Encore un matin comme tous les autres...Les souvenirs de mon passé toujours autant absents de ma mémoire...Et pourtant il faudra bien commencer cette journée, me lever et marcher sur ces terres afin d'en découvrir les secrets.
Je repousse le drap pour me retrouver au soleil qui inonde le lit de lumière.
Les mains jointes, je sens par la fenêtre les arbres exploser de toutes leurs feuilles. Les champs de chamalas jaunes acides, un peu verts, brillent sur la terre et parfument un léger bruissement d’air.
Il est tant de quitter cette auberge, seul lieu d'apaisement de l'âme et du corps encore existant dans ce monde de guerre.
J'en descends les marches une à une d'un pas lourd comme si je savais qu'il était possible que la mort refuse que je reviennes en ces lieux un jour...Je passe devant l'aubergiste et raclant le fond de ma bourse je me vois une fois de plus contraint de laisser une dette avant de passer la porte.
Une fois de plus je me retrouve seul, en train d’errer dans la ville au hasard des chemins, plongé dans mes pensées à tenter de retrouver plus encore mon passé enfouis.Mais en vain. Aujourd’hui, plus encore que d’autres jours, je préférerais être en compagnie.
Depuis la perte des miens, de ma famille, de mes amis, je me sens constamment seul... Et le sort n'ayant pas jugé cela suffisamment lourd pour mes jeunes épaules, il rajouta la perte de mes souvenirs au calvaire qu'était ma solitude.
Je doute de tout, de ma raison d'exister dans ce monde jusqu'aux raisons qui me poussent à rejoindre mes compagnons chaque jour pour lutter contre les hommes du Roy et du Cartel...
Je ne suis plus rien, je suis moi, je suis tout. Je suis perdu en moi, dans un autre monde, celui que nous aurions dû construire en nous et autour de nous, celui qu’on aurait pu construire ensemble. Peut-être à deux, avec toi qui n'oses combler le vide qui en plus de mon esprit s'empare également d'une partie de mon cœur. Je t'attends, nous avons l’éternité pour laisser nos pas marquer le sol de nos deux empreintes...
Je rêve de t'étreindre, mais tu refuses de te laisser atteindre...
Tiens j'aperçois tout prêt mes compagnons de guilde... Il est temps de se redresser et de ne pas montrer mes doutes et ma solitude... Ils comptent sur moi, il faut que je sois fort... et peut-être trouverais-je ma muse en suivant ma route en leur compagnie...
Ils s'approchent... Il me faut désormais continuer cette journée comme toute les autres... En portant le masque invisible de la solitude...
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