rencontre inattendue

Quelques jours étaient passés depuis sa disparition, l'arrivée de l'automne commençait à se faire ressentir. Le vent devenait de plus en plus froid, le soleil de plus en plus rare, dissimulé par les nombreux nuages, et se couchant de plus en plus tôt, laissant sa place à la Lune pour les déclarations des amants, sensibles à cette nature n'exprimant que mélancolie. Les feuilles devenaient rouges et tombaient, commençant à mourir, ternissant leur beauté, tout comme les fleurs à cette saison. Froid. Mort. Obscurité. C'était le même schéma qu'était devenu le jardin de son âme, une partie mourant comme tel par l'arrivée de cette saison dans son coeur, une autre partie incendiée par sa Haine. Full errait ainsi dans les jardins du domaine des Vindicatrices, qui prenaient de plus en plus l'apparence de son âme, outre le fait que dans son âme, il n'y avait aucune lumière, donc aucune chaleur, juste le froid d'un vent de mort. De plus la pluie y était beaucoup plus abondante au point que son coeur en était noyé sans jamais se vider. En effet, une bête de sang comme lui ne sait pas ce que c'est que les larmes ... cependant la Souffrance, il la connaissait, au point qu'elle était son "amante".

Regardant la Lune, qui semblait l'avoir abandonné suite à la disparition de son amante, le vampire se décida à scander des vers à sa tendre moitié n'étant plus là, vers le ciel, comme si elle pouvait l'entendre, comme pour lui donner un baiser d'adieu l'accompagnant dans sa nouvelle vie, une nouvelle existence loin de toute la Souffrance de ce monde. Prenant presque la forme d'un chant lyrique, il récitait ses vers avec une voix grave, un peu tremblante, ne prêtant plus attention au monde l'entourant, ni d'éventuelles présences, seul le lyrisme et la poésie dominait et importait :

A travers les sentiments parcourant ce jardin,
Ce vent glacial, ces feuilles mortes abondantes,
Je viens chanter la disparition de mon amante,
L'aria se lamentant de l'impitoyable destin !

Que mes vers t'accompagnent en direction du ciel,
Tandis que s'écoule la mélodie de la mort,
Cet état angoissant inconnu de mon corps.
Ô Toi dont le nom résonne en moi, Niniel !

J'embrasse ces roses d'un rouge pur s'envolant,
Pour qu'elles t'apportent mon doux baiser d'adieu,
Baiser noyé par la douleur d'un coeur désireux,
Transpercé par une cruelle épine le fendant.

Mon coeur s’exile dans les ténèbres lentement,
Tandis que, sans lumière, j'erre sur cette voie,
Refusant le monde des humains et leurs lois,
Êtres aux coeurs totalement disgracieux et blasant.

J'embrasse ces roses d'un rouge pur s'envolant,
Pour qu'elles t'apportent mon doux baiser d'adieu,
Baiser noyé par la douleur d'un coeur désireux,
Transpercé par une cruelle épine le fendant.

L'aria continue dans cette nuit d'amour,
Aux notes lentes pleine de mélancolie,
Part la Solitude qui me ré-envahie,
Eternelle... Ne pouvant te rejoindre à mon tour...

J'embrasse ces roses d'un rouge pur s'envolant,
Pour qu'elles t'apportent mon doux baiser d'adieu,
Baiser noyé par la douleur d'un coeur désireux,
Transpercé par une cruelle épine le fendant.

Uranie était à présent dans la demeure des Vindicatrices, visitant les lieux. Parcourant les pièces une à une elle découvrit qu'ils disaient vrai, c'était chez les Roses.
Elle s'ouvrait à un nouvel univers et de nouvelles perceptions. S'avançant un peu plus dans un long couloir elle y trouva une porte. Uranie cherchait la sortie vers les jardins. Elle ne se sentait pas beaucoup à sa place en intérieur. En effet, elle éprouvait une sorte d'oppression...
Uranie était plus à l'aise dehors, se sentant plus libre, découvrant de nouvelles sensations dès que le vent caressait son visage et ses long cheveux.
Pourtant sa sensation de liberté, de bonheur intense s'évanouissait lorsqu'elle se mettait à beaucoup réfléchir. Elle pensait à son arrivée, son adaptation, aux personnes qu'elle chérissait et que maintenant elle ne pouvait plus protéger...
Tout cela tourbillonné en elle, autant il y avait des bribes de joie, mais aussi des reproches. Les Dieux. Ceux qui l'avait condamnée à rester parmi les humains, comme une humaine. La déesse passa la porte, entrant dans les Jardins. Les couleurs d'automne flamboyaient sur les arbres. Le dégradé de feuilles était à couper le souffle. Elle regardait, le regard dans le vide...
Uranie continuait de penser, elle pensait à ses nouvelles expériences, ses nouvelles rencontres qu'elle avait fait parmi les humains. Les joies, les peines, parfois même une amitié. Mais ce qui la révoltait au plus profond d'elle même était la guerre. Pourquoi se haïssaient-ils tous autant? Pourquoi prendre la vie d'une ou plusieurs personnes? N'y avait-il pas d'amour en ces lieux tâchés de sang?
La déesse n'avait pas encore rencontré quelque chose s'apparentant à de l'amour... Rien ici n'y faisait penser.
Pendant qu'elle était ainsi perdue dans ses pensées, elle avait continué d'avancer, le rouge des feuilles d'automne rencontrant le marron avant de le devenir totalement, craquelant sous ses pas.
Puis la sortant de ses songes, une voix. Elle remarqua qu'elle était douce, mélancolique et triste à la fois.
La jeune femme voulut s'approcher de cette voix, essayer de l'aider, l'apaiser, faire quelque chose. Elle ne supportait pas que quelqu'un, un coeur, une âme, une conscience, une existence puisse être triste.
Elle aperçut peu à peu la silhouette d'une personne, un homme apparemment, vu la forme de son dos. De son aura émanait une douceur froide qui toucha la déesse.
Elle se cacha dans un arbre couleur or et écouta en silence la déclaration de cet être.

