Les VINDICATRICES Vincere aut mori |
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| Gwynhafra, magicienne des Robes Noires | |
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| Sujet: Gwynhafra, magicienne des Robes Noires Mer 12 Déc - 13:10 | |
| Le tonnerre grondait, emportant dans son fracas le moindre bruit, le moindre son. Des rafales de vent maltraitaient les arbres, giflant leurs branches comme autant de coups invisibles et cruels. Les feuilles, mortes ou jeunes, tourbillonnaient dans l'air glacé, telles des tornades acérées. Attention au malheureux qui se retrouvait pris dans ce labyrinthe de feuillage, risquant des estafilades dans le meilleur des cas, des mutilations ou pire encore... Une mort atroce... La nuit recouvrait tout, l'astre lunaire caché par de sombres nuages ne brillait pas, les étoiles avaient disparu. C'était un temps de cauchemar propice aux créatures monstrueuses qui hantaient les lieux. Si elles étaient redoutables en journée, il fallait craindre le pire lorsque le soleil se couchait... Un éclair déchira le ciel, jetant un voile pourpre alentour, la voûte était en sang.
La jeune fille sursauta lorsque l'éclair frappa. Allongée à même le sol, les poignets attachés dans le dos par des cordes de chanvre, elle était crasseuse. Ses cheveux emmêlés ne parvenaient pas à cacher un regard proche de la folie. Ses yeux vert et or palpitaient au même rythme que son cœur, sa respiration saccadée la torturait et elle avait mal. Partout. Des oripeaux ne la couvraient même pas. Elle parvenait à garder la bouche fermée, ayant calé sous sa langue un anneau d'or blanc piqueté de diamants. Rien n'avait pu lui faire desceller les lèvres. Rien de ce que ces hommes lui avaient fait et lui faisaient encore. Quelque larmes coulèrent sur ses joues, traçant des sillons dans la saleté recouvrant sa peau marquée. Elle entendait des grincements mais ne savait à quoi les attribuer.
Un éclair bleu, un éclair rouge. Tous deux alliés dans la douleur, dans la torture. Dans la violence.
Lorsqu'ils revinrent ils recommencèrent, encore et encore, ponctuant leurs coups d'éclat par des rires gras. Elle ne reconnaissait même plus la chaumière dans laquelle elle avait emménagé quelques lunes plus tôt. Tout avait été saccagé, souillé. Les volets étaient fermés en permanence et ses deux tortionnaires allumaient quantité de bougies et de rameaux enflammés dans l'âtre, menaçant de tous les étouffer. Mais pétris par la bière, ils ne s'en rendaient même pas compte. Ils avaient vomi dans un coin et la puanteur aigre la faisait chavirer. Elle frotta encore ses poignets l'un contre l'autre, mettant sa peau à vif, la faisant gémir de douleur. Un liquide chaud et poisseux coula le long de ses doigts, la gênant dans son entreprise. Soudain elle se retrouva libre. Hébétée, elle ne réagit pas tout de suite. Les hommes étaient ivres morts et s'étaient écroulés dans la pièce attenante qui comptait deux paillasses. Elle se mit en position foetale tant son corps lui faisait mal. Sa peau jadis d'albâtre était couverte de marques, de zébrures... Elle était sale. La pluie s'abattit sur la petite chaumière. La jeune fille sortit et ne prit pas garde à la porte. Debout sous la pluie, se débarrassant de ses haillons, elle leva la tête vers le ciel et laissa la tempête la laver, la purifier. Le vent hurlant faisait rage et le ciel déversait son chagrin encore et encore, noyant la clairière sous un déluge d'eau glacée. Elle ne frissonnait pas plus pour la température de l'onde qu'à cause de ses multiples blessures... Désormais propre, tout au moins à l'extérieur, elle voulut à nouveau entrer dans la demeure qui avait été sienne lorsqu'une sorte de vêtement claquant au vent attira son attention.
Elle poussa un hurlement d'effroi que le vent emporta.
