laissant votre enfant à moitié mort dans les bras. Tu ne sais pas, pas plus qu'elle d'ailleurs, comment j'ai du lui courir après, à peine régénérée, comment j'ai du passer un pacte pour notre survie avec celle que tu honnis. Ni où il se trouve désormais. Et ma voix désormais qui s'élève en claquant comme un coup de fouet dans la nuit ...

"... ton fils est toujours vivant."

Oh que oui, il est vivant, bien vivant.
Eliyane dit vrai... Elle est amusante n'est-ce pas ?

Il a même bien grandi.
Un petit garçon, si beau, si souriant... le portrait de ses parents et le reflet de leur bonheur perdu.
Je le revois tout juste né... Regarde...

RP / Un pas apres l'autre Ninielbb1lt5

Il serait dommage de le laisser ainsi, loin de vous...

Une instance de plus, une nouvelle créature, encore me diras-tu...
Mais moi je sais...
Je sais tant de chose sur lui, sur elle, l'elfe... Je connais ses sentiments les plus profonds, ceux qu'elle a enfoui, je sais où elle est, où elle va, ce qu'elle pense... car je suis dans sa tête aussi.
Mais laissons l'elfe pour le moment, elle n'entend plus raison sur votre enfant. Et occupons nous de lui...

Il est vivant, tu le sais maintenant... Compte tu partir à sa recherche ? Et par où compte-tu commencer avec cette seule information ?

Moi... je sais où il est.

» RP / Un pas apres l'autre
» Qui postera apres?