Une fleur se fanne...

En cette matinée d'automne satinée de jaune et d'ocre, je récoltais les dernières tomates de mon potager sous un ciel bleu azure que quelque rares nuages venaient entacher de mouton blanc et soyeux. Le domaine était calme, trois jours de fêtes avaient eut raison d'une horde de fêtard qui pourtant avait une lourde réputation dans cette activité. Il leur faudrait trois jours pour récupérer de cette débauche. La cours ne gardait aucune trace de tout cela, juste une tente d'une blancheur éclatante siégeait là comme un ultime vestige d'un évènement inoubliable du passé. Nous n'avions pas vu Tsimmi et son gros ventre, ou très peu, je ne m'en souviens à vrais dire plus trop, il faut avouer que je n'étais pas d'une grande fraîcheur et qu'elle était très fatigué ces jours derniers.

La journée fût reposante, pour une fois rien de prévu, juste le calme... Le midi j'avais pris mon repas seul, tout le monde semblait encore dormir, je me souvenais alors de ce domaine vide de monde à mon arrivée sur ces terres. Je m'étais improvisé un petit pique nique dans les jardins sur un coin d'herbe près des noisetiers. J'ai déjeuné en regardant des écureuils récoltés et stocké en vu d'un hivers difficile. Un petit hibou se perdait sur une branche complètement décaler de notre fête sans heure. Et je poursuivais cette journée de calme par une bonne sieste bercé par le chant des oiseaux puis par les cris de rut de sangliers mal dégrossi et autre brame de cerf à la recherche d'amour fugace autant que furtif pour les plus jeunes d'entre eux.

La fin de journée approchait à grand pas, je décidais de me rendre au cuisine pour une collation chocolaté et tendre. Je demandais au cuisinier tout en dévorant mon gouté ce que Tsimmi avait commandé comme repas, vu son état de santé j'aimais à savoir qu'elle mangeait équilibré et assez pour deux. A mon grand étonnement elle n'avait rien demandé de la journée, je pris sur moi de lui préparé un plateau repas, ça n'allait pas se passé comme ça ! Elle mangera ! Après avoir préparé avec notre marmiton une humble collation à haute valeur nutritive, je me dirigeais à pas lent vers l'aile nord où Tsimmi résidait.

Traverser la cours, pas de souci, franchir des portes, du gâteau, mais les escaliers avec un plateau repas... Je reconnais que j'y allais doucement. Sinon je me prenais un bol de soupe chaude là où faut pas ! Le couloir était sombre, pas un bruit tout le monde dormais paisiblement, je me rendais compte en passant que Tsimmi était bien isolé du reste de la troupe, Jyn n'était pas encore installer ce jour là. En approchant je vis sa porte entre ouverte, je frappais trois petits coups discrets pour ne pas déranger ou tomber sur un moment intime.

La porte sous mes coups s'ouvrit un peut :

"- Tsimmi ? Tu es visible ? C'est Baron, je t'apporte un peu de nourriture tu sais qu'il faut bien mangé !"

Aucune réponse... Un "Tu dors ? " Me semblant hors de propos, je décidais intrigué d'ouvrir un peu plus la porte. Reprenant mon plateau à deux mains, c'est du pied que je poussais pour entrer. Un grincement strident se fit entendre, lent, angoissant, effrayant... Ce son horrible à faire hérisser les poils, semblait parfois humain. Ce son long et pénible ne s'arrêtait plus. La porte s'ouvrait sur un tableau auquel je ne m'attendais pas, une scène d'horreur qui me fit lâcher mon plateau, le bol chut au sol dans un silence de mort, le temps se coinça et je restais là les bras ballants ne sachant que dire et que faire. Tsimmi morte les yeux encore ouvert, son bébé dans un bain de sang entre ses jambes sur le lit...

Il me fallut de la force, pour aller vers elle. Ses membres étaient figés et son visage froid quand je lui fermais les yeux. Je fis redescendre sa robe, non sans un haut de coeur je pris son enfant pour le mettre dans un linge. Repliant ses jambes je lui mis son bébé entre ses bras... qu'ils soient ensemble pour leur dernier voyage, une mère et son fils pour l'infini des temps...

Des décisions difficiles : Choix de la robe, dernière demeure, jour des funérailles... Je n'ai pas eu le temps de la connaître d'avantage. Une amie oui c'est vrais, une amie que je n'ai pas eu le temps d'apprécier, une amie qui me manque pour les milles questions que j'aurais à lui pausé. Le temps me manque cruellement, je dois prévenir sa famille... le père aussi... Et prendre les justes décisions.

Je pris une feuille blanche et débuta un lettre type pour les faire part de décès :

"Bonjour à vous,

Par cette présente j'ai le regret de vous annoncez une tragique nouvelle, la nuit dernière, Tsimmi est décédé lors de son accouchement, le bébé n'a pas survécu. Soyez sûr que tout sera mis en place pour lui rendre un digne hommage.
Les obsèques auront lieux en place du Domaine Vindicatrices, a cette occasion, nul camps ne nous désignera, nous seront tous là, famille et amis rendant un dernier hommage à celle qu'on a aimé, notre Tsimmi.

BaronCrapo, triste Baron des Vindicatrices."

Je reproduisis cette note pour tous ceux dont je devinais l'attachement. Puis une fois cacheté, j'appelais le Maître d'arme pour qu'il les porte en main propre à chaque destinataire. Un simple courrier n'aurait sans doute pas pu arriver en entier dans les lieux où vivaient certain de ses amis.