Les deux hommes, ses tortionnaires, avait tué son mari puis l'avaient écorché afin de clouer sa peau sur la porte. Voilà qui expliquait qu'il n'y eut jamais de visite salvatrice. Saisie de dégoût, elle dut tout de même se forcer à revenir à l'intérieur afin de se vêtir décemment. Elle laissa les volets fermés mais la porte ouverte afin que la colère de la tempête se déverse ici. Elle vit les deux capes bleu et rouges roulées en boule dans un coin. Les examinant elle avisa un écusson différent sur chacune d'elle. Sa mâchoire se crispa. Elle savait ce qu'elle avait à faire. Toujours nue, elle souleva la trappe que les meurtriers avaient manqué, tout à leurs activités déplaisantes puis pénétra dans les entrailles de la terre. Il y avait là des vêtements, des vivres, une pierre à feu... Tout ce qu'il lui fallait, tout ce qu'elle avait mis de côté en prévision des coups durs. Ses gestes étaient encore faibles mais sûrs. Elle enfila une tunique, des chausses, des bas, des bottes, un surcot et une cape de laine. Impassible, elle vit le tissu virer au noir lorsque celui ci toucha sa peau. Ce fut comme une trainée de poudre... Elle essora ses longs cheveux humides puis les natta. Brune, la peau blanche et les yeux verts, elle avait séduit malgré elle un homme merveilleux qui était mort en tentant de la protéger. Elle pleura vraiment cette fois ci et ses sanglots la secouèrent de part en part. Puis elle se calma et une flamme glacée la consuma. Animée par une froide résolution, la jeune fille prit autant de vivres qu'elle le pouvait. Ses pouvoirs ne nécessitant aucune potion ou artefact, elle prit tout de même une dague effilée entre ses mains, pour que jamais ne se reproduise ce qu'elle avait subi. Elle préfèrerait se tuer plutôt que d'être à nouveau violée et torturée. Son pas était assuré et elle remonta à la surface. Pénétrant dans la chambre où dormaient ses agresseurs, elle trancha leurs jarrets et leurs gorges, les tendons des bras, mais sans les tuer. Ils se réveillèrent de façon aléatoire, la fixant mal àtravers la brume qui paralysait leur cerveau. Elle voulait qu'ils sachent. Une fois qu'elle se fut assuré qu'ils la reconnaissaient, ce fut un plaisir de les voir hurler silencieusement, elle sortit au dehors et traça un cercle de pouvoir autour de la chaumière et, allumant une torche grâce à une pierre à feu, la jeune fille embrasa les lignes palpitantes. Les cieux s'étaient calmés, comme retenant leur respiration dans l'attente de ce qui allait suivre. Elle sourit à la chaleur des flammes mauves qui 'élevèrent dans la nuit, songeant avec délice aux monstres prisonniers qui brûleraient vif. Elle resta là, debout, attentive jusqu'à ce que ces flammes magiques réduisent la demeure en cendre. Son époux était lui aussi parti en fumée, le meilleur moyen pour lui offrir le repos éternel. Elle sortit enfin l'anneau de sa bouche pour le passer à son index droit. Pour toujours et à jamais. Une fois que rien ne subsista, elle répandit du sel sur les cendres, afin de prévenir toute intrusion dans cette clairière. Tournant le dos à son passé, la jeune fille s'enfonça dans la forêt, prenant en main son destin.
Dernière édition par gwynhafra le Ven 16 Mai - 19:28, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: Gwynhafra, magicienne des Robes Noires Mer 12 Déc - 20:30 | |
| Les lunes se succédaient dans un ciel d'orage... Sombre tourmente.
La jeune fille était exténuée... Incapable de toucher aux animaux, elle se nourrissait de végétaux aux propriétés parfois étranges. Elle portait le pouvoir en elle, mais à l'état brut. Si sa magie s'activait c'était bien souvent sous le coup d'une forte émotion. Mais pourquoi était elle restée impuissante lors de l'arrivée des vils... ? Sans doute une question à laquelle elle n'aurait jamais de réponse. Malédiction ! Et qui étaient ils ? Deux capes, deux écussons différents... Pourtant unis mais ils étaient seuls. Pas d'armée pour venir les rejoindre. S'agirait il de déserteurs ?... Qu'importe, elle n'aurait de cesse que d'exterminer ces malandrins, ceux qui en portaient les couleurs. Elle les ferait périr dans d'atroces souffrances. Mais le plus important maintenant était de se nourrir... C'est le regard fiévreux qu'elle attrapa une solide branche au dessus d'elle pour se hisser debout, serrant les dents. Elle ne fit pas trois pas qu'elle rendit son dernier repas, une main retenant ses cheveux. Elle gémit. Se trainant à la rivière pour se laver, elle avisa son reflet dans l'eau claire et prit peur. Ses yeux étaient cernés de rouge, son visage n'était pas blanc mais pâle... Laissant entrevoir un réseau de fines veines bleutées...
