Le retour (pv Kemp)

Ce matin-là, Mia se leva de bonne heure. Son voyage se terminait; elle pouvait enfin rentrer chez les siens. Combien de temps avait-elle été absente cette fois? L'archère avait arrêté de compter les jours. Mais une autre question la harcelait, combien de temps resterait-elle chez elle?

La jeune femme secoua la tête pour chasser cette pensée. Elle rentrait, c'était tout ce qui importait. Elle se leva calmement et se prépara pour le long voyage qui l'attendait. Après avoir rempli son estomac, elle salua ses hôtes, les remercia et commença sa route. Tout en passant le seuil de la demeure, elle se mit à penser à son trajet. La première partie serait facile, il lui faudrait simplement traverser de vastes plaines. Cela lui prendrait une semaine tout au plus. C'était après que cela se corserait. Mia devrait traverser les montagnes. Elle fit la moue à la simple pensée de cette difficulté. Puis soudain, son visage se détendit. Elle voyait la forêt, l'immense forêt qui couvrait le reste du parcours et ensuite, elle voyait sa maison, la demeure des Vindicatrices. Comme ses amis lui avaient manqué! Mais bientôt, elle serait de retour.

À cette idée, son pas s'allongea. L'archère avait de la chance, ce jour était une belle journée. Le soleil, haut dans le ciel, baignait la campagne de ses doux rayons. Quelques nuages, à l'horizon, étaient les seuls vestiges des pluies abondantes qui étaient tombées dans la région les jours précédents. Il faisait chaud, mais cette chaleur était supportable grâce à un vent frai qui venait de l'ouest. Cheveux au vent, Mia semblait revivre. Quitter cette région lui remontait le moral.

En passant dans les champs, Mia saluait les rares paysans qu'elle croisait. Cette terre était exempte de guerres. Il y régnait la paix, mais contrairement à ce qu'elle avait d'abord cru, ce calme la mettait mal à l'aise, c'était comme s'il manquait quelque chose. Depuis toute petite, elle avait vécu dans un univers déchiré par la violence et la haine que se portait les trois factions d'Alidhan. Elle en avait conclu qu'elle était conditionnée pour la guerre. Cela la chagrinait, mais elle n'y pouvait rien.

Bientôt, la jeune femme vit apparaître les montagnes au loin. Plusieurs heures s'étaient déjà écoulées depuis qu'elle était partie. Elle décida donc de s'arrêter, de manger et de dormir.

Le lendemain matin et tous les autres jours se déroulèrent sans incident. Elle croisait peu de monde, marchait en silence, écoutant les bruits de la nature, le calme de la paix. Mia veillait le ciel, car les nuages commençaient à se rassembler, signe qu'il allait y avoir orage. La tempête éclata alors qu'elle arrivait au pied des montagnes. Un éclair zébra le ciel, puis la pluie se mit à tomber et enfin on put entendre le bruit assourdissant du tonnerre. L'archère se mit à courir, cherchant un abri. Elle trouva une grotte dans un flan de la montagne qui lui faisait face. Elle alluma un feu pour tenter de se sécher et s'endormit à son côté.

Lorsqu'elle se réveilla l'orage avait cessé, mais la pluie continuait de tomber. Mia fit la moue, mais elle n'avait pas le choix. Elle reprit sa route, sous le déluge et commença à gravir la montagne. Si tout allait bien, en trois jours elle aurait passé le massif. La première journée se déroula sans trop de problèmes. Ses vêtements étaient trempés et elle avait froid, mais c'était supportable et elle avançait à un bon rythme. Le lendemain, par contre, la jeune femme dût marcher dans la neige. Les nuages s'étaient éloignés, mais le vent s'était levé. Le froid en devint mordant et l'archère avança avec peine, mais sa volonté était ferme. Elle avait déjà dû tenir tête aux éléments à l'aller, elle survivrait au retour.

Le troisième jour, Mia sentit qu'un changement opérait. Le vent était tombé, le soleil la réchaufferait de ses rayons. En effet, à la mi-journée, ses vêtements étaient secs. En fin de journée, elle quitta enfin la neige. L'archère décida de marcher jusqu'à l'orée du bois où elle serait protégée si le vent se levait à nouveau. Elle dormit très mal cette nuit-là et le lendemain matin, elle sentit que la montagne avait eu raison d'elle. La jeune femme frissonnait et se sentait plutôt faible. Elle se leva avec peine, se prépara un maigre repas tant elle était fatiguée, puis rassembla son courage et se remit en route. Après une heure de marche, elle se demanda si elle parviendrait à rejoindre les siens. Elle traînait les pieds et devait parfois s'arrêter. Au lieu de la journée de marche nécessaire pour rallier la demeure, il lui faudrait sûrement deux jours de plus.

