De la neige, du vent et du gèle. Aussi loin que je puisse remonter dans ma mémoire, je ne me rappelle pas d’un tel hiver. Qu`est-ce qui m’as donné envie de m’aventurer hors de la demeure en un temps pareil? Depuis un bon moment, ma vue c’est brouillé. Je ne sais même pas s’il fait jour ou nuit, d’ailleurs avec un temps pareil le soleil n’est plus qu’une forme dans le ciel.
Soudain un sol en marbre familier apparait devant mes yeux. Au milieu quelqu'un a déposé un petit sac sur une colonne. C’est une récompense pour mon temps et mon savoir. Mais moi je ne veux pas de récompenses mais des réponses. Avec un pas rapide et décidé, je m’approche du centre et je touche les objets qui se trouvent sur la colonne...
Ce n'était plus ce vide de la dernière fois, maintenant ce lieu ressemble à une chambre. Au milieu flotte une boule blanche et lumineuse qui me rappelle celles que les femmes bohémiennes utilisent pour faire des voyances.
- Où suis-je? -
mais aucun symbole n`apparait devant mes yeux. J’essaie de répéter la même question à voix haute, mais je ne peux sortir un seul son de ma bouche. Je veux regarder tout autour de la chambre, mais à chaque fois que je fais un pas vers l'un des murs, ils semblent s'éloigner au lieu du contraire.
Je n’ai plus de choix, furieuse je m’approche de la boule pour essayer de la casser, après quoi je constate avec un grand étonnement que ma main passe tout simplement au travers de la sphère. Frustrée, je m’assois par terre et c'est à ce moment-là que la boule atterri doucement sur mes genoux. La lueur claire attire toute mon attention, j’ai l`impression de voir une sorte d`images dans ces luminosités. J’ai plissé mes yeux et... c'est comme si quelque chose se dirigeait vers moi avec une vitesse fulgurante.
Je me vois pendant une embuscade organisée par des royalistes. Ils avaient un espion parmi les habitants de mon cartel. L`un des assaillants devait me prendre par surprise et me tuer, mais une branche sur laquelle il a marché m’a sauvé la vie. D`autres images me parviennes devant les yeux, mon enfance, ma famille, ma transformation...
- Je vous ai bien dit qu'elle allait apprendre. - Une étrange voix a retenti dans mon esprit.
-Silence! - l'a réprimandée une deuxième voix.
Je reviens aux images venant de la sphère qui viennent d`un courant constant et qui se mélangent. J’ai l`impression de regarder dix, vingt, cent films en même temps.
C'est le noir. Je me lève de la terre, J’ai dû perdre connaissance.
J’ai tournée à nouveau vers la sphère, mais ce n`était plus des images de ma vie que je voyais. Je vois la demeure des Vindicatrices… mais il me semble qu’elle n’est pas tout à fait comme aujourd'hui.
Là-bas, au fond, est-ce la mer...? Je me concentre et l`image suit ma volonté. Je vois Dinin qui joue avec un enfant. Il semble que le petit me fixe des yeux. Il tend sa petite main vers moi et dit - Maman.
- Oui, maman est là-bas... répond Dinin, la tristesse et la souffrance se font entendre dans sa voix.
- Regardez, cette Chose ressent des émotions - a dit la voix féminine que j’avais entendue auparavant.
Les images suivantes arrivent, les quelques dernières années apparaissent devant mes yeux. Les premiers pas, le premier cheval, les premières chasses.
Soudain une incompréhensible inquiétude s'installe. Je me concentres pour repérer l'image liée à ce pressentiment. Le garçon ou plutôt le jeune homme suit des traces d'animal. Mais ce n`est pas ce que m'inquiète. Je concentre tous mes sens et j'apercois des exilés qui suivent les mêmes traces.
Ils n'ont pas encore aperçu le garçon, mais encore un peu et ils vont tous se heurter. Si c'est le cas, le jeune homme va mourir.
Je reviens avec le regard vers le jeune homme, J’essaie de crier, de le prévenir du danger. Pendant un moment il a hésité comme s'il tendait son oreille, mais finalement il a hoché la tête et repris sont chemin en niant mon existence.
Je vois la mort qui se penche sur la vie de mon enfant, encore cinq pas et il arrivera au sommet de la colline, là où le chasseur deviendra lui-même une proie. Encore quatre pas, je sens la peur et la frustration qui monte de plus en plus. Plus que trois pas... deux... je sens mon sang qui bouillonne dans mes veines. J’ai l’impression que je me matérialise dans un nouveau lieu. J’attrape le jeune homme par les bras et je le plaque contre le sol.
- Chuuuut !!! –
lui dis-je à l’oreille. L`un des exilés s’est arrêtée et regarde vers notre direction comme si il pouvait presque nous voir, puis il reprend son chemin vers la proie d`origine.
- Qui est-tu?
- Emmenez-la de là-bas! Renvoyez-la! - cria la femme.
Je voulais dire quelque chose, mais j’ai senti qu’une énorme force m'arrachait de ce monde pour me renvoyer dans le vide.
Lorsque je repris connaissance je me trouve de nouveau au centre du bon vieux cercle en marbre. Il semble que mes "hôtes" ont trouvé en moi plus que ce qu’ils ne s'attendaient.