[...]Je viens chanter la disparition de mon amante,
L'aria se lamentant de l'impitoyable destin !

Que mes vers t'accompagnent en direction du ciel,
Tandis que s'écoule la mélodie de la mort,
Cet état angoissant inconnu de mon corps.
Ô Toi dont le nom résonne en moi, Niniel !

J'embrasse ces roses d'un rouge pur s'envolant,
Pour qu'elles t'apportent mon doux baiser d'adieu,
Baiser noyé par la douleur d'un coeur désireux,
Transpercé par une cruelle épine le fendant.

Mon coeur s’exile dans les ténèbres lentement,
Tandis que, sans lumière, j'erre sur cette voie,
Refusant le monde des humains et leurs lois,
Êtres aux coeurs totalement disgracieux et blasant.

J'embrasse ces roses d'un rouge pur s'envolant,
Pour qu'elles t'apportent mon doux baiser d'adieu,
Baiser noyé par la douleur d'un coeur désireux,
Transpercé par une cruelle épine le fendant.

L'aria continue dans cette nuit d'amour,
Aux notes lentes pleine de mélancolie,
Part la Solitude qui me ré-envahie,
Eternelle... Ne pouvant te rejoindre à mon tour...

J'embrasse ces roses d'un rouge pur s'envolant,
Pour qu'elles t'apportent mon doux baiser d'adieu,
Baiser noyé par la douleur d'un coeur désireux,
Transpercé par une cruelle épine le fendant.

Malgré elle, celle-ci la fit pleurer, elle était si belle, mais tellement triste... Ses larmes perlaient sur ses joues, puis tombèrent par la suite sur la terre où peu à peu apparaissait des milliers de fleurs blanches et rouges.
La déesse avait ressenti une immense tristesse émanant du jeune homme. Il avait perdu son amante: Niniel. Tout à coup, Uranie comprit alors que la jeune femme disparut était Niniel, sa Niniel, sa disciple mais aussi sa favorite... Elle ne comprenait pas pourquoi elle avait disparut, elle réfléchissait un peu paniquée par cette révélation, elle voulait mieux comprendre, dès lors elle força un passage pour parler aux anges, puis leur posa la question.
La réponse fût immédiate. Ils lui avait enlevé un être cher à ses yeux. Cet décision fût prise par le Conseil des Dieux à l'instant même où Uranie fût envoyée sur Terre. Une double punition qui l'affectait particulièrement. Cette décision avait enlevé une personne importante pour d'autres qu'elle.
La déesse se sentait coupable et en colère contre elle-même. Elle qui pourtant détestait faire du mal en avait fait sans s'en rendre compte. Elle avait anéantie l'amour entre deux êtres, elle. Cela la mit en colère aussi contre les Cieux ayant prit cette décision de lâches.
Cela ne se produisait que rarement, détestant la violence de ces sentiments néfastes, destructeurs. Uranie pleurait d'une profonde tristesse transformant peu à peu la couleur des arbres, ils devenaient bleus, bleu de tristesse.
Essayant de calmer ses émotions, elle se mit à fredonner la mélodie de Niniel, celle qu'elle chantonnait assez souvent auparavant. Tout cela était inconscient car elle était perdue dans de nouveaux songes, se punissant elle-même.

