J'émergeais d'un long sommeil réparateur, la journée a été éprouvante hier. En sortant de mon lit de, je décidais d'aller faire quelques provisions en chassant dans la montagne. Ma chambre m'a coûtée déjà bien assez cher, pas la peine de dépenser ce qu'il reste en nourriture, alors que je peux trouver ce dont j'ai besoin dehors.
Il était très tôt, le soleil allait se lever d'ici quelques instants. Une douce brise caressait la cime des arbres et transformait la prairie devant moi en un vaste océan de verdure, je m'attardais un instant pour contempler ce magnifique paysage.
Je me dirigeait vers la montagne pour chasser de la viande de bouquetin ainsi que leur peau, qui vaut une petite fortune ça me permettra au moins de payer l'aubergiste, Gonk qui loue ses lits miteux à prix d'or.J'empoignais mon épée en vérifiant l'état de mon bouclier qui a enduré pas mal de choses depuis le temps, mais fort heureusement, celui ci n'es pas en trop mauvais état.
Je me déplaçais lentement en faisant le moins de bruit possible, voir rôder des brigands dans les parages n'était pas rare et je n'avais en aucun cas l'envie de me mesurer à ce genre de personnage ...
Arrivant à l'endroit où l'on peut trouver de nombreux bouquetins, je fus surpris d'entendre beaucoup de bruit, avançant prudemment, je regardais qui pouvait bien se trouver ici par une heure aussi matinale et surtout, si ces personnes m'étaient hostiles ou non ... Il y avait plusieurs personnes combattant contre de grand animaux, plusieurs portaient de grandes toges, sans doute des moines prodiguant soins et bénédictions aux autres. Je fus soulagé de voir que parmi eux se trouvait un grand guerrier tout de vert vêtu : le signe de sa loyauté envers notre guide : Zélandra.
Convaincu qu'ils ne m'attaqueraient pas, je sortais de mon poste d'observation pour me diriger vers le groupe, en faisant tout de même mon possible pour les inciter à la confiance : je rangeais mes armes et avança doucement vers eux. Je me présentais humblement à cette petite troupe et leur demanda si je pouvais participer à leur chasse.
Ils acceptèrent et toute la matinée fut consacrée à la traque et à la mise à mort de ces fameux bouquetins. Une fois nos sacs remplis du fruit de notre labeur, nous nous asseyèrent autour d'un feu où nous faisâmes griller de la viande pour notre repas. Il devait être aux alentours de midi, le soleil commençait à nous chauffer la peau mais une petite brise qui s'était levée depuis peu, rendait la situation fort agréable.
Durant notre repas, nous discutâmes de tout et de rien, lorsque soudain, des bruits de pas lourds se firent entendre, sur le chemin, se dessinait peu à peu la silhouette d'un homme vêtu d'une peau de bête. A vu d'œil, il ne paraissait pas très imposant, c'était plus son immense hache qu'il tenait à deux main qui nous fit nous mettre en garde. Était-ce un brigand ? Je n'eus pas l'occasion de m'étendre sur cette question car à cet instant, le guerrier n'était déjà plus très loin de nous et on pouvais discerner très clairement sa cape bleu qui virevoltait sous l'action de la douce brise ... un exilé !
Sans nous poser de question, notre groupe se mis en position défensive, pour parer à une éventualité d'attaque. Le temps se figea durant quelques instants, l'exilé se tenait à a peine quelques mètres de nous et nous toisa de son regard torve. Puis, il rugit tel un animal enragé, ce qui nous confirma son intention ... il allait attaquer.
Sans plus attendre, il se jeta sur nous pour briser notre formation, mais les guerriers avec qui je partageais cette infortune, étaient bien aguerris pour la plupart, et nous repoussâmes l'attaque assez facilement. L'exilé pris d'une fureur sans précédant nous attaqua sans relâche durant un moment qui sembla durer une éternité. Il ne semblait pas affecté par la fatigue, mais nous, nous commencions à en sentir les effets. Il ne fallu pas longtemps à notre ennemis pour faire tomber l'un des nôtres sous le poids de sa terrible hache.
Esquissant un rictus victorieux, il para sans difficultés nos attaques, son agilité était impressionnante. Les uns après les autres, mes camarades d'infortune tombèrent au champ d'honneur. Si bien, que très vite, il ne resta plus qu'une moniale ainsi que moi même. La situation était désespérée, aucune fuite n'était possible, cet homme là devait courir au moins deux fois plus vite que moi, et je ne suis pas du genre à laisser une personne -moniale de surcroit- seul face à une mort certaine. Je tenta donc quelque chose d'osé mais qui pourrais nous sauver la vie : blesser cette brute à la jambe pour qu'il ne puisse plus nous courir après, ou tout du moins, que la moniale puisse s'en sortir vivante.