Après plusieurs heures, la jeune femme s'arrêta et s'assit contre un arbre. Elle se sentait fiévreuse et il lui semblait entendre des bruits autour d'elle. Elle ne savait pas si c'était un délire ou si quelque chose s'approchait réellement d'elle. Soudain, en face d'elle, Mia vit apparaître un loup gris, puis un autre fit son apparition sur sa gauche. Elle savait qu'un se trouvait derrière elle et un autre sur sa droite. Ils l'avaient sûrement encerclée.

L'archère se releva péniblement. Ses jambes tremblaient, mais elle n'y prêta pas attention. D'un geste lent et concentré, elle prit son arc et une flèche et se tint prête. S'ils attaquaient, elle tenterait de riposter, mais elle espérait qu'il la laisserait. Peut-être sa maladie la sauverait-elle...

Tout était soudain devenu flou. Mia avait senti sa main lâcher la flèche juste après avoir aperçu un loup s'approchant, puis ses jambes avaient flanché et elle s'était sentie glisser sur le sol. Après, plus rien.

Lorsqu'elle se réveilla, elle était dans un endroit sombre. Elle se releva sans peine et observa les lieux. Ce n'était plus la forêt qui l'entourait, mais de la roche. L'archère en conclue qu'elle devait se trouver dans une grotte. Soudain, derrière elle, elle entendit un bruit, comme quelqu'un marchant sur du gravier. Elle se retourna vivement, mais dans l'obscurité, elle ne voyait rien. Elle osa un pas en avant, puis un deuxième. Bras tendus, avançant en aveugle, elle sentit la peur poindre. Encore un pas et elle sursauta. Son pied venait de butter contre un caillou qui avait roulé un peu plus loin. Mia se mordit les lèvres. Elle ne devait pas laisser la peur la dominer. Elle avança de plusieurs pas sans rencontrer d'obstacle, quand tout à coup, elle sentit un liquide lui glisser le long de la colonne vertébrale. Ce fut fini. Elle poussa un cri strident et se mit à courir. Plusieurs fois, elle se cogna contre un mur ou tomba à cause de l’irrégularité du terrain, mais toujours elle se relevait et courait... courait à une vitesse folle. Puis soudain, sans qu'elle ne sache vraiment comment, elle se retrouva à l'extérieur, dans un champ de blé.

Elle fit un tour sur elle-même et fut surprise de ne plus voir aucun signe de la grotte. Reprenant son souffle, la jeune femme commença à marcher calmement. Quelque chose pourtant la troublait. Il y avait du blé à perte de vue, comme si la terre entière était couverte par ce céréale. Elle marcha plusieurs heures dans l'étendue jaune, espérant apercevoir autre chose. Mia comprit bien vite que cette monotonie et le silence de mort qui régnait serait bien plus oppressant que l'obscurité de la grotte. Elle se mit à fredonner, pour casser le calme pesant et se sentit tout de suite mieux, mais la peur revenait. Où était-elle? N'y avait-il personne pour cultiver ce blé? L'archère se remit à courir devant cette solitude. Elle suffoquait. Soudain, elle s'arrêta, car elle avait cru entendre une voix l'interpeler. Elle resta un instant sans bouger, puis fit un nouveau pas.

Vous allez finir par détruire tout mon champ si ça continue!

La jeune femme se raidit de stupeur. On avait bien parlé. Elle fit un tour sur elle-même pour voir la personne qui lui parlait, mais elle était seule. Un nouveau pas et ce fut le déchaînement.

Brigand, canaille, mon champ! Voyou, bandit, forban, vas-tu cesser! Scélérat! Oust!

Prise de panique de ne pouvoir localiser la source de cette voix, Mia se remit à courir, foulant d'autant plus le blé. La voix la suivait, ne cessait jamais.

Coquin, vaurien!

Taisez-vous!

Crapule!

Incapable de faire taire cette voix, elle se mit à pleurer. C'était horrible!

Vermine!