Emporté dans ses mots et par les sentiments retranscris par la nature environnante, le vampire continuait sa déclaration, ne prêtant pas attention à la nouvelle âme qui se dissimulait sur cette petite scène au clair de la lune, qui écoutait ses lamentations. Sa voix diminua au fil de ces derniers vers, comme un dernier souffle de vie qui se dégageait en lui, comme si, après son chant, il venait de mourir ... ou du moins à l'intérieur de lui, tel une rose qui se fane... Son existence n'admettait plus de sens, dégoûté du monde des humains, leur stupidité et querelle incessantes, tout en ayant perdu l'étoile qui le guidait dans les ténèbres. Maintenant, il était seul, dans l'obscurité, en marchant dans l'inconnu, sentant juste l'escalier qu'il descendait tandis que sa Haine, préservatrice de son monde de roses, montait. Le poing contre sa poitrine comme pour y étreindre fortement quelque chose, le regard vide et perdu droit devant lui, son chant toucha à sa fin, dans ses dernières notes lentes et basses, comme la lente destruction jusqu'à la mort :

J'embrasse ces roses d'un rouge pur s'envolant,
Pour qu'elles t'apportent mon doux baiser d'adieu,
Tandis que je reste seul dans cet Enfer honteux,
Car, désormais, plus rien ne sera comme avant...

Le vampire releva la tête pour contempler la nuit qui avait écouté les pensées de son coeur, coeur noyé dont les larmes ne coulaient jamais. Des fleurs venaient de pousser de manière anarchique et anormale à proximité d'un arbre en face de lui. Ce n'était pas les roses qu'ils avaient tant l'habitude de faire éclore, il y avait donc quelqu'un qui avait assisté à la scène. Son odorat vint confirmer son intuition, une douce odeur de sang inconnu et surtout inhabituelle chez tous les êtres vivants. Cela le dérangeait peu que quelqu'un ait entendu la globalité de ses vers, mais le fait d'être "espionné" était un peu plus dérangeant, surtout que la présence lui était inconnue, du moins il avait déjà senti ce parfum une fois, mais il n'en avait pas prit assez connaissance pour le reconnaître une seconde fois. Ainsi, intrigué, le vampire s'approcha de l'arbre en question, se demandant qui pouvait bien venir écouter sa déclaration, lui qui était toujours seul, et le lyrisme, l'éloquence et l'art de manier les mots d'une manière élégantes n'intéressant aucunement les humains stupides préférant s'octroyer des plaisirs vulgaires et disgracieusement affligeant. L'Amour est mort, du moins dans ce monde, la beauté de ses pétales, fanée, ses racines, enduites de poison : la corruption des coeurs. Qui pouvait donc être intéressé par ses mots?

Tandis que ses pas se rapprochaient de l'arbre où se tenait l'inconnue, cette dernière se mit à fredonner un chant, la mélodie douce de la voix d'une jeune femme, qui apaiserait le plus belliqueux des hommes, enivrerait au point de tout oublier. Cette mélodie, cette sensation de douceur, de tranquillité, ce sentiment, ce coeur mort qui bat encore, il reconnut le chant de la moniale dont il se lamentait de sa perte, Niniel... Le vampire avait l'impression de rêver, lui qui vivait uniquement dans son monde de rêves, l'impression qu'elle était revenue suite à ses mots, le revoir une dernière fois avant de partir de nouveau, ne pouvant rester, venir lui faire ses adieux, se faire des promesses d'amants, s'étreindre une dernières fois, sentir ses dernières caresses et sa peau, entendre sa voix, contempler son regard étincelant, approcher ses lèvres pour un ultime baiser onctueux avant qu'elle disparaisse comme une vague. Il s'approcha de plus en plus près, de plus en plus désireux de revoir son amante... jusqu'à percevoir la noble femme qui était venue se présenter quelques jours auparavant au manoir, celle qui avait ce parfum étrange dans son sang. Elle chantait la mélodie de Niniel, cela ne pouvait être du au hasard, elle la connaissait...

Ce chant ... C'est celui de Niniel...Je le reconnais, il n'y a aucun doutes... J'en conclus que vous la connaissiez vous aussi...

Elle fredonner la mélodie de Niniel, cela lui donné la sensation d'être avec elle, de ne pas l'avoir abandonnée... Elle chantait comme un dernier hommage, calmant peu à peu ses sentiments. Entre la tristesse et la colère, elle ne savait plus quoi faire. Elle était perdue, ne comprenait plus grand chose à tout ce qui l'entourait, comme déstabilisée.
Elle était en débat avec son inconscient.
Comment ais-je pu faire une chose pareille? tout est de ma faute, je n'aurais pas dû m'intéresser autant aux humains, j'aurais dû rester sagement dans mes appartements, participant aux réunions habituelles, ne pas les oublier comme j'ai souvent fait d'ailleurs... Mais est-ce que je serai restée ainsi? Quel point de vue aurais-je adopté? Comment aurais-je réagit, comme les autres Dieux? Est-ce que j'aurai perdu mon libre arbitre?

