Les VINDICATRICES
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 Les Nuits de La bête.

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Baroncrapo
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MessageSujet: Les Nuits de La bête.   Les Nuits de La bête. EmptyLun 10 Nov - 17:19

Les chasseurs aguerris vous diront que la chasse est bien plus qu'un simple sport, c'est un art. Mélange de patience, de stratégie et de courage. Bien sûr ils sont surarmer face à des bêtes n'ayant aucune chance de survie, mais ils vous parleront de sécurité face à un danger de tout les instants. Nous sommes à deux nuits de la fêtes des morts, tout le monde le sait et plus personne ne prend garde, il ne se passe plus rien depuis des années, les guerres intestines apportant à elles seules leur lot de sang et de tripes. Ce soir là un groupe de cinq chasseurs partis au soir pour une virée nocturne dans les bois de Comath, ne reviendra pas sinon les pieds devant...

Une Aventure inédite du BaronCrapo : Les Nuits de la bête.


Ah ! L'automne et ses couleurs chatoyantes, les arbres qui prennent leurs habits d'ocre et de jaune, le crépitement des premières feuilles séchées au sol qu'on piétine allègrement au cour d'une marche matinale revigorante. Ce jour là je m'étais décidé à me décoincer les jointures le temps d'une matinée dans les bois de Comath. J'aimais ce calme, cette fraîcheur, cette beauté de la nature. Marcher sur les feuilles, les branches mortes, voir les bouquetins au loin me fuir à vue. Mes yeux s'égaraient là sur un champignon, là sur une pomme de pin, là sur un cadavre...

Ma virée diurne qui se voulait bucolique commença à tourner au cauchemar... Le temps de me remettre de ma découverte, je commençais à regarder le cadavre de plus près. Aucun doute possible sa mort remontait à cette nuit même, des traces de griffes couvraient son corps, des lambeaux de chair, de peau et de ses vêtements s'entremêlaient sur son torse. Des blessures franches, peu de sang autour de lui. Je me rapprochais un peu plus car je ne distinguais pas son visage tourné vers le sol, je pris sa tête en sang et la retournait lentement, malgré la résistance de sa raideur mortuaire, le froid de sa peau bleutée, je parvins sans trop de mal à le mettre face à moi et... Sa bouche était couverte de sang, il avait été édenté... Je décidais de retourner au village le plus proche, il faudrait de l'aide, beaucoup d'aide, car je n'avais de ma vie jamais croisé un seul animal capable de faire de tels dégâts !

Bon nombres de villageois m'accompagnèrent se rendant compte qu'il y avait de fortes chances pour que ce soit un des leurs qui se soit fait attaquer. Une fois sur place, nous découvrions bien plus que ce cadavre... En effet quatre autres corps gisaient de ci de là dans le secteur proche de ma macabre découverte. Certains avaient des membres brisés, d'autres le crâne fendu, mais tous avaient en commun ces innombrables "déchirures" et plus aucunes dents. Ils nous fallut une bonne partie de la journée pour ramener les corps auprès de leurs familles... Des larmes, des cris... Femmes, enfants, ils étaient seuls maintenant. Le soir tombant sonnait l'heure de la battue... "A mort la bête" devenait le leitmotiv d'une troupe de villageois en colère.

L'image de cette femme, son bébé dans les bras agrippant d'une main ferme la dépouille déchiquetée de ce que fût son mari me hantait. Par groupes de trois nous quadrillons les bois. Tout est calme, le silence domine cette nuit sans lune, qu'interrompent parfois quelques chouettes en mal d'amour. Nous progressions à pas lents, torche en avant, scrutant avec minutie chaque buisson, chaque fourré. Soudain un cris mi humain mi bestial déchira la nuit. Il fallait faire vite, tout les groupes se dirigèrent vers le lieu d'où il venait. D'autre cris, d'homme cette fois se firent entendre. L'angoisse montait de plus en plus, mes compagnons le souffle coupé par cette course folle ralentissaient pris par la terreur, des cris encore... Et encore... Ne serions nous pas assez nombreux face à cette... Bête ?

L'air était glacial et j'étais couvert de sueur, nous l'étions tous. Au sol une dizaine de corps de nos compagnons d'infortune gisaient immobiles, leurs torches couchées, laissaient danser leurs ombres sur les arbres alentours. Et sur un rocher... Il était là, deux bon mètre de haut, nous regardant fièrement les pattes couvertes du sang des justes, la bouche coulante de bave et de sang. Et dans sa paume... Une poignée de dents humaines... La bête poussa un cris avant de dire une phrase compréhensible à notre plus grand étonnement :

"- J'ai vos dents... "

Il partit si vite qu'aucun de nous n'eut le temps de voir clairement sa direction, et à vrais dire, personne n'avait ce courage de poursuivre une telle créature. Nous avions là notre lot de mort pour la nuit, sur le retour il fût décidé d'une très grosse battue pour la nuit suivante... La fête des morts sera bien arrosé... Mais ce sera de sang et non d'alcool cette année.