"Mais qu'est ce qui m'arrive ?"
Terminant sa besogne, elle exhala un souffle. Epuisée.
Levant les yeux, elle s'aperçut que de l'autre côté de la rive se tenait un grand loup au pelage gris foncé. Ses yeux d'or étaient envoûtants, emplis d'une infinie sagesse et d'un savoir plus grand encore. Elle cligna des yeux et l'animal avait disparu. Elle se releva tant bien que mal, fatiguée et affamée. Elle ne savait pas où elle se trouvait, avait terminé ses vivres depuis un moment déjà et rien. Elle n'avait rencontré personne... Ami ou ennemi mais réellement... Qui pourrait elle rencontrer comme ami ?... Prenant sa besace, sa cape, la jeune fille s'enfonça un peu dans les fourrés afin de se reposer un moment. Juste un moment. Elle longerait la rivière et advienne que pourra.
Toujours cette impression que quelqu'un la surveillait. Elle remua dans son sommeil. Elle entrouvrit un oeil mais ne vit qu'une forme brumeuse. Se réveillant tout à fait, elle se rendit compte que quelqu'un avait déposé un paquet de viande crue à son intention. Ne désirant pas retomber malade mais ayant très faim, elle fit un feu puis déposa la viande dans de larges feuilles, elles mêmes enrobées de boue qu'elle était allé chercher sur les rives de la rivière. Elle plaça ce paquet au milieu des flammes et, lorsque l'écorce craqua, retira ce paquet des flammes avec un baton, prenant garde de ne point mettre le feu alentour puis dévora littéralement son repas. Cela lui parut le plus doux des mets. Elle rejeta sa tête en arrière de contentement... Regrettant de ne pas avoir savouré cette viande si bien tombée ! Ragaillardie, elle se releva, prépara le peu d'affaires qui lui restaient et reprit son chemin.
Chaque jour, un mystérieux inconnu lui apportait de la viande crue... Elle aurait voulu comprendre ce mystère mais n'entrevoyait à chaque fois qu'une forme floue, comme de la brume... Jusqu'au jour où le paysage se modifia subtilement et laissa place à de la pierre, des roches crevant la surface. Elle se retrouva ainsi dans une plaine de pierre au milieu de laquelle se tenait une arche immense où l'on devinait d'antiques symboles gravés.
Et au milieu de cette arche se tenait un grand loup gris, tranquillement assis et semblant l'attendre elle et rien qu'elle.
Dernière édition par gwynhafra le Ven 16 Mai - 19:29, édité 3 fois |
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| Sujet: Re: Gwynhafra, magicienne des Robes Noires Mar 15 Jan - 23:40 | |
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Le temps semblait s'être arrêté. Plus rien d'autre ne comptait que ces yeux d'or émergeant du fonds des âges. Tout semblait irréel... L'arche de pierre dégageait une aura de pouvoir qui rampait sur sa peau, lui procurant des fourmillements dans tout le corps. Rester là à jamais, méditer sur le sens de l'univers tout entier, elle, minuscule poussière dans l'immensité.
Le loup se leva, regarda par dessus son épaule puis la fixa de nouveau. Elle comprit et s'avança vers lui, sans crainte. Elle ne tendit pas la main pour le caresser, il imposait le respect. Il s'engagea sous l'arche et disparut. Il n'était plus là... Puis sa tête réapparut, il se retira doucement cette fois, et elle put se rendre compte qu'elle ne voyait rien, pas même un miroitement, aucune déformation du paysage qu'elle apercevait derrière. A ce sujet... Elle posa ses affaires puis fit le tour du portail. Rien, rien à signaler, l'aura était toujours là, invisible, immatérielle et pourtant bien présente. De l'autre côté il y avait également des symboles, mais elle n'aurait su dire s'ils différaient de l'autre côté, l'arche était imposante, et elle n'avait pas le cœur à comparer des hiéroglyphes, aussi énigmatiques soient ils.