Toutes ces questions sans réponses qui la torturait...
Jamais Niniel lui aurait été enlevée si je m'étais pas attachée à elle...je n'aurait pas dû...

La déesse se torturait l'esprit, se reprochant tout, tout ce qui s'était passé depuis son départ.
Puis la sortant de ses réflexions, elle entendit une voix, ce qui la fit immédiatement arrêter de chanter. Apparemment il avait reconnu la mélodie de Niniel. Qui? Elle regarda l'inconnu puis se souvint que c'était le premier à lui avoir demandé de décliner son identité... Elle avait aussi entendu quelque jours plus tard son surnom. C'était quelque chose comme...Full... C'était de lui qu'émanait une aura différente de toutes celles qu'elle avait rencontré jusqu'alors.
Elle devait lui répondre et stopper ses pensées intérieures...

- Euh...oui...je la connaissait. Mais d'après ce que j'ai entendu et je m'en excuse, je pense que vous la connaissiez tout autant que moi... Peut-être même mieux. Je ne sais pas. A vous de me le dire.

Uranie descendit de l'arbre à une vitesse fulgurante, elle remit sa robe et ses cheveux en place, laissant ainsi Full voir son regard bleu pailleté d'argent. Cela symbolisait sa tristesse mais aussi l'utilisation de son pouvoir... D'un seul coup l'automne laissa place à l'hiver dans le jardin, les fleurs se transformèrent en fleurs de glace, le sol lui aussi devint une patinoire.
Elle se contrôlait comme elle pouvait laissant paraitre un peu de ses sentiments au grand jour. La déesse se sentait prisonnière de ses propres émotions, sans pouvoir changer quelque chose à cela.

- Voulez-vous savoir autre chose avant que je ne m'en aille de ce jardin?

La jeune femme arrêta de chanter aussitôt, surprise par l'arrivée du vampire la questionnant, mettant un terme à cette illusion mélodieuse de la personne disparue. Ce n'était pas elle, ça n'aurait pu être elle, ne pouvant revenir. Il s'agissait bien d'une personne relativement proche de Niniel, à ses dires, plutôt très proches même. Malgré cela, elle ne semblait pas le connaître non plus. Cependant, jamais il n'avait entendu parler d'elle, sa réponse était donc ambiguë, fortement incomplète, détourné de l'intérêt principal de la question, couplée à cette impression étrange... Elle dissimulait quelque chose, son identité certainement, elle n'était pas une simple humaine dont la magie circulait dans le sang comme les moines ou magiciens et autres personnes similaires. Il y avait quelque chose de différent, d'inconnue dans son sang. Elle semblait éviter de donner la moindre information sur elle, Full n'avait plus le choix, être direct, quitte à dévoiler aussi ses origines impies, elle ne pouvait craindre ses crocs, il ne mordait plus que les humains uniquement, les haïssant, les vies animaux valaient mieux que la leur, et, sentant qu'elle n'était pas humaine, de plus une ancienne connaissance proche de Niniel, il ne pouvait s'en prendre à elle.

Celle-ci sauta de son perchoir, peu pratique pour entretenir une conversation, pour atterrir en face du vampire avec vélocité. Le regard rouge du vampire vint rencontrer une fois encore celui de la jeune femme, bleu argent. Cependant, Full ne pouvait distinguer cette couleur, uniquement du rouge plus clair par endroit. Le vent se leva. L'atmosphère se refroidit, de manière insensible pour le vampire, mais altérant la nature environnante. L'hiver était là, blanche et froide comme la mort, le sol gelé, les fleurs prisonnières dans une couche de glace, comme des sentiments fragiles oscillant entre la mort et la vie, dont le destin était inconnu, sauvés par le printemps ou brisés avant... La jeune femme, après avoir transformé la réalité de manière involontaire, fit part de sa volonté de quitter les lieux. Le vampire l'arrêta, n'ayant eut la réponse à ses questions.

Oui j'ai besoin de savoir quelque chose avant que vous preniez congé. Ne pouvant amener cette question de manières insinuées pour obtenir mes réponses, je vais la dire sans artifice. Qui êtes vous exactement? Je sais qu'il y a quelque chose de particulier en vous, le parfum de votre corps vous dévoile inconsciemment. Alors dites moi, qu'est-ce qui, en vous, fait que vous ne faites parties de ces mêmes êtres aux coeurs abjects, disgracieux, vulgaires et superficiels que sont les humains?

En attendant sa réponse, le vampire garder son regard sur elle, désirant une réponse précise, sans mensonge, la vérité, sur elle et ses liens avec Niniel. Le changement de saison, et les altérations ne le préoccupaient guère, même si le décor semblait avoir prit l'image de son âme suite aux transformations faites par l'inconnue, lui qui était devenu froid et tranchant, sans couleurs, blanc, comme une page vierge sans le moindre mot écrit, sans sentiment, rien, vide.