Après quelques pas encore ponctués d'insulte, elle trébucha et tomba les mains en avant. À quatre pattes, n'osant plus bouger, elle continua à sangloter.

Soudain, elle remarqua que la matière sous ses mains, trop froide, ne pouvait être du blé ou de la terre. Elle ouvrit les yeux et malgré les larmes, vit des pavés. La jeune femme se releva vivement. Elle se trouvait à présent dans une ville. La rue dans laquelle elle se trouvait était bordée de modestes maisons, mais plus loin, les habitations atteignaient des hauteurs vertigineuses. Mia sécha ses larmes, la voix l'avait quittée. Elle se mit à arpenter les ruelles de cette ville inconnue. Ne croisant personne, elle crut à nouveau au cauchemars, mais, au détour d'une ruelle, elle se trouva face à une foule compacte. Tous fuyait quelque chose et la jeune femme comprit très vite, à leurs regards effarouchés, qu'elle en était la cause. Lorsqu'elle les vit se tourner vers elle le regard mauvais et effrayé en même temps, elle recula et retourna à l'abri de sa ruelle. Mais de l'autre côté d'autres personnes étaient apparues. Elle se trouvait prise au piège. Sans même un effort pour se sortir de cette situation dangereuse, elle se laissa glisser contre un mur, le visage dans les mains. Que se passait-il? Où était-elle arrivée pour que toutes ces choses se passent. Mia ne comprenait plus rien. Le monde était-il devenu fou?

Le noir reprit le dessus. La ville disparut derrière un voile sombre. Paniquée de perdre tous ses repaires, l'archère se releva et se remit à courir, mais elle comprit bientôt que cela ne servirait à rien. Elle se trouvait comme dans le néant. Elle se coucha sur le sol et se mit en boule. Par moment, elle entendait à nouveau la voix.

Canaille!

Alors, elle se bouchait les oreilles avec ses mains et se mettait à chanter, mais rien n'arrêtait la voix.

Bandit!

Soudain, il y eut un éclat de lumière vif. Mia se réveilla en sursaut, pour de bon cette fois, et poussa un cri. Haletante et pleine de sueur, le premier coup d’œil lui fit froid dans le dos. Elle se trouvait à nouveau dans une grotte. Elle sentit les larmes poindre. Avant que sa vue ne devienne floue, elle remarqua cependant que la lumière du jour filtrait et que l'espace était bien plus grand que dans ses cauchemars. Elle se mit à pleurer, la tête sur ses genoux. Était-ce vraiment fini?

Il fut tiré de ses songes par un cri strident, un cri de terreur. il ouvrit les yeux, et voyant l'air de Mia comprit, elle cauchemardait. Reprenant sa température, elle avait regrimpé, aussi courut il chercher de l'eau fraiche, d'abord pour la faire boire, ce qui fut relativement difficile, et ensuite pour l'appliquer sur son front afin de faire tomber la fièvre, les deux jours qui suivirent furent particulièrement long, la fièvre montant et descendant souvent, mais à l'aube du troisième jour, il fut rassuré, Mia avait retrouvé ses couleurs, et la fièvre semblait avoir disparue.

Songeant que la jeune femme s'éveillerai bientot, et qu'elle mourrait sans doute de faim, il sortit chasser, revenant avec une sorte de blaireau et deux oiseaux bien dodus qu'il vide et prépara, ouvrant la grotte afin que l'air frai caresse le visage de Mia, et que l'odeur de viande grillée lui parvienne elle aussi.

Comment réagira-t-elle... J'ai tellement changé depuis son départ, je ne suis plus l'être que j'étais, et ne le serai jamais plus...

Perdu dans ses pensées, il n'avait pas entendu les mouvements dans la grotte, il surveillait juste la viande, attendant que son amie ouvre les yeux, qu'il puisse être certain qu'elle se portait pour le mieux.

Lorsque Mia parvint à se calmer, elle se sécha les yeux d'un revers de main et, toujours angoissée par l'idée de ne pas être réveillée, jeta un rapide coup d’œil autour d'elle. La grotte dans laquelle elle se trouvait était bien plus claire et spacieuse que celle de son rêve. De plus, elle était meublée, quelqu'un devait donc habiter à cet endroit. D'ailleurs, au moment où elle pensa à cette éventualité, elle entendit un bruit. Aussitôt, une odeur de viande grillée vint lui titiller l'odorat. Elle reprenait conscience de ses sens et se rendit compte qu'elle était bel et bien réveillée. L'archère ne put retenir un soupir de soulagement.