Elle prit une longue inspiration, retourna auprès de ses affaires qu'elle tint fermement contre elle, la bandoulière de sa besace passée en travers des épaules. Advienne que pourra. Elle ferma les yeux et fit un pas en avant.
Froid... Chaud... Humide... Sec... Des voix qui semblent l'appeler, lui parler... Lui murmurer... Quoi ?... Elle se tendit en direction de ces voix pour tenter de comprendre ce qu'elles lui disaient lorsqu'une vive douleur au bras gauche lui fit reprendre ses esprits. Elle se retrouva au sol, sur une terre douce et tiède, recouverte d'herbe épaisse et odorante. Elle s'était recroquevillée par réflexe et gardaient les yeux clos, reprenant sa respiration peu à peu. Se calmant, les pensées se bousculant dans sa tête. Un jappement la fit regarder devant elle et, tandis qu'elle se relevait peu à peu, ressentit un élancement dans le bras sur lequel elle cessa de s'appuyer. Il était en sang et des marques de crocs restaient visibles dans sa chair. Elle regarda l'animal sans comprendre, un miroitement dans les yeux du loup lui ouvrit l'esprit. Elle pouvait comprendre, non parce qu'il lui parlait dans la tête, mais parce qu'elle savait... Tout simplement. Il lui avait évité de se perdre dans les limbes là bas, de l'autre côté de la porte, car c'en était une. Elle ignorait quel était son rôle à elle mais il devait la guider, l'amener en un endroit qui se dressait entre la terre et le ciel afin de l'initier. Il n'avait pas de nom mais en raison de leur rencontre si étrange elle décida de la baptiser "Terre de Brume". Ce qu'il accepta d'un hochement de tête.
Elle entreprit alors avec lui un périple dont elle reviendrait changée.
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| Sujet: Re: Gwynhafra, magicienne des Robes Noires Ven 2 Mai - 0:18 | |
| Le loup l’avait conduite par delà les territoires et elle le suivait aveuglément, lui faisant confiance en tout point lorsqu’un jour il s’arrêta à la lisière puis revint sur ses pas. Elle s’arrêta également. Terre de Brume qui lui faisait maintenant face tourna sa tête en direction de la lumière qui filtrait à travers les arbres puis la regarda.
Elle comprit.
Il lui demandait, il lui disait purement et simplement, à sa manière, qu’elle devait continuer seule. Un gémissement s’échappa de ses lèvres et elle serra convulsivement la bandoulière de sa besace entre ses doigts longs et fins. L’angoisse lui serrait la gorge et le loup la poussa doucement du museau. Il compatissait. Un peu. Mais il était de son devoir de la conduire en ces lieux et maintenant c’était à elle de continuer. Elle secoua la tête. Il lui suffirait de revenir en arrière, de repartir dans la forêt… Elle cria soudain, l’animal l’avait pincée ! Le message était on ne peut plus clair ! Il bondit alors dans les fourrés et la jeune fille n’eut que le temps d’entrapercevoir un bout de queue grise… Il avait disparu, comme avalé par la végétation. Bien. Il était temps. Elle fouilla sa besace qui, malheureusement, ne contenait plus rien mis à part quelques fruits secs qui, elle l’espérait, seraient encore comestibles et assureraient au moins temporairement sa subsistance. Elle fit un pas en avant, en route pour un autre destin, sur une autre voie. Puissent les dieux avoir pitié d’elle.
Elle écarta les branches multiples d’un gracieux geste de la main et avisa un chemin tracé malhabilement. Il était recouvert de sable et d’un léger gravier. Elle emprunta cette route au hasard, sans savoir ce qui l’attendait, lorsque, au détour d’un chemin, elle vit un vieillard assis auprès d’un guet de bois et de rondins. Il était abrité sous un auvent et semblait attendre quelque chose. Il leva la tête et, l’apercevant, lui fit signe d’approcher.