Uranie ne se sentait plus d'humeur à entretenir une conversation avec qui que soit, elle voulait simplement s'en aller... Et même si elle avait demander la permission de partir, elle aurait préféré une réponse qui lui aurait permit de se dérober à nouveau.
Elle regardait Full droit dans les yeux, comme lui le faisait de sa personne. Elle pu décerner son envie d'avoir une vraie réponse, non falsifiée par un nouveau mensonge ou un nouvel oubli volontaire de sa part.
Cependant même s'il commençait un peu à l'ennuyer, elle apprécia sa franchisse.

Qui suis-je? Je l'ai dit quelques jours auparavant, je m'appelle Uranie.
Pourquoi vouloir savoir autre chose? En effet je ne peut nier le fait qu'il y ait quelque chose de "particulier" en moi...
Et alors? Pourquoi chercher à en savoir plus?

Elle le regardait d'un air blasée à présent, cela se révélé être d'un ennui, elle aurait voulu qu'il ne s'aperçoive de rien, au moins elle n'aurait pas eu à se justifier.
Puis voyant que ses réponses ne le satisfaisait pas, elle en eut assez. Elle lui dit tout d'un ton désinvolte.

Cela ne vous convient pas? Bon cessons de se voiler ainsi, je me présente. Uranie, déesse des arts, du ciel et des étoiles. Oubliée de tous, et connue de certain. Je suis venue ici car les autres Dieux en ont décidé ainsi, pour me faire comprendre la sottise de vouloir en apprendre plus sur l'inconnu.

Elle attendit un moment avant de reprendre...

Et maintenant à quoi cela vous avance t-il? J'ai comme l'impression aussi vous révéler d'autres choses. En ce qui concerne mes liens avec Niniel par exemple, mais vous devriez être assez intelligent pour comprendre.
La seule chose qui soit impossible pour vous de savoir sans que je vous le dise, est que c'est de ma faute si Niniel a disparut de la circulation. Pour cela je n'en excuse même si c'est une faute impardonnable. Je n'aurai pas crû qu'ils fassent une telle chose. Mais sachez que je suis prête à en assumer les conséquences quelles qu'elles soient.

Dans ces dernières paroles, Uranie semblait profondément triste, parler ainsi était un moyen pour elle de réaliser l'étendue de sa faute. Elle ne savait pas comment Full allait réagir, cela aussi l'inquiétait quelque peu, même si elle aurait comprit qu'il la haïsse aussi, ou même se venge. Elle ne comprenait pas encore bien les réactions des hommes, ni des autres êtres peuplant la Terre, alors elle n'arrivait pas très bien à imaginer comment cette personne pourrait prendre tout ce qu'elle venait de dire. Entre sa nature et sa faute dévoilée, elle se demandait comment quelqu'un pouvait la croire. Tout cela semblait fantasque, et pourtant, malheureusement même, tout cela était vrai. Son cauchemars continuait, ne voulant pas s'arrêter.

Les réponses que le vampire attendaient venaient de s'envoler sous la forme de mots fuyant, d'un ton exaspéré montrant le déplaisir de la personne à faire ces révélations. De nombreuses informations étaient portées par ces mots, éclairant de nombreuses choses sur toute cette histoire. La vérité apparaissait enfin aux yeux du vampire. Une déesse? Soit. Cela expliquait son odeur particulière. Elle ne faisait pas partie de ces hommes entachés de laideurs, était-ce le cas de tous les dieux? Car les hommes vénèrent les dieux comme de grands enfants en quête de parents... donc leurs sont-ils semblables? et donc valent-ils autant que ces êtres abjects? D'ailleurs, peu intéressé par l'existence des dieux ou non dont il remettait souvent en cause leurs châtiments prônés par les apôtres, il n'avait jamais entendu parler d'une déesse Uranie. Il n'aurait pas été étonné d'apprendre qu'il s'agissait de la déesse vénérée dans le couvent dont Niniel provenait. Cependant, il fut surpris, en effet, pour lui, tout n'était soit que de la matière ou une substance magique telle que l'âme, les démons ... les dieux n'avaient pas de place la dedans, dont les manifestations sur le monde étaient plutôt inexistantes. Mais ce n'était pas la question la plus importante sur le sujet de la conversation. Il entama sa réponse suite aux longues répliques de la déesse :

Et bien, je pense avoir eu plus de réponses qu'attendues, vous avez su lire dans mes désirs à ce que je remarque. A quoi cela m'avance? A satisfaire ma curiosité à votre égard qui n'êtes pas comme les autres humains, à savoir, avec un coeur rempli de laideurs et de stupidité affligeante, certainement dû à vos origines qui m'ont permis aussi de trouver des réponses à quelques questions, tout en en soulevant d'autres, mais ce n'est point important. Mais bon soit, revenons au principal, la disparition de Niniel.