Peu à peu, ses souvenirs lui revenaient. Elle voulait rentrer chez elle, mais la fièvre s'était emparée de son corps, la rendant faible et vulnérable. Mia avait alors croisé des loups sur son chemin... et puis plus rien de réel. Ainsi, quelqu'un l'avait-il sauvée des loups et l'avait emmenée dans cette grotte. Elle sourit. Elle ne connaissait qu'une personne vivant dans une grotte et côtoyant des loups, mais sûrement avait-il changé depuis le temps qu'ils ne s'étaient pas vus. Le voyage de l'archère avait duré bien trop longtemps, elle le remarquait à présent. De ses amis, elle avait des souvenirs nets et précis, mais datant de bien des mois. Il était vraiment temps qu'elle rentre.

Un nouveau bruit attira son attention. Elle décida de se lever, mais ne parvint qu'à s'asseoir et encore, elle avait la tête qui tournait. Elle pensa que sa fièvre avait dû la clouer au lit plusieurs jours, d'où sa faiblesse. La jeune femme attendit que sa vision se stabilise, puis se leva doucement. Ses jambes tremblaient et à chaque pas sa vision se troublait, mais elle avait faim et le délicat fumet qui régnait dans l'air la guidait. Elle appuya sa main contre le mur et s'aidant de ce soutien, parvint à faire quelques pas de plus. Elle se figea lorsqu'elle aperçut un géant.

Sa taille atteignait facilement les deux mètres de haut. De dos, elle n'apercevait que sa longue chevelure blanche qui lui tombait jusqu'en bas du dos. De carrure imposante, Mia se sentait toute petite. Elle semblait reconnaître les magnifiques cheveux blancs, bien que désordonnés, mais pas le reste de la personne. Si c'était bien l'ami qu'elle s'attendait à voir, il avait beaucoup changé, plus qu'elle ne l'imaginait. Il était tellement imposant, elle en ressentait presque une certaine crainte. Jamais elle n'avait vu un être aussi musclé et aussi grand.

Sentant ses jambes trembler, elle abandonna l'idée de manger tout de suite, sentant qu'elles ne la supporteraient pas longtemps. Elle s'assit à même le sol, posa sa tête contre la paroi rocheuse et attendit, fixant l'homme, qu'on daigne la remarquer.

Il sentit une odeur venant de la grotte, une odeur qu'il connaissait bien depuis peu, une odeur... De crainte...

Lentement, il se retourna, photographiant la jeune femme assise au sol; elle semblait choquée.

Il se leva pour la rejoindre, pensant qu'elle avait peut être fait un malaise, il s'agenouilla près d'elle.

Que se passe-t-il Mia, tu semble perdue...

Sa voix n'avait pas changé, ni le regard qu'il posa sur elle, sincèrement inquiet. Il parti lui chercher de l'eau fraiche et lui apporta l'une des bêtes cuite à point, se disant que quoi qu'il se passe, elle devait manger et boire.

Mia regarda l'homme s'approcher. Elle reconnaissait des traits, mais l'ensemble était tellement différent. Elle doutait encore. Ce n'est que lorsqu'il s'agenouilla près d'elle et qu'il la regarda que toutes appréhensions s'envolèrent. Elle écouta sa voix, mais n'entendit pas ce qu'elle lui disait. Les mots se perdirent. L'archère n'était plus tout à fait consciente, c'était très étrange.

Lorsqu'il se releva et partit, elle leva légèrement son bras, comme pour le retenir, mais il ne le remarqua pas. La jeune femme laissa alors retomber son bras et ferma les yeux. Après un court instant, le fumet de la viande lui parut plus fort, plus proche. L'archère ouvrit à nouveau les yeux et son regard rencontra celui, inquiet du lycan. Elle baissa les yeux et vit qu'il avait apporté à boire et à manger. Son ventre se mit à faire du bruit et d'un geste mesuré, elle prit la viande qu'elle se mit à dévorer.

Une fois la bête avalée, elle se sentit mieux. Encore quelques rasades d'eau et ce serait parfait. Elle poussa un soupire de contentement et se cala mieux contre le mur. Puis, la jeune femme posa à nouveau le regard sur son ami et l'observa.

Tu as beaucoup changé depuis la dernière fois...