Ce qu’elle fit, non sans appréhension.
Il toussa légèrement, sa frêle silhouette s’ébranlant par ce fait. « Bienvenue en ces lieux chère demoiselle. Souhaites-tu pénétrer plus avant en ces terres et prendre en mains ta destinée ? » Elle jeta un regard en arrière mais rien ne bougeait, le vent était tombé. Pas un signe. Elle soupira. « Oui vieillard, enseigne-moi je te prie. - Bien, hum ! Hum ! Mais dis-moi d’abord, jeune fille, quel est ton nom ? - Mon nom, dit-elle, est Gwynhafra. - Enchanté, Gwynhafra. Il fit un ample geste du bras et désigna la route qui continuait au-delà de la barrière. Je vais te donner un peu d’or. Pourrais-tu, je te prie, me rapporter une médecine ? Je ne me sens pas la force de gravir ce sentier jusqu’à la chaumine de la jeune personne qui tient la boutique. Et je crains, en traversant le pont, de tomber à l’eau… Je doute alors que mes vieux os résistent… - Laisse, noble vieillard, je m’en charge. »
Gwynhafra prit l’or que lui tendait le vieil homme puis dépassa le guet afin de passer le pont qui, somme toute, n’était pas si dangereux que ça, au contraire. Elle leva les yeux au ciel. Qu’importe, elle s’était engagée à lui ramener un remède et elle le ferait. Toute à ses pensées, elle se rendit compte qu’elle avait parcouru un bon bout de chemin et une petite chaumière apparut au bord du chemin. Elle pénétra à l’intérieur qui fleurait bon les herbes sèches et les fleurs coupées. S’approchant du comptoir derrière lequel une femme se tenait, elle lui demanda si elle n’avait pas quelque chose contre la toux. Impassible, la femme la fixa quelques secondes de ses yeux sans âge puis écarta le rideau de perles de bois qui était dans son dos. Il devait dissimuler un réduit ou une réserve car elle y disparut quelques minutes avant de revenir avec un flacon qu’elle enveloppa soigneusement dans un morceau de cuir souple. Elle tendit la main droite, sans un mot, et Gwynhafra lui donna la totalité de son or, ne sachant combien ce flacon lui couterait. Mais ce n’était pas son argent et elle ne se souciait pas, en cet instant, de basses considérations matérielles. L’herboriste posa les pièces sur le comptoir, en prit 3 et écarta les autres du plat de la main. De l’autre elle tendit la fiole à la jeune fille qui attendait. Cette dernière la remercia d’un signe de tête et repartit auprès du vieillard.
Il sourit. « Il me semble que j’ai été impoli et ai omis de me présenter. Je me nomme Damis et vit ici en ermite afin d’accueillir et guider les voyageurs errants, tels que toi. - Je vous ai ramené ce que vous m’avez demandé, Seigneur Damis. - Oui c’est ce que je vois… Non, non, l’or est pour toi, garde-le, je te l’offre de bon cœur. Je vais maintenant te confier une dague primaire afin que tu puisses te défendre ! - Je… Je sais artiser… - Je sais, il sourit, mais ton pouvoir ne te sera d’aucune aide, crois moi. Par contre tu auras besoin de cette dague je te le garantis. - Bien. Vous avez l’air de savoir de quoi vous parlez. - Je te remercie… Il te faut à présent apprendre à utiliser cette dague… Et la vermine qui rôde ici est composée de champignons sauvages… Des créatures abâtardies et voraces… Si tu t’y prends bien, tu pourras t’emparer de leurs chapeaux, ce qui te permettra de les vendre afin d’assurer un moyen de vivre. Je ne peux te laisser partir sans que tu aies acquis l’expérience nécessaire. J’assurerai ton logement ainsi que tes repas autant de lunes qu’il te faudra pour apprendre. - Bien. Elle soupira. Le faut-il vraiment ? - Oui, mon enfant. Ses yeux se firent plus doux. Je comprends ce qui te ronge… Je suis neutre ici mais je ne suis point sans cœur… Ou aveugle. Tu auras besoin de cet enseignement, aussi maigre soit-il, et je te jure, par les trois, que tu en auras l’usage ! »
Elle ne répondit pas et reprit le même chemin que précédemment. Elle dépassa, cette fois, l’herboristerie et s’enfonça dans les sous bois sans toutefois pénétrer dans la végétation profonde.
