Crapahuter de bon matin, explorer des contrées lointaines à la recherche d'un peu de calme et de tranquillité. Les jours de marche sont autant de méditation et de réflexion sur le genre humain. Les plantes inconnues croisées sont collectées... La faune et la flore étudiées... Discuter avec les gens du crus, écouter l'histoire de leur vie, celle de leur village, et les légendes fantastiques qui font rêver d'aventures dangereuses...
Le Baron en était presque à un mois de voyage, s'enfonçant toujours plus loin. Soudain, au détour d'un chemin le paysage changeait. Le désert... Une coupe franche à travers la forêt. Il s'assit seul contemplant le spectacle d'un soleil brûlant de ses rayons un sol de sable aride comme une vieille none... Quand il entendit :
" - Ce que c'est beau, non ? Nous deux perdus en plein désert, combattant la soif face à une horde de barbare assoiffés d'or et de sang. Quelle merveilleuse aventure ça me ferait à écrire et raconter ! Tu crois qu'il y a des hordes de barbares ? Ou même de simples bandits ? Des vers géants mangeurs d'homme ?"
Baissant la tête le Baron rétorqua à la limite du désespoir :
" - Et merde... Pas lui... "
Une Aventure Sableuse du BaronCrapo et de ToucanSaoulan : Langues de Sable.
Je décidais de traverser le désert, bien qu'on en voyait pas le bout, je me disais qu'il ne devait pas être bien grand. Je n'avais jamais entendu parler de ce lieu, du sable à perte de vue, et pourtant dans mon dos était une forêt luxuriante. Je quittai donc la luxure avec un peu de regret surtout en entendant l'infatigable Toucan qui m'avait pris en amitié depuis déjà quelques années et qui se plaisait à raconter mes aventures, remanié à la sauce aventureuse, à qui l'écoutait. Et jamais il ne se taisait...
" - C'est quand même grand ce désert ! T'as assez d'eau ? Moi j'en ai apporté de quoi tenir pour des années. Oh comme ça me fait plaisir de t'avoir croisé, j'ai mis beaucoup de temps à te rattraper mais j'en suis bien aise. Alors tu penses qu'on va tomber sur une peuplade primitive basée sur le matriarcat ? Ce serait bien, je n'ai jamais eu à raconter ce genre d'histoire. Ou mieux des insectes géants mangeurs d'homme, tu sauverais une jeune indigène d'un scorpion géant, puis vous tomberiez follement amoureux l'un de l'autre...
- Pas de risque que je tombe amoureux d'un scorpion géant..
- Mais non l'indigène et toi ! Le scorpion tu le tues, avec bravoure après un long combat palpitant où tu frôles sans cesse la mort et au dernier moment tu lui coupes la queue et la lui plantes en pleine tête ! Tu saurais faire ça dit ? Non parce que je vois déjà la scène. Quel beau récit. Avec ça j'aurais un prix, c'est sûr ! Et si je finis l'histoire avec une forme de poésie décrivant votre amour ? Oui c'est une très bonne idée. Je serais alors édité dans d'autres contrées. Tu connais d'autres contrées, toi ? Oui tu en viens après tout. Et là bas ils me connaissent ? C'est sûr je suis prolifique, j'écris assez et je voyage toujours plus...
- Tu devrais voyager .. Seul... "
Et durant toute la journée, ce ne fut que ça, le silence du désert interrompu le temps que ce Toucan parle. Même quand il semble se taire j'entends encore l'écho de sa voix. Je ne peux pas profiter de mon exploration, jamais il ne se stoppe. Vous imaginez ça vous ? Quelqu'un qui parle sans jamais reprendre sa respiration pendant des heures, qui pose milles questions et ne vous laisse répondre qu'à deux ou trois ? J'ai dû vraiment être brutal dans une vie antérieure pour me coltiner un pareil emmerdeur aujourd'hui !
Le soleil perdait de sa vigueur, des reflets roux coloraient le désert semblant y mettre un léger feu sur toute sa surface. Les rares arbres qui poussaient là semblaient pétrifiés par le temps. Au loin un tas de rocher nous ferait un bon abri pour la nuit, nous y trouverons peut être aussi un peu d'eau dans des interstices.