Elle avait mangé avec appétit, et bu aussi, cela le rassurait, son visage s'était détendu aussi. Lorsqu'elle eut mangé, il posa la main sur son front pour vérifier que la fièvre était bien partie, rassuré il répondit à son affirmation.

Bien des choses ont changé effectivement... Moi pour commencer, et mon mode de vie ensuite... Mais et toi, ou étais tu passée pendant tout ce temps?

Il était soulagé, Mia, après sa longue absence était de retour, et allait mieux, ce qui n'était pas rien, il n'était pas sur de la voir sortir de sa fièvre, mais elle était bien la, devant lui.

Intriguée par les dires de son ami, Mia ne posa cependant pas de questions. Elle réfléchit à ce qu'elle allait lui répondre. La fièvre l'avait beaucoup affectée et elle avait encore de la peine à se souvenir. Après avoir rassemblé quelques informations, elle décida de répondre au lycan.

Et bien, j'ai dû faire une longue route, traverser les montagnes, puis des plaines. Je faisais... des recherches, rien de si important que ça, en fait, mais je ne pouvais pas trouver les réponses à mes questions ici. C'est pour ça que je suis partie.

Elle fit une courte pause, puis reprit.

J'espère que vous ne vous êtes pas trop inquiétés pour moi. J'étais bien là-bas, une famille m'a accueillie, je n'ai manqué de rien...

Mia se tut, ne sachant pas trop quoi dire, puis elle reprit.

Mais toi, raconte.

Puis soudain une pensée lui vint.

Au fait, merci...

Moi?

Il haussa les épaules.

Il n'y a pas grand chose à dire, il y a quelques temps j'ai ressenti une étrange attirance pour un lieu qui m'était inconnu, la, une voix s'est adressée à moi, et à celui qui vivait en moi... je me suis senti à l'étroit dans mon armure, au point que j'ai eu un mal de chiens à la retirer, et tu comprend toi même le pourquoi je pense...



Il soupira

Pourtant, je ne pense pas que tout soit pour le mieux, je ne me sens plus à l'aise avec les hommes, les structures sont trop petites j'ai l'impression d'étouffer... Cependant, j'avoue ne plus être sur d'être réellement humains, ou du moins, l'humain que j'étais dans le temps malgré son démon intérieur...

Mia écouta son ami avec attention. Elle hocha la tête au moment où il poussa un soupir, mais resta silencieuse. Elle le fixait, le visage triste. D'un geste doux, elle posa sa main gauche sur la joue du lycan.

Celui que tu étais avant est toujours en toi, mais comme tout le monde, tu as changé, évolué. Et pas seulement physiquement, mais ton esprit, ta manière d'être aussi a changé et c'est normal. Mais tu n'as rien perdu de ton humanité. Elle est en toi et y restera toujours. Ne te coupe pas du monde, simplement parce que ton apparence physique a changé. Tu dois t'accepter, comme nous, nous devons t'accepter. Je ne peux pas savoir ce que tu ressens, mais ce n'est pas bon de vivre seul dans la forêt. Tu as une famille, des gens qui t'aiment et qui s'inquiètent pour toi. Ne te manque-t-il pas?

Elle fit une courte pause, puis reprit ne lui laissant pas le temps de répondre.

Même si ce n'est pas aussi flagrant que chez toi, j'ai moi aussi changé. Le temps nous use et nous modèle. Nous gagnons en sagesse et en intelligence, dû moins c'est ce que je veux croire. À travers les années, nous commençons par gagner en force, puis le déclin se fait et nous sommes ramenés à la poussière. Le temps est à la fois notre allié et notre ennemi.

Mais toi, ne laisse pas le temps caché au fond de ta mémoire l'humanité qui est en toi. À force de vivre seul, tu pourrais perdre les notions de notre réalité...

Mia se tut soudain, surprise par ce qu'elle disait. Perdre les notions de notre réalité... en un sens c'était vrai. Quitter la société, vivre en solitaire dans la nature. N'était-ce pas en fait ce qu'il y avait de mieux? Ce qu'il y avait de plus simple? Pour certaine personne oui, mais elle-même se savait incapable de vivre seule. Elle voulut reprendre son discours, mais l'idée que son ami puisse faire partie de ces personnes souhaitant la solitude la retint. L'archère était attristée à la seule pensée de cette possibilité, mais elle ne ferait rien contre cela si c'était ce que le lycan souhaitait.