Parfois il est bon de fouiller un peu le passé pour comprendre le présent, cette créature ne sortait pas de nulle part, c'est impossible ! Je partais pour une journée faite de recherche en bibliothèque aux archives... Le sommeil me gagnait au fur et à mesure de mes lectures. Démons, diables, créatures de la nuit, monstres de tout poil allaient visiter mes rêves si je m'endormais. Mes recherches n'avançaient pas...

Le nez dans mes bouquins je fût interrompu par un vieux bonhomme plus poussiéreux encore que mes lectures présentes...

- Ce que vous cherchez, ce n'est pas dans les livres que vous le trouverez. Ce que vous cherchez c'est moi qui le sait !


- Et vous pensez savoir quoi vieil homme ?


- Je ne pense pas ! Je sais ! Dans ma famille on connait bien son histoire à la bête... Elle est de retour... Mon grand père me l'avait dit, il le tenais de son aïeul qui le tenait de son aïeul...

- Qu'essayes tu de me dires ?

- La bête fait sa récolte, des dents pour lui... Le dieu de la nuit, un démon comme le monde n'en a jamais connu ! Il faut l'en empêché... Il ne faut pas qu'il le réveil... C'est pour ce soir, il faut faire vite... Les autres ne m'écoutent pas !!!

- Tes ancêtres savaient-ils quelques chose pour stopper ce monstre ?

Le vieil homme baissa la tête.... Puis me répondit la voix tremblotante :

- Il n'y a qu'une chose pouvant arrêté le récolteur de dents... Lui faire manger des dents humaines...

J'ignorais si je devais lui faire confiance, après tout des vieux qui radotent des inepties c'est assez fréquent dans les villages. Chacun le sien avec ses histoires horrifiantes gâchant les nuit de parents qui rassurent leurs crédules enfants. Je n'avais aucune autre piste, et le soir arrivait plus vite à cause d'une tempête qui se levait annonçant de violentes pluies. J'appris en passant par le cimetière qu'obtenir quelques dents d'un fossoyeur n'est pas spécialement compliqué, quelque pièces d'or et on a notre petit sachet, à croire que c'est courant ce type d'achat, il ne m'a posé aucune question ! La pluie était fine en un flot ininterrompu, j'avais pris une cape et des bottes sombres pour ne faire qu'un avec la nuit. Pas de torche, juste mon bâton et un sachet de dents pour seules armes. mais pourquoi vais-je faire ça ? Courage ou curiosité ? Nous verrons bien une fois sur place, je partis seul dans les bois.

Il avait été décidé de prévenir les villages alentour ainsi que des mercenaires avides d'or et de gloire. Le bruit de leur progression couvrait mes déplacements solitaires. J'avais déjà rejoint le lieu où nous l'avions vu la veille, je voulais repérer d'éventuelles traces et la traquer jusqu'à son repère. Rampant au sol le nez sur les feuilles les mains dans l'humus, je finis par repéré quelques indices, puis enfin un chemin. Elle n'était pas discrète, sûre de sa force face à une poignée d'humains. Il me fallut près d'une heure pour rejoindre une sorte de trou, tailler pour moitié dans la roche et pour l'autre dans le sol. C'était très profond, je n'en voyais pas le bout, la pluie avait rendu le passage glissant. Sur une roche j'aperçus une sorte d'inscription, je n'arrivais pas à tout lire... Seules quelques lettres formaient un mot ou un nom... Rudmoc... Le nom de notre agresseur ? Celui de son dieu ? N'en sachant plus... Je décidais d'entrer.

Comme je m'y attendais ma descente fut plus une folle glissade qu'une habile progression. J'ai du parcourir plus de deux cents mètres avant de pouvoir me relever, je me retrouvais dans une sorte de caverne, une forte odeur de souffre et de putréfaction me prit le nez et les poumons, je mis ma mains devant mon nez et ma bouche. Tout était bien éclairé, des torches sur les murs aux flammes gracieuses donnaient une lumière rouge sur toute la grotte. Le sol... Complètement recouvert d'ossements humains, quelques cadavres encore frais, d'autre en décomposition avancée, et pour la majorité à l'état d'os. Points commun entre tous... plus une seule dent. Je repérais juste en face un petit passage que j'empruntais prestement pour quitter ce lieux et je l'espérais en finir avec la bête.