Le vampire marqua une courte pause, réfléchissant à ce qu'elle avait dit, le regard un peu perdu. C'était sa "faute" si elle avait disparu, cependant elle n'avait pas précisé comment... Mais peu importe, elle ne pouvait l'avoir fait volontairement en connaissance du risque, d'une part car elle ne l'aurait jamais avoué comme tel et n'aurait pas été attristée en l'apprenant. Sa disparition depuis son retour au domaine s'expliquait donc plus clairement, c'était "leur" faute, certainement les autres dieux, au vue du nombre de liens entre eux et les hommes... Finalement, les dieux semblaient être comme les hommes qui les vénéraient, aussi stupides, n'hésitant pas à détruire des mondes froidement, créant des flammes de Souffrances sans fin. Après ce moment de patience, le vampire reprit la parole :

En assumer les conséquences? A deviner vos liens avec Niniel, je pense que nous avons assez souffert déjà de sa disparition, nullement besoin d'en ajouter je pense. De plus, certes c'est "votre" faute, mais je doute que vous l'aviez fait de manière consciente, je ne peux donc vous en vouloir. Ce n'est donc pas réellement "votre" faute, mais plutôt à ceux qui l'ont fait disparaître, ce "ils" que vous avez prononcés, certainement les autres dieux. Ainsi ce n'est pas à vous envers qui j'éprouverai de la Haine, que j'ai déjà envers les hommes, mais envers les autres, même si nous ne vivons pas dans la même dimension. Du moins pas encore ... jusqu'au jour où je m'élèverai en quittant l'aspect charnel... en prenant une apparence au delà du corps... Si certains doivent payer le prix de la vengeance, il s'agira d'eux, non de vous qui êtes victime aussi de la stupidité et incohérence divines, similaires à celles des hommes. D'ailleurs à ne cesser de dénigrer les humains, peut-être est-il bon de préciser que je n'en fait pas parti. En effet, vous avez devant vous un être dont l'existence seule est considérée comme impure et sauvage, tout simplement ce que vous appelez un vampire.

La déesse était en pleine réflexion pendant que le jeune homme parlait. *mode réflexion* Elle voulait analyser ses paroles pour se concentrer sur le sujet de la conversation, car à l'intérieur Uranie était dans le noir le plus complet, un désarrois sans fond. La déesse ne laissait rien paraitre à par sa lassitude, cependant...

Dans ses pensées:

"Et bien, je pense avoir eu plus de réponses qu'attendues", je crois que ça doit plutôt être bien, enfin je pense parce que suivant comment c'est dit... Non il faut que j'arrête, faudrait faire quelque chose comme pause, il me laisse pas le temps de réfléchir correctement... Concentration... "A satisfaire ma curiosité à votre égard" Euh là je dois avoir raté quelque chose, une question peut-être, ah oui celle que j'ai posé, je l'ai bien posée j'ai pas rêvé au moins...?!Euh je crois avoir entendu "humains" et maintenant..."un coeur rempli de laideurs et de stupidité affligeante", mais qu'est-ce que je fait ici franchement, en plus il a l'air d'avoir une idée assez péjorative sur les êtres humain, est-il vraiment l'un des leur? Je savais pas qu'ils parlaient tous d'eux de cette façon... Non quand même pas, si? "Mais bon soit, revenons au principal, la disparition de Niniel."

Cette dernière phrase la déesse se calma un peu, un peu plus triste... Elle reprit peu à peu ses esprits attendant ce qu'il allait bien pouvoir lui dire.

"En assumer les conséquences? A deviner vos liens avec Niniel, je pense que nous avons assez souffert déjà de sa disparition, nullement besoin d'en ajouter je pense. De plus, certes c'est "votre" faute, mais je doute que vous l'aviez fait de manière consciente, je ne peux donc vous en vouloir." Pourtant il aurait de bonnes raisons, certes je ne l'ai pas fait consciemment mais c'est tout de même ma faute.

"Ce n'est donc pas réellement "votre" faute", mais si justement!
," mais plutôt à ceux qui l'ont fait disparaître, ce "ils" que vous avez prononcés, certainement les autres dieux." Se sont eux, mais à cause de moi! Sinon ils ne l'auraient pas fait!
"Ainsi ce n'est pas à vous envers qui j'éprouverai de la Haine, que j'ai déjà envers les hommes, mais envers les autres, même si nous ne vivons pas dans la même dimension. Du moins pas encore ... jusqu'au jour où je m'élèverai en quittant l'aspect charnel... en prenant une apparence au delà du corps... Si certains doivent payer le prix de la vengeance, il s'agira d'eux, non de vous qui êtes victime aussi de la stupidité et incohérence divines, similaires à celles des hommes." Je...je ne le comprends pas...