La jeune femme voulut reprendre la parole, mais retint sa voix. Elle hésitait, ne sachant dans quel état d'esprit se trouvait son ami. Puis, les yeux toujours rivés au sien, elle se lança.

Tu es et tu resteras toujours Kempashi Zaraki...

Il avait écouté, puis gardé un long moment le silence.

Je suis ce qu'il reste de deux entités totalement différentes Mia, ni vraiment un homme, ni vraiment une bête, mais un mélange subtil des deux, un être qui bien qu'attiré par la présence de ses semblables ne s'y sens pas totalement à sa place, pas plus qu'il ne se sent à sa place dans une foret entouré d'animaux.

Il esquissa un sourire.

Que je sois ici à veiller sur les forets autour du domaine ou dans le domaine lui même ne change que peu de choses, mis à part qu'ici je peux me montrer efficace, puisque je suis plus chez moi que ne le sera jamais un homme normal...

Mia avait laissé retomber délicatement sa main sur ses genoux.

C'est ton choix.

Elle quitta le regard du lycan et laissa ses yeux parcourir la grotte sans vraiment porter attention à ce qu'elle voyait. Elle réfléchissait. La jeune femme comprenait un peu mieux la nature de son ami. Un être à part qui se sentait un peu mis à l'écart. Bien évidemment... personne ne pouvait le comprendre vraiment. Une solitude forcée en somme...

L'archère eut soudain envie de le prendre dans ses bras, lui faire comprendre qu'il n'était pas seul, mais elle se retint. Une question lui traversa soudain l'esprit.

Est-ce que ça fait longtemps que tu es là?

Soupire.

Pour la vie de ces terres, je ne suis la que depuis une poussière de temps... Pour les hommes quelques temps déjà... Peut importe, au moins je protège ceux qui me sont cher de nos ennemis... Même si cela n'est pas facile...

Mia acquiesça. Un silence s'installa. Elle ne savait plus quoi dire, les mots lui manquaient.

Au dehors, elle entendit le chant d'un oiseau, puis le vent dans les arbres. Une brise qui faisait frissonner les feuilles. Elle revit alors les paysages qu'elle avait traversés. Les prairies, les montagnes enneigées, les forêts et les rivières lui semblaient si lointaines. Avait-elle dormi longtemps? Cela importait peu.

Son regard perdu dans le vague revint sur son ami qui la regardait toujours.

Nous cherchons tous à protéger ceux qui nous sont chers, mais certains le font avec plus de réussite que d'autres.

La jeune femme fut soudain très sombre, mais un sourire se redessina très vite sur son visage. Elle posa sa main droit contre la paroi et s'aida de cet appui pour se relever. Une fois debout, elle s'étira.

Bon, alors que faisons-nous aujourd'hui? Une petite chasse? Un cartelois a sauvé des griffes d'un moche? Dis-moi tout!

L'archère semblait soudain comme métamorphosée. Au fond d'elle, elle voulait simplement oublier une image qui lui avait traversé l'esprit, mais ça, personne ne le saurait jamais. Elle garda le sourire en attendant la réponse du lycan.

Le lycan regarda la jeune femme un long moment, réfléchissant aux implications.

Que dirais tu d'une partie de cache cache, afin de former les jeunots qui sortent à peine des grottes?

Il poussa deux courts jappements, deux douzaines de louveteaux rentrèrent dans la grotte, et s'assirent.

L'exercice te conviens?

Mia éclata de rire. Une partie de cache-cache, il ne manquait plus que ça. Petite, elle n'avait jamais été bonne pour ce jeu, heureusement, avec l'âge et l'expérience, elle s'était beaucoup améliorée. D'un regard, elle observa les vingt-quatre nouveaux venus. Ils étaient mignons. Elle ne put empêcher un sourire puis regarda à nouveau son ami.

Elle lui répondit pleine d’entrain.

C'est parti alors! Qui se cache? Quelles sont les règles? Le périmètre à ne pas dépasser?

Sans même attendre de réponse, elle partit se préparer et d'une oreille écouta la réponse du lycan.

Les règles? Il n'y en a qu'une, ne pas se faire trouver... Le périmètre, pas à moins d'une centaine de pieds des abord de la foret, afin de ne pas se faire voir...

Qui se cache? Mais eux bien sur, c'est une qualité de chasseur de savoir être invisible

Il sourit et donna le signal, les petits partirent se cacher, il retint mia quelques minutes.

Je crois qu'on peut y aller