Les jours passèrent si vite… Ces fameux champignons étaient en effet coriaces mais Gwynhafra parvint, à force de persévérance, à les mater et à leur dérober leurs chapeaux avant qu’ils ne deviennent poussière lorsqu’ils rendaient le dernier soupir. Elle ramassa ces objets qu’elle avait mis à sécher puis se mit en quête d’eau fraîche et propre afin de faire sa toilette. Elle se sentait aussi crasseuse qu’à l’aube de son voyage.
Son apprentissage touchait à sa fin et le sage esquissa un sourire lorsqu’elle reparut devant lui. « Tu es maintenant prête ! Mais je dois encore t’apprendre l’histoire et la politique du monde dans lequel tu vas évoluer lorsque j’en aurai terminé avec toi. Tout a commencé avec la mort du bon roi Mandural… » Il avait, pour affirmer ses dires, quelques vieux parchemins qui semblaient avoir été manipulés à de maintes reprises. Lorsqu’il lui présenta un feuillet sur lequel étaient peints trois écussons… Dont deux bien reconnaissables... La jeune fille sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine et manqua de peu déchirer la gorge de son professeur à pleines dents. Elle se sentait envahie d’une rage peu commune et se mordit les lèvres jusqu’au sang. Après tout, les propos du vieil homme se tenaient. Il n’y était pour rien… Juste un agent des dieux… Et des Hommes. Lorsqu’il lui demanda sous quelle bannière elle voudrait combattre dans un proche avenir, elle répondit sans hésiter qu’elle vouerait allégeance à Zélandra, la conseillère de feu le roi Mandural. Bien que celle-ci ait fait preuve de négligence et de légèreté, cela valait infiniment mieux que… L’une ou l’autre option. « Tu iras à l’extrême sud-est de la plaine qui s’étend au-delà de la route que tu as empruntée à deux reprises. C’est là que tu accompliras ta destinée ! Prends garde car tes ennemis n’auront pas toujours le visage que tu leur prêtes ! » Sur ces mots mystérieux, son bienfaiteur sembla se dissoudre dans l’air et disparut tout à fait. La magicienne se retrouvait à nouveau seule… Et c’était aussi bien. Elle avait à réfléchir.
Elle vérifia une dernière fois ses possessions puis partit d’un pas alerte, dans la direction que lui avait indiquée Damis.
Dernière édition par gwynhafra le Ven 16 Mai - 19:29, édité 3 fois |
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| Sujet: Re: Gwynhafra, magicienne des Robes Noires Ven 2 Mai - 18:39 | |
| Les premiers temps furent difficiles, extrêmement éprouvants. Elle ne connaissait personne et il lui était pénible d'évoluer ainsi, à l'aveuglette. Pourtant l'endroit était agréable. La conseillère Zélandra avait bien choisi l'emplacement de son campement. Elle inspira à fond tant elle se sentait bien et revigorée en cet instant. Pourtant elle avait connu de nombreuses nuits à la belle étoile, bien que cela ne fut pas le pire. Elle s'était réveillée privée de ses biens une paire de fois... Elle avait même été agressée durant son sommeil et, les lois régissant ce monde étant bien faites, relativement du moins, elle n'avait eu qu'à lancer l'Appel au fossoyeur pour revenir parmi les vivants. Pourtant elle était ressortie des affres de la mort, affaiblie. Et la langueur s'accrochant à elle comme une puce à son chien, la jeune fille avait dû se traîner pour pouvoir chasser, vendre les produits de sa chasse et en retirer quelques piécettes qui lui permettraient de se reposer à l'auberge.
Elle avait découvert avec effarement et parfois émerveillement la faune et la flore qui peuplaient Alidhan... Elle avait également bénéficié des soins de la part de moines et moniales qui lui avaient prodigué la guérison sans rien attendre en retour. Au début elle leur laissait tout de même un petit quelque chose, avec le temps elle se fendait d'un simple merci. Ils lui avaient expliqué que prodiguer les prières de soin leur apportaient beaucoup. Grâce à ces actes, ils évoluaient et se perfectionnaient dans leur art. Elle comprenait.