"D'ailleurs à ne cesser de dénigrer les humains, peut-être est-il bon de préciser que je n'en fait pas parti." Donc j'avais raison? Mais c'est qui alors...?
"En effet, vous avez devant vous un être dont l'existence seule est considérée comme impure et sauvage, tout simplement ce que vous appelez un vampire."

La révélation de Full fût comme un soulagement, elle savait reconnaitre les humains et les non-humains, elle était contente au moins de cela, elle était un peu remontrée dans sa propre estime.
Elle regarda avec attention le "vampire" comme il venait de lui annoncer, mais, non...
Uranie se permit une question plutôt risquée, et en plus montrait son incompréhension.

- Hmmm...J'aurais une question...C'est quoi un "vampire"? Je dois paraitre un peu, même beaucoup ignorante mais on va dire que de là ou je viens, on a pas le droit de savoir des choses, faut pour certains et dans certains cas...mais là je m'éloigne de mon sujet principal... Puis-je avoir une réponse...s'il vous plait?

La déesse semblait vraiment intéressée par ce qu'elle pouvait entendre, en effet sa curiosité l'avait emportée sur tous ses sentiments du moment, du moins, pour l'instant.

Au cours de la réplique du vampire, la déesse semblait égarée, le regard perdu dans l'incompréhension. En effet, le vampire prenait la parole sans marquer de pauses alignant les mots sans laisser le temps à l'esprit de son interlocutrice réfléchir sur ses phrases, l'esprit torturé par la triste nouvelle, obscurcissant ses pensées, altérant ses réflexions. Cependant, ses yeux devinrent plus mélancoliques, montrant une Souffrance au plus profond d'eux lorsqu'elle entendit le nom de Niniel parcourir ses oreilles. Cette sensation qui la parcourut ne confirmait que les paroles du vampire lors de ce moment, prouvant ainsi qu'elle n'était pas consciente du résultat de son acte, montrant ainsi son innocence vis-à-vis de l'amant de la femme ayant disparue. Ainsi, elle était plus une victime que responsable de l'acte dû à sa curiosité importante. De plus, cette dernière l'emmena à poser sa question pour combler son savoir sur le monde, demandant une définition de l'être que le vampire était. Une telle question surpris ce dernier, se demandant s'il y avait une barrière aussi forte entre ces deux dimensions de telle sorte à ce qu'elle ne puisse connaître les différents êtres vivants peuplant le monde, ce qui expliquerait la forte absence de leurs interventions qu'il provoquait tant. Le vampire décida donc d'éclairer le savoir de la déesse sur ce sujet.

Je dois avouer que je ne m'attendais pas à une telle question, pensant que vous connaîtriez les différents êtres foulant ce sol. Nous autres vampires donc, nous sommes, en quelques sortes, en toute objectivité pour le moment, des êtres possédant une apparence humaine, à quelques nuances près. Physiquement semblables, nous avons, contrairement à eux, un corps jeune et éternel d'une part, dont la lumière du jour nous est plus ou moins désagréable -même si certains s'y habitue, la nuit reste plus agréable- , ainsi que des crocs nous servant à nous nourrir -Pour ma part, mon sang de couleur noir me différencie aussi des autres humains-. Ce dernier point marque la grande différence, car nous nous nourrissons exclusivement de sang, ce qui nous vaut ce genre de blâmes de la part des humains comme "bêtes sauvage" par exemple, en référence à notre soif, ou "créature impie". Il leur faut bien une excuse "divine" pour refuser le fait qu'ils sont justes des proies et nous les prédateurs. Mais bon pour clore le débat vite fait, je ne dirai que cette chose : lequel est le pire : faire couler le sang pour se nourrir ou le faire couler en faisant la guerre? Le vampire marqua une pause.
Si vous désirez d'autres informations sur un sujet quelconque j'éclairerais volontiers votre lanterne.

Elle écoutait très intéressée par ce qu'elle pouvait apprendre... Elle comprit tout, et fit abstraction de ses sentiments, cela au début aurait pu lui semblait très "sauvage" comme il avait pu le faire remarquer, pourtant sa question était plutôt compréhensive et justifiée. De plus elle arrivait un peu à le comprendre.
La guerre, le sujet apprécié des Dieux et des humains. Elle s'était déjà longuement penchée sur la question avant de prendre partie. La guerre ne menait à rien, seulement à la destruction, et à la perte de personnes ou/et objets, lieux étant chers à certains, et même si quelque uns n'y trouvaient aucun intérêt à y prêter attention. Elle, elle voulait que tous prennent conscience de cette terre, qu'ils comprennent à quel point il est vain de haïr. La vengeance, la haine? Des maladies mortelles, touchant tout le monde et pourquoi? A la fin tous succombent en ayant fait du mal à d'autres, à des familles, des amis, séparant les parents des enfants pour un morceau de terre qui ne sert à personne. Seulement pour la gloire d'avoir vaincu... Mais cette victoire a un coût si grand qu'ils ne devraient pas la savourer.