Les corps avaient été préparé, la douleur de son visage avait cédé la place a une certaine douceur. J'avais gardé la dernière tente de notre fête, et sur une table son cercueil... Elle était belle, son enfant emmitouflé dans un draps pour qu'on ne le distingue pas, j'avais choisi une robe bleu, ça lui allait si bien... Quand tout le monde sera venu lui donné un dernier hommage, j'ai débuté la construction d'un humble mausolée à l'est du domaine, à l'orée des bois... Je veux pouvoir la gardé pas loin de nous...

Tout le monde était enfin réunis, l'ambiance pesante n'étant pas dû pour une fois aux inimitiés héréditaires, mais à la tristesse de tous. Je pris la parole le premier, petite impolitesse du maître des lieux...

"- Merci à tous d'être là, aujourd'hui nous allons dire adieu à Tsimmi, et j'aimerais que ceux qui le souhaite viennent parlé d'elle...
J'ai rencontré Tsimmi peu après mon arrivé sur ces terres, au début elle était surtout mon lien avec une guilde prestigieuse : "les Insoumis". Jeune ambassadrice toujours de bonne humeur, jamais un mot plus haut que l'autre. Au cour du temps, nous sommes devenu des amis, plus besoin de prétexte pour venir ici. Elle était toujours disposé à répondre à mes questions farfelues, toujours avec un sourire... J'ai du mille fois lui demandé de nous rejoindre quand j'appris les difficultés de sa guilde, elle refusa, fidèle à ses idées et convictions, tenant le mieux possible pour les siens. Puis... un jours frappa à ma porte, c'était là... Hier... Pour moi... Tsimmi, Tu n'es pas resté bien longtemps avec nous, mais tu seras à jamais dans nos coeurs... "

Tout le monde pouvait voir des larmes perlé sur mes joues, je n'avais plus la force de les retenir, plus la force de crier...

Quelqu'un veut prendre la parole ?

Je ravala un sanglots et serra plus fort la mains de Dinin, mais yeux valsaient du cercueil à notre Baron et il me semblait que mon cerveau n'arrivait plus vraiment à analyser la situation

Quelqu'un veut prendre la parole ?

Je fit un pas en avant puis me replaca près de Dinin serrant un peu plus sa main. Je ne pouvais pas...il me semblais que si j'ouvrais la bouche, un flot de larme inonderai mon visage...Je resta donc là prostré...

Je compressais mon cœur comme pour retenir les larmes, créant une douleur insupportable à la poitrine, me punissant moi-même de ne pas avoir été là pour mon amie... Nous avions passé peu de temps ensemble, mais nous partagions de nombreuses choses, ces choses qui font que l'on se comprend sans même avoir besoin de se parler, juste un regard aurait suffit. Là où j'ai trouvé la rage, tu as perdu tout espoir et abandonné la vie... Tsimmi, comme j'aurais aimé être là et comme je te comprends alors que je ne sais plus ce qui me retient en vie, quelle force mystérieuse m'impose à rester ici. Et pourtant je la sens proche, la fin, le repos... Tu as dû ressentir la même chose, une flamme qui consume ce cœur dont ils ont trop profité. Notre nature d'Elfe nous rend solide, nous ne connaissons la maladie, mais nous sommes si fragiles sur bien des égards, d'une sensibilité si extrême que seule la folie peut nous sauver de leur abandon, de leur faiblesse, de leur mortalité, eux qui nous volent ce que nous avons de plus précieux et de plus vulnérable.

Lentement je me lève, le regard triste, une fleur dans la main, une fleur que j'ai fait pousser en ton hommage, elle te ressemble, délicate et fragile, un parfum subtile, gracieuse, d'une couleur douce... Je la déposerais au pied de ton mausolée, là je sais qu'elle s'épanouira, elle prendra racine, protégée et guidée par la magie que tu dégage encore et elle recouvrera tout le mausolée, la plante fleurira chaque automne, recouvrant le mausolée de sa teinte claire et douce et tranchant avec les couleurs de l'automne. Et nul autre endroit, ni en nul autre saison nous ne pourrons voir cette fleur, si belle.

Une fleur se fanne... Fleurs142fh2

Une larme tomba sur les pétales, coula jusqu'à son cœur pour y former une gouttelette nacrée. Et enfin, après un long instant de silence, je pris la parole, la voix emplie de tristesse.

J'ai vécu quelques temps avec Tsimmi, au campement des brumes, nous partagions notre temps, toutes deux enceintes et contraintes à rester en sureté. Nous avons partager nos peines et nos souffrances, notre secret aussi. C'est ensemble que nous avons annoncé les naissances, et c'est ensemble que nous aurions dû accoucher, mais nos chemins se sont séparés... Peu de temps car ils ont vite retrouver la même allure, une sombre allure. Plus je la vois, et plus je me dis que j'aurais pu être dans cette tombe aujourd'hui. Pendant tous ces instants, tu étais la plus forte, ne perdant jamais espoir, et pourtant j'ai survécu à cette peine immense. La peine nous a longtemps terrassé et aura fini par avoir raison de toi, si tu savais comme je comprends ta douleur et ton choix. Personne ne pourrait mieux comprendre...

Je sais que tu es bien où tu es maintenant, loin de toute souffrance. Je te remercie d'avoir été là, je te remercie pour tout et cette fleur est pour toi, Tsimmi.

» Vilmia, une si jolie fleur.