Je fonça donc sur le guerrier, sûr de lui, je pouvais voir son sourire hautain avant de frapper. Mon coup le taillada au niveau de sa cuisse, mais la frappe n'eus pas le temps de finir sa course destructrice dans la chaire de ce monstre, que je vis sa hache s'abattre sur moi : un flash lumineux me troubla la vue quelques instants : mon précieux bouclier vola en éclat et je fus projeté sur une petite distance pour finir par terre. Je voulu me relever mais je remarquais avec stupeur que mon bras gauche ne m'obéissait plus, sans doute brisé par la puissance du choc. La moniale m'aida à me relever, quand l'exilé marcha dans notre direction, il s'arrêta net en grimaçant de douleur, sa rage avait due s'estomper et il ressentait maintenant les effets de la douleur. Je le vis sortir une potion -sans doute magique- de sa sacoche, quand nous nous mires à courir en direction de la forteresse carteloise pour y demander de l'aide. La moniale, essoufflée s'arrêta un instant je me retournais pour voir ce qu'il se passait : quand je vis un homme courir dans sa direction : encore lui !
Éreinté par la course que je venais de faire, je craignais d'arriver trop tard pour pouvoir tenter quoi que ce soit, tentant d'oublier ma douleur, je couru aussi vite que possible, j'arrivais au niveau de la moniale en même temps que lui, tentant le tout pour le tout, je lui assénai un coup d'estoc avec ce qu'il me restai de force. Je n'étais décemment pas assez rapide pour le toucher, mais je devais me battre jusqu'au bout, c'est alors que, me voyant préparer mon attaque, il saisit la moniale pour la placer entre mon épée et lui ... mais j'avais déjà amorcé mon attaque, je ne pouvais plus reculer, je cru voir mon action au ralenti sans pouvoir la stopper ... ma lame s'enfonça dans le corps de la moniale sa toge qui était d'un blanc immaculé, commença doucement à prendre une teinte rouge au niveau de sa blessure, puis peu à peu, s'étendre sur tout son habit. Elle me regardais avec stupeur, ne comprenant pas plus que moi ce que j'avais fait ... elle avait l'air d'implorer mon aide, comme si je n'était pas responsable. Puis son regard se voila ... elle rendis son dernier soupir et s'effondra par terre.
Je regardais impuissant, les yeux écarquillés, ma lame et mes mains couvert de son sang encore chaud. Je m'éffondrais à genoux, trop perdu dans mes pensés pour entendre l'exilé rire, satisfait de sa manœuvre, trop intrigué pour penser à me sauver ou à craindre pour ma vie. La mort aurait pu venir me prendre, je ne l'aurais même pas vu venir, elle aurait surement été bien plus douce que le tourment que je subissais. Je levais les yeux au ciel en attendant ma fin arriver, le ciel était d'un bleu si pur qu'on eu dis du cristal.
Je perçus un sifflement de l'air, pensant que c'était la hache qui s'abattait sur moi, je fermai les yeux, pensant que ma dernière heure avait sonnée. Mais un grognement rauque s'en suivit, je regardai ahuri, l'exilé partir en courant, une flèche fichée dans son bras droit. C'est peu de temps après que je compris ce qu'il s'était passé : un petit groupe de cartelois avaient vu la scène du combat et s'étaient rapprochés pour voir ce qu'il en était. Trop abasourdi et rongé par la culpabilité par ce qui venait de m'arriver, je les remercia à peine et partis en direction de la halte de Gonk pour me soigner et réfléchir à ce qui venait de se produire. Mais éreinté par mon périple d'aujourd'hui, je m'endormis une fois dans ma chambre.
A mon réveil, je pensais (ou plutôt j'espérais) que tout ça n'était qu'un mauvais rêve, mais la douleur à mon bras gauche ainsi que mon épée ensanglantée me rappela cruellement la triste vérité : hier je suis devenu un assassin, j'ai tué un cartelois, et je savais que je ne me le pardonnerais jamais. Je n'oublierais jamais son regard implorant mon aide, jamais ...
J'aurais tellement préféré que ça ne soit qu'un rêve ...