Pour les vampires, si elle avait bien comprit c'était une nécessité, faire couler du sang certes, mais pas forcé de tuer. C'est tout de même dans le domaine de blesser, mais ils avaient des excuses plutôt acceptables. Elle en avait apprit assez pour se forger une opinion, du moins se faire une petite idée, elle préférait en apprendre plus au fil du temps, pour voir si elle s'était ou non trompée et ne pas accuser à tord, ou non. Quelque chose d'important qu'elle faisait toujours, ne jamais se faire une opinion trop vite.

Enfin sortant de ses réflexions, elle parla calmement visiblement un peu mieux.

- Merci pour ces informations, je sais que cela parait bizarre je le conçoit, mais seuls certains d'entre nous avons le droit d'accès à ces informations là-haut, c'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle ma curiosité s'est éveillée, je voulait en savoir plus sur ce que je ne connaissait pas, me faire ma propre idée au lieu d'écouter certains, pouvoir juger par moi-même.

La déesse semblait candide, telle une enfant découvrant une nouvelle image, voulant toujours en savoir plus... " le fameux pourquoi de tous les enfants", elle semblait vouloir tout apprendre, tout découvrir et comprendre les idées des uns et celles des autres.
L'atmosphère se mit à changeait en un magnifique printemps colorés aux couleurs de l'arc-en-ciel... Le vent plus doux sentant tout de même la pluie mais un peu plus calme... La glace se mit à fondre et devenir un petit ruisseau... Elle se sentait un peu mieux, cela se voyait un peu, son allure devint plus détendue et ses yeux allumés d'une chaleur mystérieuse et d'espoir.

La déesse se tenait devant lui, pensive, faisant mûrir ses réflexions sur les propos que venaient de tenir le vampire, sur les humains, la guerre, cette chose insensée... Cette situation omniprésente dans le monde, peu importe les lieux où il s'était rendu, il n'y avait trouvé uniquement la guerre, ou sa dérivée : le conflit, le tout accompagné par la Souffrance. Elle aussi semblait dominer à la surface de la terre, contrairement aux pétales de la Rose, imperceptibles ou peu, souillés dans le coeur des hommes par leurs laideurs. Stupides, vulgaires, superficiels, affligeants, belliqueux, ainsi étaient les Hommes. Certes, ils possédaient l'intelligence, un savoir-faire, cependant, utilisés par la Stupidité pour ne créer que de la Souffrance. De ce fait, il haïssait les Hommes, tous, à quelques exceptions près, comme l'épine d'une rose cherchant à protéger ses pétales. Ainsi, il empruntait cette voie sombre et inconnue, loin de celle de l'Humanité, la voie du Descendant de la Rose, une sorte d'être ne vivant que de lyrisme et de beauté profonde, prônant la puissance et douceur des mots avec élégance, sachant ouvrir le portail du jardin des rêves, tout en y faisant pousser des roses aux innombrables couleurs, une sorte d'être ayant quitté le domaine et monde du seul corps, pour s'élever au-delà d'un monde incohérent, vers une forme qui ne disparaît pas.

La voix de la déesse devint plus calme que précédemment, comme si cette discussion lui avait permis de mettre de côté ses sentiments, sa tristesse et Souffrance vis-à-vis de tout ce qui s'était passé. Le savoir était donc censuré dans cette autre réalité, pas étonnant alors que la jeune déesse ne connaissait rien sur ce qui régissait ce monde, comme une proie facile à la Stupidité humaine. après les explications et remerciement de la déesse, le vampire reprit la parole avant de se retourner :

Je pense que cette discussion touche à sa fin, en tout cas, ravi d'avoir pu éclairer votre curiosité et d'avoir fait la connaissance avec la divinité de ma bien-aimée. De plus, suite à ce que vous venez de prononcer, si votre curiosité désire fortement combler quelques lacunes de votre savoir, et ainsi faire germer vos propres idées, vous savez où me rencontrer pour me questionner, cela serait avec plaisir que je vous fasse visiter l'étendu de ce "jardin de roses". Sur ces mots, je vous souhaite une bonne soirée, faites attention à vous en vous promenant la nuit, le danger rôde en général.

Le vampire se retourna pour s'apprêter à partir tandis que le jardin prenait une apparence printanière, l'air se réchauffant. Profitant de ces conditions favorables, le vampire s'abaissa avant de commencer le moindre pas pour s'éloigner, pour cueillir une rose rouge qu'il venait de faire pousser parmi les autres fleurs du jardin. En se relevant, il envoya la rose en question d'un geste, en direction de la déesse, sans le moindre mot, ni explications supplémentaires à son geste.