Je ne comprenais pas, depuis notre retour des terres exilées, tant de choses avaient changés… Les premiers temps me furent particulièrement difficiles, j’avais perdu la vue, je n’étais plus capable de ressentir les choses, et j’étais particulièrement faible, pourtant, étrangement, je me sentais, comment dire, je me sentais en paix avec Fenril.
Dans les premiers temps, je lui en avais voulu d’avoir usé ainsi de sa démesure pour faire tant de morts, mais voila, il avait malgré tout tenté de sauver celui qui avait prit soin de nous, il l’avait guéri par delà la mort, et avait fait mourir son bourreau.
Les jours passant, j’avais retrouvé mes forces, et j’avais remarqué que mes sens valides avaient prit le relai sur ceux qui me faisaient défaut. Je pouvais sentir une odeur quelle qu’elle soit de très loin ou très faible, et des sons qui jusque là m’étaient inconnus me parvenaient.
Je ne souhaitais pas rester dans cet état végétatif, aussi, lorsque mes membres furent capable de me porter, je retournais dans mon campement, à la fois par ce que je me sentais plus libre la bas, et par ce que pour palier à mes nouvelles faiblesses, j’avais besoin de m’entrainer, encore et encore.
Les jours et semaines passèrent, et peu à peu, je retrouvais mon esprit combatif, mais autre chose avait aidé à ce recouvrement, depuis une bonne semaine, Fenril et moi discutions énormément, pourtant, au départ, j’avais de lourdes appréhensions. Il m’avait toujours été décrit comme un monstre sans foi ni loi, mais la vérité était bien autre. Il n’était ni bon ni mauvais, il agissait suivant ses instincts, et se moquait bien des conséquences, cependant, mon infirmité et ma faiblesse temporaire l’avaient réveillé, alors que le sceau des glaces éternelles et celui du ciel d’hiver étaient sensés le maintenir endormit à tout jamais.
Peu à peu, j’avais appris à l’écouter et avec le temps, j’avais appris à le comprendre. En contre partie, lui m’avait apprit à me servir de mes sens valides au maximum de leur capacités, certes je ne voyais toujours pas, et je ne pouvais toujours pas, sur la majorité de mon corps, sentir autre chose que le froid, mais j’y voyais sans doute plus clair que bien d’autres.
Les semaines passant, nous avons apprit l’un de l’autre, de plus en plus, et peu à peu, nos deux entités se fondaient l’une dans l’autre, étonnamment, les sceaux perdaient en puissance, et peu à peu ce que j’avais perdu revenait.
Vint un soir ou je ressentis un appel étrange, un appel d’une rare puissance, et lui aussi l’avait entendu, d’où venait cet appel nous l’ignorions, mais il nous attirait énormément.
Arrivé au cœur de la foret, nous avons ressenti une sensation étrange, celle de nos deux cœurs battant au même rythme, celle de nos deux esprit tendant vers un même but, les sceaux disparurent à ce moment la, et les deux entités n’en firent plus qu’une, avec respect, je retirais mon armure, la posant au sol, puis je fis de même pour mon arme, qui me semblait tellement légère. Je regardais ces armes qui m’avaient accompagnées si longtemps, et dans lesquelles j’avais eu une sale impression d’étroitesse.
Je m’approchais de la mare toute proche et m’y regardais, j’avais eu du mal à me reconnaitre, et avais comprit pourquoi mon armure m’avais semblée tellement serrée, mes muscles avaient doublé de volume, et une barbe hirsute me mangeait le visage, heureusement, j’avais toujours mes cheveux…
Ce qui m’était arrivé, je l’ignorais, mais je me sentais bien, la nature avait fait son œuvre, et nos deux puissances jadis opposées s’étaient unie, l’ancien guerrier avait trouvé une nouvelle voie, la voie de la nature, la voie des guerriers des steppes.
Le temps pour moi d'accepter pleinement ce changement, je rentrais au domaine, me glissant silencieusement dans les couloirs ombragés jusqu'à la chambre de Davelie, ma marraine, mon amie, je voulais qu'elle soit première à savoir, première à me donner son avis.
Après quelques secondes, je frappais doucement à sa porte, et attendais.