" - Tu vois ces rochers au loin ? Dès qu'on y est on s'arrête pour la nuit !
- ... Oui... *souffle*"
Je n'aurais jamais cru ça... Il ne dit plus rien... A force de trop parler en plein soleil, il a la bouche bien trop pâteuse ou peut être carrément sèche. Avec un peu de chance on ne trouvera pas d'eau ce soir... J'ai bien envie de ne pas le réveiller demain matin en partant.
Il ne nous restait que quelques mètres à parcourir, quand la grande aventure pris un tournant inattendu. Sortant du sable des créatures nous encerclaient. Elles étaient de taille humaine, deux paires de pattes pour tenir debout et deux autres pour se servir de main. De couleurs à peine plus foncées que du sable, pas d'yeux ni d'oreilles visibles, des sortes d'antennes courtes sur le haut du crâne. Elles étaient recouvertes d'écailles leur formant une carapace sur tout le dos. Bien qu'autour de nous, je ne sentais pas un réel danger, une réelle hostilité.
Mon compagnon ne disait plus rien, même plus un soupir. Il n'était qu'un conteur de village, les dangers il savait les écrire et non les vivre. Les bêtes bondirent soudain en partie sur lui. J'aurai voulu le protéger mais une autre partie m'avait déjà couché au sol. Qu'allions nous devenir ? Je ne pouvais plus rien faire, la marche m'avait épuisé autant physiquement que mentalement. Si j'avais eu le temps de prendre mon sable j'aurai pu... Nous étions à leur merci !
" - Nooooooooooooooooon Baron !!! Aide moi !! Ils me... Oh mon dieu !!!"
Les cris de mon compagnon d'infortune m'inquiétaient beaucoup, je tentais alors de me concentrer sur un sort de rejet, quand je sentis mes vêtements se faire totalement déchiqueter. Pourtant sur ma peau je ne sentais rien, comme si leur but était de me mettre à poil. Ma concentration s'est brisée au moment des derniers lambeaux de tissus laissant toute ma virilité à nu.
Et ce fût le premier.. Puis le second... Puis tous se mirent à me lécher de fond en comble. Je compris... Le sel... C'est sûrement leur nourriture... Nous sommes couverte de transpiration et de sel. Voilà pourquoi je ne sentais pas de danger face à eux... Une mauvaise passe, ce n'est qu'une mauvaise passe me disais-je en tentant d'oublier chaque coup de langue.
Toucan fût le premier à être "terminé" et laissé nu dans le sable. Quand ce fût mon tour j'étais bien content de trouver de quoi me changer dans mon vieux sac qui accompagne toutee mes sorties. Égoïstement ou par jeu, je n'avais bien entendu rien pour le Toucan, qu'il se débrouille avec les plus gros morceaux de tissus qu'ils lui ont laissé. Il me dit :
" - C'est... Une ... Aventure... Avec un peu de combat... De compassion... Je peut en tirer une très belle histoire !!!
- N'oublie aucun détail...
- Des détails ? Non je vais tout noter sans aucune erreur !!!
- Dont les quatre proéminences mammaires bleuté de leur femelles..
- Ah ? J'ai pas remarqué ?
- Oui... Prend note pour ces créatures... Les mâles et les femelles ne mangent pas ensemble...
- Oh !! D'accord ! J'en prends bonne note. Donc les femelles mangent de leur côté, les mâles du leur... Tu as eu les femelles... Et ... Je ... Me suis fait... Par les mâles... Donc... Alors il ne s'est rien passé ce soir... Tu sais c'est bien mieux pour ta réputation, aucun combat, rien... Non vraiment autant pas l'écrire ce serait du papier gâché à l'inutile !
- Si tu le dis... Dommage j'aurai bien aimé la lire celle-là...
- Comment ça celle-là ? Tu n'as pas lu toutes les autres ? J'en écris presque une par semaine ! Toutes disponibles dans les meilleurs bibliothèques !
- Pas dans la mienne...
Le soleil se couchait déjà, nous étions debout encore à marcher vers une nouvelle aventure, et pour nous deux, il ne s'était évidement rien passé, une traversée sobre entre compagnons de fortune...