Elle était allée trouver un instructeur afin d'apprendre. Ce dernier avait été rude avec elle... Elle s'en souvenait encore...
Il lui donna rendez vous dans la plaine afin de ne point gêner d'autres voyageurs. Elle ne savait comment appréhender le bonhomme rustaud qui lui avait parlé. Elle s'était assise pour machouiller des feuilles de vinencre. Ces plantes n'étaient pas très bonnes mais elle ignorait où se procurer les fameuses fleurs de chamallas tant vantées. Pour le moment elle se contenterait de cette verdure à portée de main.
Lorsque le soleil fut à son zénith, la jeune magicienne se releva et s'en alla rejoindre l'instructeur.
"Alors voyons voir ce que tu peux faire, la donzelle !" La... DONZELLE ??? Elle se retint pour ne pas lui répondre vertement mais il l'aiguillonna encore. "Peuh ! Me paraît bien fragile cette petite plante sauvage ! Réagis boudiou ! Montre moi donc tes talents !"
Nul n'aurait pu ignorer l'ironie de ses paroles, et le ton employé... Le ton employé !!! Cela montait mais ce n'en était pas encore assez... car il se saisit du fouet pendu à sa ceinture et, tournant autour d'elle lui infligea deux balafres dans le dos.
Elle hurla en tombant à genoux. Ses cheveux pendaient lamentablement devant sa figure sillonnée de larmes. Il rit grassement, fier de son exploit contre une femme non armée. Il allait voir... Elle bouillonnait... Et le vent se levait... L'orage grondait, apportant son lot de pluie. Elle le regarda, souhaitant le tuer du simple pouvoir de ses yeux d'émeraude et d'or. Mais cela n'était pas possible... En cet instant elle se contenterait de mener la foudre à lui. Ce dernier cessa ses simagrées et leva son visage vers le ciel au sein duquel tourbillonnaient de nébuleux nuages noirs. Il comprit. Il comprit le potentiel mais également le terrible danger.
"Est-ce ainsi que tu déclenches ton pouvoir ?"
Il avait murmuré ces mots doucement. Toute trace de grossièreté semblait avoir été inventée. Elle soupira et le vent tomba. Les cumulus s'effilochèrent en un temps record et le grondement s'assourdit pour disparaitre tout à fait.
"Je ne contrôle rien. Rien. - Tu possèdes un fabuleux don, ma fille, mais tu dois apprendre à le canaliser."
Il s'accroupit devant elle et prit son mentons entre ses doigts qui étaient fort doux ma foi.
"Il te faut un catalyseur. - Je ne sais pas où trouver une telle chose."
Il montra du doigt son cou. Gwynhafra se rendit compte que les alliances accrochées autour de son cou par un lien de cuir s'étaient échappées de son corsage.
"Ces objets que tu sembles chérir conviendront parfaitement."
Il exécuta le rituel qui dura le quart d'une heure.
"Ce sortilège est unique et est accordé avec ton aura uniquement. Il bridera ces flots de pouvoirs qui jaillissent de toi à l'improviste mais il te faudra acquérir tout de même du matériel, ton propre attirail de magicienne pour pouvoir artiser et utiliser ton pouvoir. Mais il te faudra bien sûr te battre encore et encore afin de gagner l'expérience nécessaire pour porter des objets de pouvoirs plus puissants qui décupleront tes capacités ! Sans exagération et sans danger pour les créatures innocentes qui pourraient croiser ton chemin bien sûr."
Il lui fit un clin d'oeil et l'aida à se relever. Il lui présenta des excuses pour les douleurs infligées et lui remit un baume afin de panser ses blessures. Celles de cœur étant personnelles et inaltérables, il ne fit pas d'autre commentaire que celui là :
"Prends de l'or et offre toi le bâton du magicien. Ce sera ton meilleur allié durant les lunes et les cycles à venir."
C'est la raison pour laquelle elle se dépêcha d'acquérir sa première baguette magique.
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| Sujet: Re: Gwynhafra, magicienne des Robes Noires | |
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| | | | Gwynhafra, magicienne des Robes Noires | |
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