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 Il pleut.

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Niniel
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Niniel


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Feuille du skyzophrène
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MessageSujet: Il pleut.   Il pleut. EmptySam 25 Avr - 14:34

Musique

Elle glisse, coule, serpente entre deux feuilles en décomposition, le long d'une racine desséchée par l'air. Elle est déviée par un affreux vers faisant une apparition, elle prend un nouveau chemin sur cette surface rugueuse déclinant toutes les nuances du marron, puis elle touche une chose nouvelle, elle ralentie, en pente douce sur cette étrange surface blanche et lisse, elle choisit un des chemins qui s'offrent à elle, suivant son instinct, elle suit la nouvelle courbe que prend son support, surmontant creux et bosses jusqu'à ce qu'elle perle à son extrémité, un éclat de lumière la fait briller un court instant, révélant par la même nombre de formes inquiétantes. Peu à peu le lien qui la relit au bout étrange et blanc s'amenuise, elle pend au dessus du vide, retenue plus que par une seule et unique molécule...

Il pleut.
Le tonnerre résonne, il n'est qu'un bruit de fond au cœur d'un brouhaha incessant, rien de plus.
Une robe déchirée traine dans la boue, son ancienne couleur apparaît encore en de rares endroits. Retombant sur le sol, elle laisse se dévoiler deux fines cuisses sur lesquelles les gouttes d'eau déposent une couche noirâtre, au bouts des cuisses, deux mollets croisés, le tout joint par de fin genoux, la peau d'une pâleur extrême est presque entièrement dissimulée par une couche de terre et de saleté, ils s'enfoncent dans le sol humide, ne laissant que peu apparaître les pieds. Autour d'eux des bras se croisent et une importante masse de cheveux noir jais vient à recouvrir le doux mais désespéré visage qui s'enfouit et se cache. La masse noire dégouline sur la peau encore blanche et luisante, se colle contre l'épiderme formant de nombreux et petits serpents noirs, s'étend sur les épaules comme un rideau d'ombre.
Mais elle n'est pas seule entre la terre humide et la pluie, dans ce milieu glauque et suintant la mort, on peut parfois entendre un rat circulé à toute pompe contre la paroi comme si sa vie en dépendait puis s'enfuir par un trou, un bout de chair entre ses longues dents. Et il y aussi les cadavres, l'odeur de leur décomposition, de leur mort qui la pousse dans ses derniers retranchements... A elle...
Qui est-elle, cette autre ? Celle qui gémit et parle toute seule, celle qui a perdu tout contact avec la réalité, toute notion de temps. Elle est d'une maigreur... Pourtant ce visage, ces grands yeux verts, cette peau de porcelaine, ces cheveux noirs... Ce sont encore les miens, je m'y reconnais. Je ne suis qu'un monstre, une erreur.

Je n'ai pas froid.
Encore un autre qui atterrit là, mais celui-là, il gémit encore, il agonise tout en tenant toujours à la vie, une faible lueur d'espoir le maintient encore. Et il saigne. Pauvre de lui... Le liquide rouge et chaud s'écoule depuis son buste, je l'imagine, je le sens, je le ressens...
Il m'enivre.
Je me retourne soudainement et félinement, plongeant mon regard dans le sien, un éclair rend mon allure encore plus effrayante, comme un tigre prêt à bondir mais si proche du mort-vivant par l'apparence. Je m'approche à quatre pattes de lui, le regard fou, passant une jambe par dessus lui, je me penche au dessus de son torse, soulevant ce qui reste de sa chemise, je lèche la plaie comme un loup affamé, il se tait. Et puis je remonte vers son visage, je lui souris, comme un ange, il me rend mon sourire, emplit d'espoir. Alors, je me penche vers sa gorge et le mord, aspirant et buvant son sang sans qu'il puisse se défendre, il hurle et je ne l'en empêche pas, j'aime ces cris, ils m'exaltent. Et puis le silence revient, sa tête tombe lourdement et le liquide chaud au parfum si particulier ne vient plus, je reprends ma place, recouverte de son sang, rassasiée.
Il n'est pas le premier, ni le dernier. Je ne suis ni un vampire, ni un cannibale.
Boire ce sang m'aliène, je crois.

Je ne suis pas seule.
Non, je ne parle pas des rats, mais d'un démon, il est là, toujours là, mon démon, mon compagnon. Il me rend folle, son rire, je ne le supporte plus, je ne peux plus l'entendre. Il tourne autour de moi, sans cesse. J'ai arrêté de lui prêter attention et de l'écouter. Pourtant je sais que Priëm n'en démordra pas et qu'elle continuera à me torturer pour l'éternité, mais, cela n'a plus d'importance désormais. Je l'entends courir autour de moi, j'entends le craquement des os sous ses pieds, les crânes qui se fendent, les squelettes qui s'enfoncent dans le sol, la chaire qui se déchire...
Elle s'amuse à changer de forme, pour me tromper, je le sais, et pourtant... Vraisemblablement je me fais encore prendre à son petit jeu, tantôt elle a son apparence que je connais le mieux, une petite femme noire au regard effrayant et sadique, toujours sale, tantôt elle prend cette image hideuse d'une petite fille à la bouche cousue, mais surtout elle s'amuse à prendre celle de mes proches... Ils y sont tous passés... Speaker, Catelyn, Kerida, mon fils Aranel, le guerrier-chat, Pépé, Ace...


...

« Ackeros ? Ackeros ?

Ackeros, où étais-tu ? Je t'ai cherché partout ! Toi et Kerida...
Sans vous tout a perdu son sens, la vie comme la mort.
Et dis moi que tu es avec Catelyn, elle auss... »


Bien sûr elle rit.
Toujours elle rit.
Elle m'a eu, elle me connait trop bien.
Elle sait me prendre par les sentiments...
Et c'est toujours trop tard que je m'en aperçois.
C'est encore plus amusant que de s'emparer des rêves, semble-t-il...

« Que crois-tu, Niniel, petite elfe... Que tu pourrais être allié avec un démon ? Un démon ne connait pas l'amitié, un démon ne connait pas la loyauté...
Il ne connait que le chaos et ses propres désirs.
Pauvre enfant... »


Le mince filet se déchire et elle tombe, pour se perdre dans les profondeurs du vide... Ou au centre d'une masse noire, juste là, où la peau se dévoile un peu.
Et je me réveille, en sursaut.
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