L'odeur de souffre se faisait plus forte et des sons quasis inaudibles venaient à mes oreilles. J'arrivais enfin dans son antre. Elle était là... Se prosternant devant une immense statue, un chaudron remplit de dents juste devant, et elle chuchotait. Je la regardais mieux, elle semblait presque humaine, malgré sa peau grise et ses mains longues et griffues. Le pire fut son visage que je regardais effrayé quand elle me repéra. Une bouche lui coupant la face en deux, des oreilles plates lui collant au crâne, des yeux globuleux noir comme l'ébène et pas de nez sauf deux trous disgracieux qui se mariaient bien avec l'ensemble en fait.

Me montrant une poignée de dents elle dit :

-J'ai vos dents... Je vais réveiller le maître... Et vous allez tous mourir...

Je ne pu m'empêcher de lui faire un grand sourire, après tout moi aussi j'ai des dents et pas seulement dans ma poche ! elle bondit vers moi la bouche grande ouverte, quelle charmante idée de me faciliter la vie ainsi. J'eus tout juste le temps de vider le sachet de dents dans ma main et de les lui lancer dans son trou béant lui servant de bouche, et d'éviter ses griffes acérées. Elle stoppa sa course attrapant sa gorge a deux pattes plia les genoux au sol et toussa violemment... Puis se releva... Alors deux options s'offraient à moi : Soit je me suis fait arnaquer sur les dent et l'autre pomme m'a refilé des dent de clébards soit c'est ce damné petit vieux qui m'a vraiment raconté une histoire à dormir debout ! Je courrais alors en direction du chaudron, mais elle fût bien plus rapide et me donna un violent coup de griffe déchiquetant vêtement et peau, je saignais fortement, mon ventre me brulait. Elle se dirigea vers moi à pas lent pour savourer sa victoire sur un petit homme sans défense. Je pris une poignée de poudre au sol, sable ou os décomposé qu'en savais-je et je la jetais violemment vers ses yeux et fis mouche. Le temps qu'elle se reprenne en se frottant les yeux, je me dirigeais en rampant de douleur vers le chaudron que j'atteignais un peu tard... Car devant moi...

Les deux bras levé elle s'apprêta à me mettre le coup de grâce, à bout de force, incapable de me concentrer pour utiliser ma magie, j'allais ici, seul finir ma vie, sans dire adieu à toutes celles que j'aimais. Je repensais à toute ma vie sur ces terres, ces bons moments passés avec ma guilde, les combats en forteresse, les banquets entres alliés, les fêtes, la liesse après une grande victoire. Ces petits moments plus intimes dans mon domaine avec mes Vindicatrices, nos petits malheurs et nos grandes joies. Toutes ces rencontres fabuleuses de personnes qui à jamais marqueront ma vie. Je songeais à mon enterrement, la tristesse de mes amies que je laisserais seules, allaient-elles s'en sortir sans moi ! Et mon jardin magnifique qui s'en occupera... Plus je songeais à tout cela et plus je me rendais compte qu'elle en mettais du temps à me frapper ! Je l'observais attentivement, commençant même à me relever. Son corps était fixe comme son regard. Un filet de sang lui coulait de la bouche, puis de ses yeux. Son ventre commença à se gonflé, du sang coula de ses oreilles...

Du mieux que je pu je fis chemin inverse, j'avais perdu beaucoup de sang et j'étais dans l'incapacité de me soigner, et elle qui grossissait à vu d'œil, je voulais être loin avant qu'elle n'explose, un bruit de gargouillis gastrique commença a se faire entendre, je remontais dans la boue pour sortir de la grotte ou je m'étais fourré. Puis... un bruit immonde se fit entendre, l'air se dilata m'expulsant d'un coup de ce tunnel boueux, et toute la caverne s'écroula.

Plusieurs heures s'écoulèrent... C'est un rayon de soleil qui me sortit de mon sommeil. J'étais fourbu, un peu cassé de partout, mais aidé de mon bâton je pu me relever et rentrer chez moi. En chemin je croisais beaucoup de monde, tous à chercher la bête à travers les bois, mais ils ne la croiseront plus maintenant... Est ce que le temps fera son œuvre, l'oubliera-t-on comme on oublia d'écouter un vieil original ? Dans cinq ans, dans dix ans... dans cent ans ! Qui se souviendra encore de la bête du "j'ai vos dents" !
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